la fille du feu. (jamian#1)

- - de petite flamme ne vient grande lumière. (@jamie monroe)

Éprouvé, fatigué, agacé, énervé. Tels étaient les mots d’esprit qui me venait en tête quand on me demandait comment ça allait ces derniers temps. À quoi bon mentir, autant dire la vérité non? Depuis le divorce, plus rien ne va. La maison dans laquelle j’habite m’en fait voir de toutes les couleurs, entre inondation, fuite, et panne de courant bien trop fréquente en plein hiver. Autant vous dire que cela n’aide pas en ma bonne humeur, j’ai toujours été un vrai ronchon de toute façon et ça ne risque pas de changer, croyez-moi. La garde d’hier soir a été plutôt éprouvante, je vous l’ai dit, c’est bien le mot de ma vie en ce moment de toute façon. Un accident grave sur l’autoroute, une noyade d’un môme que la mère ne surveillait pas dans la baignoire. Ce métier nous oblige vraiment à nous dépasser pour ne pas tomber en dépression nerveuse à cause de l’être humain visiblement trop inconscient. On en voit des vertes et des pas mûres pendant les gardes, c’est à chaque fois une surprise. Malgré tout, c’est ce qui me plaît dans ce boulot. Côtoyer les hommes dans des moments difficiles, leur sauver la vie, ou juste simplement aider à oublier la mort des proches. J’ai parfois l’impression d’être un psy, je vous jure. Il y a systématiquement un évènement qui me marque à chaque garde, et hier soir, c’est cette blonde. Un appel pour incendie de maison, ou du moins début d’incendie. On nous demande de nous dépêcher car une personne se trouve à l’intérieur. C’est ce qu’on fait, et quelle ne fut pas ma surprise quand je découvre cette femme déjà venue un peu plus tôt demander le code wifi au café d’Adrian. Totalement bourrée, voilà ce qu’elle était, inconsciente d’elle-même et du danger. Quelle idée de cuisiner quand on a 2g dans le sang. Quand je vous disais que les humains étaient inconscients. Malgré tout, l’incendie a pu être maîtrisé et j’ai pu rentrer directement chez moi après cela puisque c’était la fin de ma garde.

Une bonne nuit de sommeil, et me voici sur pieds. Je suis de repos aujourd’hui et c’est pas plus mal finalement, j’en ai bien besoin. J’ai prévu d’aider Adrian au bar, alors je me prépare rapidement avant de le rejoindre pour l’aider avec ses clients. Il y a du monde en ce moment et il songe sérieusement à embaucher une personne de plus pour l’aider. Trois serveurs, deux barmans, ce n’est vraiment pas assez et je ne peux pas l’aider éternellement. Même si il sait que je ne l’abandonnerai pas. La journée se déroule tranquillement et pensif, je n’arrête pas de penser à ma garde d’hier soir et à ce foutu incendie. Enfin, à cette femme plutôt. Si elle boit, c’est qu’elle ne doit pas être dans un bon état et j’ai besoin de m’assurer qu’elle aille bien après tout ça. Ça reste assez traumatisant un épisode pareil. Je donne une accolade à mon jumeau en fin de journée avant de partir pour me diriger tout droit en moto vers la maison de Jamie, ou du moins ce qu’il en reste. J’espère sincèrement qu’elle n’a pas inhalé trop de fumée hier soir. En arrivant, je gare ma moto sur le trottoir et m’avance vers la porte avant de tambouriner. Un peu trop fort, ça claque. L’habitude. Quand la blonde apparaît face à moi, je lui offre un léger sourire. Mais vraiment léger. « Salut. Je voulais m’assurer que vous alliez bien, et vérifier la cuisine. Son état. » Je me racle un peu la gorge, il faut qu’elle m’invite à rentrer. J’espère juste que je ne lui ai pas fait peur.

@jamie monroe je met en forme après

- - j’étais prête à tourner la page mais c’est la page qui ne veut pas se tourner. (@bastian millford)

La vie pouvait être un calvaire, ne demandez pas à Jamie ce qu’elle en pense, sa vie n’est pas un modèle de perfection en ce moment. C’était le bordel, un carnage sans nom. Elle ouvre les yeux avec une certaine difficulté, tentant de se rappeler de ce qui s’est passé hier, elle se rappelle le feu, la bouteille de vin, le pompier. Pompier qui est le sauveur du bar. Les larmes tard le soir, qui l’ont empêchée de dormir, la douleur dans sa poitrine, la sensation du cœur qui est brisé, irréparable, c’était un de ces soirs où elle aurait préféré partir, le rejoindre, au lieu d’être là alors que lui n’y est plus. Une année et demi, dix-huit mois et la douleur ne passe pas. Elle a cru que ça s’était estompé mais elle s’est rendue compte que non. C’est, avec les yeux gonflés, qu’elle se réveille, un mal de crâne soudain, une sensation de honte, de la haine envers sa propre personne. Aujourd’hui sera une journée triste, remplie de larmes. Installée dans son petit coin, face à la cheminée, au chaud, alors que les travailleurs qu’elle a engagés sont en train de faire la liste des dégâts à réparer ainsi que le devis. Jamie n’a pas mangé, elle a l’estomac retourné. Elle s’endort de temps à autre, voyant les passer d’un à l’autre sur Netflix, entre chaque moments d’assoupissement. La journée passe, le soleil se couche, la jeune femme décide de se faire couler un bain pour se détendre, mais elle évitera les bougies, n’ayant aucune confiance en sa propre personne. Elle a passé la journée à pleurer, à dormir, évitant les repas. La jeune femme ne se sent pas elle-même, elle est fatiguée, à bout de forces, elle lutte pour ne pas tomber endormie une énième fois. L’eau chaude et la sensation de se sentir reposée sur le moment n’aident pas. La jeune femme se sent partir, sur le moment elle se sent bien, la musique ambiante la détend. Elle se repose, elle se sent bien, jusqu’à ce qu’elle entende quelqu’un frapper à la porte. Elle soupire, sortant difficilement de son bain afin d’aller ouvrir la porte. Ses cheveux sont attachés en un messy bun, des mèches retombent sur les côtés, laissant donc des cheveux encadrer son visage fin, dont les signes de fatigues et de pleurs semblent y avoir pris racines. Elle attrape son peignoir qu’elle passe autour d’elle, quelle drôle de dégaine pour aller ouvrir la porte. C’est alors qu’elle se retrouve face au pompier de la veille, le barman de la semaine d’avant. Il lui sourit et lui annonce d’emblée qu’il voulait s’assurer qu’elle allait bien, ainsi que la cuisine. Du moins, ce qu’il en reste. Bonsoir. Elle répond faiblement, n’arrivant même pas à sourire. La soirée d’hier a été un enfer, trois verres de vin et une maladresse plus tard, la cuisine était en feu. Elle s’en voulait énormément et elle était prise d’un certain sentiment de honte, surtout sur le moment, se retrouvant face à lui. Entrez, il fait froid dehors. Jamie bouge un peu, le temps de laisser rentrer Bastian. Elle a réellement froid, le peignoir n’aide pas. Les ouvriers sont passés ce matin, je ne voulais pas faire traîner ça trop longtemps. Elle ne parle même pas d’elle, elle ne va pas bien, ça se voit clairement. Il finit par rentrer dans la maison et elle referme la porte derrière lui. Avant de se retourner pour regarder dans la direction de l’homme qui lui a sauvé la vie, deux fois déjà. Et de finalement baisser le regard sur le sol, trop honteuse de la situation dans laquelle elle semble s’être mise la veille.

J’ai toujours été un bon gars. Ça semble étrange dit comme ça, mais je vous le jure, j’ai jamais eu un fond mauvais. Je suis peut-être un peu con quand je m’y met, mais j’aime prendre soin des gens. Leur sauver la vie. Je ne suis pas vraiment pompier pour rien, faut se l’avouer. C’est un métier que j’apprécie vraiment, même si j’aurai préféré finir dans les forces de l’ordre ou ce genre de chose. Mais je ne m’en plains pas vraiment, c’est ainsi et la première décision est souvent la bonne. Enfin pour ce genre de chose du moins, certainement pas avec les femmes, pas pour moi. Foutu idiot. Je soupire légèrement en y pensant alors que je me rend chez une femme, encore. Mais pas n’importe laquelle, et certainement pas avec les mêmes intentions. Elle a eu un incendie chez elle, trop pompette pour cuisiner correctement. Autant dire que je n’ai pas envie de m’attacher à ce genre de personne, mais pour autant, je suis plutôt inquiet et j’ai besoin de m’assurer qu’elle aille bien. Elle habite à côté de chez moi, ça ne devrait pas être très long. Quand elle m’ouvre la porte, je suis d’abord surpris de la voir dans cet état-là. Elle est en peignoir, et plutôt mal en point si vous voulez savoir. La jeune blonde me permet d’entrer et je n’attend pas plus longtemps avant de le faire, elle a bien raison, il fait froid dehors. J’écoute ce qu’elle me raconte concernant les ouvriers et j’hoche la tête. hum, visiblement encore capable de prendre des bonnes décisions. Je lui adresse un léger sourire avant de retirer mon manteau d’hiver de moto et mes gants. « Tant mieux pour la cuisine. Je connais du monde si jamais vous avez besoin. » Je regarde un peu autour de moi, tout est en place. Elle mesure pas sa chance de ne pas avoir vu sa maison partir en fumée, nous sommes vraiment arrivés au bon moment et ça relève presque du miracle. Sa maison ne m’inquiète plus, elle en revanche, c’est autre chose. Elle a le teint pâle, les yeux dans le vide. C’est le cas de le dire, elle ne me regarde même pas et se contente de fixer le sol. « Bastian, enchanté, et vous… Mme Monroe. Si je me souviens bien, c’est ça. Sympa comme nom. » Je ris un peu pour détendre l’atmosphère. Je m’en souvient très bien de son nom, ça m’a marqué et puis c’est marqué sur la boite aux lettres quand on arrive en plus. « Vous vous sentez bien? Vous avez l’air assez faible, vous avez pu manger? » Il fronce un peu les sourcils puis se souvient que la cuisine a pris feu. Quel idiot. Bien sûr que non elle n’a pas mangé, à moins qu’elle ait commandé quelque chose. Ou qu’elle ait quelqu’un. « Con comme question. Vous avez pu vous commander quelque chose? À moins que quelqu’un ne vous ait invité à manger. Vous devez prendre des forces. Vous avez l’air d’une hirondelle, là. » Très drôle, Bastian. Je souris légèrement. Elle m’inquiète clairement, elle a pas l’air bien. Limite en dépression, je vous jure.

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Cela avait été un véritable désastre. Sa maladresse avait mis sa vie en danger. Jamie avait déjà cuisiné après avoir bu et ce genre d’expérience n’avait jamais été terminé par un évènement d’une telle ampleur.  Donc oui, elle se sentait honteuse. C’était trois malheureux petits verres de vin, pas trois bouteilles. Et elle avait réussi à laisser trainer son essuie vaisselle trop près du feu, il s’était immédiatement embrasé avant de répandre le feu à peut-près partout dans la pièce, elle s’était retrouvée là, à visionner l’ampleur des dégâts sans savoir quoi faire. Jamie avait alors appelé les pompiers et la caserne de Toronto Island, se trouvant pas trop loin, avait permis de ne pas trop endommager, elle avait toujours un toit sur la tête. Elle était épargnée mais il faudrait faire réparer tout ce qui était parti au feu. Tout ça pour un putain d’essuie vaisselle, mais quelle conne quand même. On vous l’a déjà faite celle-là ? Un incendie à cause d’un bout de chiffon qui prend feu? Au fond, Jamie espérait qu’il lui dirait que oui. De cette manière, elle se sentirait moins bête. Mais elle n’avait la tête à rien, la blonde. Elle était submergée par ses sentiments, par sa tristesse, son cœur brisé. Il lui dit qu’il connaissait des gens si elle avait besoin, elle se contenta de sourire bêtement avant de le remercier. Son regard est baissé sur ses chaussons d’intérieur, dont la couleur est parfaitement accordée à son peignoir. Il s’appelle Bastian et il se souvient de son nom de famille. Elle relève son regard vers lui, prête à se présenter, il serait un peu temps. En effet, vous pouvez m’appeler Jamie ! C’est la troisième fois qu’on se voit et je me suis même pas présentée, je suis désolé, pardonnez ma politesse. A présent, son regard est fixé sur lui. A chaque fois qu’il l’a vue, elle avait bu un verre, c’est dire à quel point sa vie va mal. La première fois, au bar, quand elle est apparue, à la recherche de wifi. Hier, lorsque sa cuisine a pris feu. Il lui demande si elle se sent bien et à ce moment très précis, un petit rictus s’élève dans le silence. Elle a l’air faible, c’est le cas de le dire. A-t-elle mangé ? Non. Il se rend compte par la suite que sa question était conne, en effet. Cela l’amuse légèrement, même si elle n’a pas le cœur à rire. Un léger sourire se dessine sur son visage, elle n’est plus habituée à avoir quelqu’un qui semble s’inquiéter pour elle, elle compte donc le rassurer et changer de sujet, elle n’a pas envie de se lancer dans ses états d’âme. Surtout pas avouer à un inconnu (aussi canon soit-il) qu’elle a perdu son mari il y’a un an et demi et qu’elle le vit très mal. Ne vous inquiétez pas, tout vas bien. Je traverse juste une mauvaise période, ça ira mieux demain. Vous savez ce qu’on dit : il y’a des jours avec et des jours sans! Hier était un jour sans. Aujourd’hui l’est également. Jamie n’aime pas inquiéter les gens surtout sans raison. N’hésitez pas à vous asseoir, je suis désolé c’est un peu en vrac… Vous voulez boire quelque chose ? En vrac c’était encore son légendaire coin repos, celui en face de la cheminée, sur la moquette où trainaient des coussins et un plaid, son petit coin bien-être, au chaud, où elle tombait endormie après une longue journée. En dehors de ça et de la cuisine, tout semblait parfait. Tout était même très propre en réalité. Parce qu’elle est un peu perfectionniste la Jamie. Si Marcus avait été là, il aurait rigolé de la situation, elle le savait parfaitement.

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Il n’y avait jamais d’incendie idiot. C’est ce qu’on essayait de dire aux victimes qui pouvaient parfois se sentir idiotes, il suffit d’un rien pour faire un début de feu. Dans ma carrière, j’ai vu tellement de cas que ce n’est certainement pas un torchon qui est la chose la plus idiote, et ce n’est pas la première fois que ça arrive. La blonde se sent débile, ce qui n’est pas étonnant mais après tout, elle a raison. On traine un essuie vaisselle trop prêt et bam, ça fait tomber une maison en cendre. « Croyez-moi, j’ai vu pire. Comme quelqu’un qui met de l’aluminium dans un grille pain pour réchauffer du poisson. Je vous jure, un chiffon qui prend feu, c’est une cause courante. » Je lui lâche un léger sourire avant de la regarder. Ça me fait tellement de peine de voir quelqu’un dans un état pareil, mais bon, je peux comprendre, on a tous nos problèmes après tout. Mais que des problèmes se transforment en feu de maison, là ça commence à ne plus aller et j’aimerai autant m’assurer que la blonde va bien psychologiquement. Physiquement aussi, qui sait. Je me présente rapidement, je me souviens de son nom de famille c’est un exploit pour moi. J’oublie tellement de choses ces derniers temps que ça relève vraiment du miracle. « Jamie. C’est sympa. Comme le bonhomme qui présente C’est pas sorcier? Ne vous excusez-pas. Ce n’est pas bien grave. » dis-je en souriant de nouveau. Mes yeux quittent son regard pour me concentrer sur les objets qui m’entourent. La maison est dans un état vraiment parfait, tout est à peu près propre et bien rangé. Ça change de ma maison en bordel quand je ne vais pas très bien dans mon crâne. Visiblement, la blonde est organisée et ce n’est pas plus mal. Je n’imagine pas les conséquences qu’il y aurait eu si elle ne l’avait pas été. Un feu qui démarre dans une cuisine mal rangée, c’est toute une maison qui prend feu en quelques minutes seulement. Heureusement, elle a l’air assez safe. Je relève un peu la tête vers elle quand elle m’avoue traverser une mauvaise période, mais je ne dois pas m’inquiéter. Elle ne comprend pas? C’est en disant cela que les personnes s’inquiètent. Deux fois que je vois cette femme en une semaine, deux fois qu’elle semble mal. Enfin trois fois, avec aujourd’hui. Je soupire un peu avant d’acquiescer pour sa question. Boire quelque chose, ma foi. « Si vous voulez, si je ne vous dérange pas. On va discuter un peu, c’est mieux. Vous buvez souvent quand vous êtes seule? » Je tourne le regard vers elle, une mauvaise période? J’ai parfois un doute. Et puis cette maison est immense, elle ne doit certainement pas vivre seule. À moins qu’elle soit en train de vivre un foutu chagrin d’amour. Parce qu’elle a trompé son mec, les femmes sont toutes pareilles de toute façon. Je lève les yeux au ciel en y pensant avant de l’observer. « Vous savez, je suis pas idiot. Vous n’alliez déjà pas bien la dernière fois, et hier, feu de maison. C’est quoi la prochaine ? Une brûlure ou une noyade dans une baignoire ? » Je suis cash et honnête, mais ce n’est certainement pas méchant de ma part. C’est juste pour faire un électro-choc, après tout. « Vous avez l’air vraiment mal, et mon instinct me dit que ce n’est pas qu’une mauvaise période. Je suis là si vous avez envie d’en parler, profitez-en Jamie. Et par pitié, mangez, vous êtes maigre comme une guêpe. Vous aimez les pizzas ? » Je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai envie de prendre soin d’elle, mais qu’importe. Voir une femme dans cet état, et même si je me méfie d’elles, ça me fait de la peine pour elle.

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Entendre qu’il avait vu pire avait en partie rassuré Jamie. Elle se sentait encore conne mais entendre qu’apparemment des gens essayaient de mettre de l’aluminium dans un grille-pain, ça l’a faite rigoler. Un rictus qui vient briser le silence qui s’installe dans la pièce, un rire qui lui rappelle que ça fait un moment maintenant qu’elle est malheureuse. La jeune femme reconnaît qu’elle a eu de la chance de passer à côté de quelque chose qui aurait pu être fatale. Elle sait parfaitement qu’il est temps pour elle de se remettre de ses émotions. Elle devait apprendre à tourner la page. Ce ne serait pas facile mais elle y arriverait tôt ou tard. C’est pas vrai ? Y’a des gens qui font ça ? Pas pire que l’aluminium dans le micro-onde. Il lui avoue qu’il trouve son prénom sympa et ça la fait sourire. Et puis, elle l’écoute et là, elle est un peu perplexe. Qui ? Quoi ? Elle fronce les sourcils. Euh, merci ! C’est parfois difficile, il y’a périodes plus compliquées que d’autres. Certains jours ne devraient pas exister et d’autres, elle va bien, enfin, ce qu’on peut aller quand on est veuve, privée de l’amour de sa vie. Psychologiquement, physiquement, elle ne va pas bien, surtout ces dernières semaines. Elle arrivait à garder le cap mais là, tout s’est écroulé et elle ne sait pas ce qui en est à l’origine. Mais la douleur est tellement forte qu’elle a envie de pleurer toute la journée, même s’endormir devient difficile et pourtant, Jamie a toujours été une dormeuse. Il semble s’inquiéter pour elle, à tel point qu’il lui demande si ça lui arrive souvent de boire quand elle est seule. Elle n’aime pas devoir rendre des comptes mais il a raison, ces derniers temps, elle a abusé, même si ce n’était qu’un verre par ci par là, elle devrait faire attention à sa santé. C’est assez rare. J’aime bien profiter d’un verre une fois de temps en temps, comme tout le monde mais ça s’arrête là. Je pense que la fatigue doit jouer. Vous savez ce qu’on dit, l’alcool multiplie les émotions. Et la fatigue n’aide pas. Qui tentait-elle de convaincre ? Non, elle n’avait aucun problème avec l’alcool, elle le savait très bien mais parfois, elle déconnait un peu. Malgré tout, elle savait se reprendre au bon moment Mais il avait raison, elle avait failli s’endormir dans son bain, ce serait probablement arrivé si il n’était pas arrivé. La jeune femme se sentait prise au piège. Elle allait finir par se renfermer sur elle-même parce qu’elle n’avait pas besoin de ça, surtout pas là maintenant. Pourtant il était franc et il avait raison. Elle avait envie de pleurer, elle l’écoutait, elle écoutait chacun de ses mots et elle avait juste envie de pleurer, parce qu’elle se sentait mal, parce qu’elle savait qu’elle ne pouvait rien faire. J’ai vécu un gros drame il y’a un moment et j’arrive pas à m’en remettre. J’aime pas réellement en parler, en toute franchise. Ça allait mieux et je sais pas ce qui s’est passé, y’a deux semaines, c’est revenu et j’arrive pas à m’en sortir. Je me sens… dépassée, voilà tout. Ce sont des périodes de hauts et de bas mais plus souvent de bas quand même. Et c’était vrai mais elle se mettait de côté, elle mettait sa santé de côté. Elle n’était plus elle-même. Jamie était devenue une inconnue, pour elle, pour les autres. Le dernier moment sympa qu’elle avait passé c’était avec Lewis et juste après ça, tout était retombé. Elle n’était pas habituée à l’attention d’autrui, n’ayant pas réellement de famille. Elle rebondit sur la dernière phrase de l’homme. Qui n’aime pas la pizza? Elle rigola bêtement mais son rire était faussé et cela s’entendait. Elle essayait mais c’était pas réellement sincère.

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L’aluminium dans le micro-onde. Elle sait pas si bien dire, celle-là. Nous en avons eu aussi de ces expériences, j’ai même envie de dire, on a vraiment tout vu. De tout et n’importe quoi. Je me contente de rire un peu, oui, il y a vraiment des idiots qui font chauffer du poisson dans un grille pain. L’idée peut paraître astucieuse, mais croyez-moi, quand ça prend feu à côté d’une bonbonne de gaz, ça l’est beaucoup moins. Je ne peux pas m’empêcher de sourire à l’entente de son prénom, c’est assez original comme nom et puis c’est surtout le même que Jamy dans c’est pas sorcier. J’oublie un peu que ce n’est pas diffusé ici, mais ma filleule le regarde sans arrêt sur YouTube alors à cause de ça, j’y pense sans arrêt puis c’est assez sympathique ces programmes-là. Enfin peu importe, là n’est pas le sujet et je me contente d’essayer de bousculer un peu la jeune femme en face de moi en lui demandant si elle a l’habitude de boire. L’alcoolisme n’a pas d’âge. Elle a l’air jeune comme tout, la vingtaine, et son état est plutôt inquiétant. Deux fois que je la vois et qu’elle est dans un drôle d’état et ce soir n’a pas l’air vraiment mieux. Je l’écoute essayer de me rassurer, ce qu’elle dit n’est pas idiot et elle a raison: l’alcool multiplie les émotions. Du moment que ça ne reste qu’un verre de temps en temps et que ça ne devienne pas une habitude, ça me convient. « Du moment que ça reste un verre de temps en temps. Mais vous savez, l’alcool aide pas les problèmes. » J’étais plutôt bien placé pour le savoir. Quand j’étais gamin, ma mère buvait souvent. Bien trop souvent, et entre ça et l’héroïne, autant vous dire que ça a foutu mon enfance en l’air. J’imagine que la blonde n’a pas d’enfant et ce n’est peut-être pas plus mal. J’essaie de continuer de la secouer, je suis peut-être un peu difficile dans mes paroles mais c’est pour son bien. Ça ne sert à rien de brosser dans le sens du poil, parfois, un électrochoc ne fait pas de mal. En tout cas, moi j’aurai bien aimé qu’on me secoue pendant ma déprime, ça m’aurait peut-être évité. Les paroles de la brune m’intriguent, et je ressens une peine immense pour elle. Quel gros drame ? Je suis plutôt curieux, surtout si elle a des périodes assez basses depuis, et qu’elle boit, qu’elle fou le feu à sa baraque. Je soupire légèrement. « Vous savez, dans la vie, il y a des drames. C’est ainsi. La vie est une vraie connasse mais ça vaut pas le coup de se battre, sans déconner? Il n’y a pas mort d’homme. Faut se mettre un coup de pied au cul et laissez le passé derrière soit. Et croyez-moi, je suis bien placé pour le savoir et vous devriez en faire autant. Ne laissez pas vos démons vous hanter. » Mort d’homme. Je suis loin de me douter de ma bourde à dire une chose pareille, mais c’est ce que je pense alors ce n’est pas bien grave après tout. Je me sens pas tout à fait légitime à dire ce genre de paroles, moi aussi je me suis laissé aller après ma séparation avec Evelyne mais merde après tout, c’est ainsi. Ça sert à rien de sombrer, à part souffrir inutilement. La situation n’en changera rien. « Ça sert à rien de vous forcer à rire pour autant. Mais je note l’effort, merci. Je vais commander des pizzas, je choisis pour vous. Et j’offre. Sans discussion. » J’attrape mon téléphone dans ma poche tout en discutant afin de faire la commande sur une application de livraison de pizza. Deux pizzas, une bacon poulet et une peperoni. Je relève la tête vers la jeune femme avant de m’asseoir dans son canapé et retirer mes chaussures. « C’est sympa par ici, c’est vous qui avez fait la décoration? Vous devez avoir un sacré job pour vivre dans une maison pareille. » dis-je en souriant un peu avant de m’étendre pour déposer mes pieds sur la table basse. Autant se mettre à l’aise, après tout. C’est elle qui me l’a dit, de faire comme chez moi. Enfin, je crois.

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De l’aluminium dans le four au torchon qui prend feu, il avait apparemment vu de tout et cela rassurait la jeune femme qui s’était sentie terriblement stupide à cause de cette maladresse. Parfois, ce qui semble être une bonne idée ne l’est pas. Qui joue avec le feu se brûle. Jamie se sent bien sur le coup, le fait de savoir que quelqu’un dans ce bas monde semble s’inquiéter pour elle, ça lui réchauffe un peu le coeur. Cela fait désormais un an et demi que Marcus est parti et elle a réellement éprouvé de la difficulté au départ, il y’a ensuite eu cette période où elle semblait aller mieux mentalement et là, c’est de nouveau tout qui s’écroule. C’est pas facile, à aucun moment cela ne l’est et personne n’a dit que ce le serait. Elle avait besoin de ce coup de pied au cul, de cet électrochoc que Bastian semble lui infliger. Il a raison, tant que ça reste un verre de temps en temps, il n’y a rien de grave. Elle l’écoute parler, il a raison dans ses propos, elle l’écoute parler, tout en restant sur place, bien qu’attentive, elle semble légèrement distraite par l’homme. Bien qu’elle ai cette envie de se mettre à pleurer. Pour le coup, malheureusement, y’a mort d’hommes. Je peux vous tutoyer? J’ai l’impression que c’est un peu trop formel parfois. Généralement, Jamie tutoie les gens. Même si ce n’est pas au gout de tout le monde et en réalité, elle n’attend même pas la réponse de Bastian pour s’y mettre. Après tout, il lui a sauvé les fesses deux fois et il vient vérifier qu’elle va bien, je pense qu’ils ont dépassé le stade des inconnus. Voilà qu'elle se confiait à lui désormais. Comme je disais, c’est une situation compliquée, j’ai vécu le décès de mon mari et je suis dépassée par les événements, ça a beau faire un an et demi, j’ai eu l’impression qu’à un moment ça allait mieux alors qu’en fait non. Et certains soirs, j’ai l’impression que boire un verre ça me détend même si ça n’aide pas. Pardon, je suis totalement entrain de raconter ma vie… Mais c’est vrai, y’a des drames dans la vie. C’est juste que parfois, on a pas la possibilité de pouvoir passer à autre chose. Dans le cas de la jeune femme: son mari décédé dont on a jamais retrouvé le corps. Ils ont enterré un cercueil vide, elle n’a pas pu lui dire au revoir, le voir une dernière fois, il est juste parti. Ainsi, en fumée. Huit ans d’amour en une seconde. Il n’est plus là et elle n’arrive pas à gérer. Elle a cette pression sur ses épaules, elle a du mal, elle se dit constamment qu’elle va avoir trente ans, qu’elle était mariée, qu’ils allaient fonder une famille et là, plus rien. D’un coup, le néant. De la lumière à la noirceur. De l’amour à la haine. De tout à rien. De Jamie et Marcus à Jamie, toute seule. Elle n’avait pas envie de s’étendre sur la perte de l’amour de sa vie mais elle sentait qu’elle en avait besoin. Jamie n’en parlait pratiquement jamais, du moins, elle n’en parlait plus. Cela faisait bizarre d’avoir quelqu’un qui semblait s’inquiéter pour elle, bien qu’elle ne connaissait pas Bastian plus que ça, ça lui faisait plaisir et apparemment, elle aurait de la compagnie pour la soirée, elle ne cracherait donc pas dessus. Surtout qu’il allait commencer à manger. Dans un sens, Bastian lui rappelait légèrement Marcus. C’était probablement le côté dur de l’homme, bien qu’il semblait être adorable. Et les soirées pizza, c’était leur truc. Se poser dans le sofa, manger et rire. Les petites soirées en amoureux. Elle en prenait un coup. Mais il était temps qu’elle passe à autre chose, rien ne le ferait revenir. Jamie contemple l’homme, elle le dévisage, elle tente de l’analyser alors qu’il commande des pizzas et qu’il s’installe, comme à la maison. C’est intrusif mais en même temps, ça lui rappelle son mari. Bon choix pour les pizza! Dans le mille, c’est tout ce que j’aime! Bacon, pepperoni, poulet, tout ce qu’elle aime. Il lui dit ensuite qu’il trouve que la déco est sympa.  C’est son petit cocoon à la gamine, elle l’aime cette maison. Ce salon. Cette décoration minimaliste, ces murs blancs, les meubles en bois, des plantes par ci par là, quelques tableaux sans grande prétention accrochés aux murs. Jamie finit par rejoindre le côté canapé du salon, s’installant comme à son habitude sur la moquette, posée contre les coussins, le coude sur le bord du canapé. Elle observe Bastian. Il y’a quelque chose chez lui qui semble intriguer la jeune femme. Merci. C’est mon petit cocoon. J’aime cette maison même si parfois, je me dis que c’est trop grande pour moi toute seule. Et puis, disons que réussir à faire acheter les droits de mes livres par une maison d’édition y a contribué. C’est mon petit empire… Écrire pour vivre. Cela avait longtemps était le rêve de la blonde. Rêve qu’elle avait réalisé. Sans se douter que c’était que le début d’une carrière pleine de rebondissements.  

- - de petite flamme ne vient grande lumière. (@jamie monroe)

Je suis assez franc avec la blonde. C’est dans mon caractère, je l’ai toujours été et personne ne s’en est vraiment plaint. De toute façon, je ne changerai pas pour autant si on le faisait. La sincérité et l’honnêteté est important de nos jours, j’ai parfois l’impression que tout le monde prend des gants pour dire ce qu’on pense, et ce n’est définitivement pas un monde fiable. Pour autant j’ai conscience qu’avec certain sujet, je ferai mieux de me taire. Et cette fois-ci, en essayant de rassurer la blonde concernant les drames de la vie, je lâche une expression de trop et je m’en veux quand elle me le fait remarquer. Il y a mort d’hommes. Merde. Je ne m’y attendais pas vraiment, faut dire. L’erreur est humaine et j’espère qu’elle ne m’en voudra pas longtemps. D’ailleurs, elle souhaite me tutoyer alors c’est plutôt bon signe. Je me contente simplement d’un hochement de tête avant de l’écouter dire la suite. Perdre la personne que l’on aime, la mort qui sépare deux personnes, voilà ce qui lui est arrivé. En un sens, je peux plus ou moins le comprendre, j’ai moi-même divorcé deux fois et c’est toujours difficile. Mais la mort m’est inconnue dans cette situation. Heureusement d’ailleurs. Les mots de la blonde me transpercent la poitrine, elle me fait vraiment mal au coeur et c’est compliqué. J’ai l’oreille attentive et je me contente de l’observer et de sourire pendant qu’elle me raconte sa vie, ça a l’air de lui faire du bien alors ce n’est pas plus mal. La thérapie commence par la discussion, c’est important et je le sais bien. Parfois, je me raconte des choses moi aussi, que les femmes sont toutes les mêmes, que les histoires d’amour finissent tout le temps mal. Ma mère, mon père ou plutôt cet espèce d’enfoiré reste ma figure de l’amour pendant bien longtemps. Puis Katharina, cet espèce de salope. Et enfin Evelyne. Finalement, ça fait un peu beaucoup et je ne crois plus en l’amour. J’ai du mal à passer à autre chose concernant cela moi aussi, trente-huit ans, divorcé deux fois, trompé deux fois. Cocu. Voilà ce que je suis. Mais je n’aurai pas aimé vivre ce que la blonde est en train de vivre, car le deuil reste une étape compliquée de la vie, encore plus quand on est jeune comme elle. « Je suis désolée, je suis un peu maladroit. On a toujours la possibilité de passer à autre chose. C’est important, on doit se faire aider, accompagner par quelqu’un, de personnel ou de professionnel mais c’est indispensable de ne pas perdre les pédales et de continuer à rouler sur le chemin de la vie. Vous avez quelqu’un à qui en parler régulièrement ? Le deuil d’une vie commence par ça. La parole. » dis-je en lui adressant un léger sourire. Le deuil de ma vie a été celui de ma mère, qui a été difficile. Beaucoup trop soudain pour Adrian et moi, un enfer à vivre. Nous étions tellement jeunes. Ce foutu 15 novembre qui sera le premier d’une longue date, d’une longue lignée. Puis, le plus difficile deuil auquel j’ai dû faire face est celui de mon identité suite à la tuerie de mon géniteur. Au fond, je pense que je ne m’en suis pas encore remis. On ne se remet pas d’être né du sang de criminel. Je commande rapidement des pizzas afin que nous puissions manger avant de m’installer comme chez moi dans le canapé. Sa maison est vraiment magnifique, assez grande pour quelqu’un de seule. Elle doit faire un sacré job. « Sérieusement? Vous êtes écrivain, d’accord mais vous n’avez pas d’emploi? » Être écrivain n’est pas vraiment un emploi, et je le pense et le dis en toute honnêteté. On se connaît à peine de toute façon, autant être cash dès le début. Je regarde rapidement la cheminée avant de tourner de nouveau le regard vers la blonde pour rebondir sur notre discussion. « C’est difficile un deuil. Mais je vous assure, on s’en sort, il faut simplement le vouloir et arrêter de se voiler la face. En parler, s’ouvrir au monde. Et ne pas rester seule chez soi à broyer du noir à essayer de cuisiner alors qu’on en est incapable. » Je la taquine et lui lâche un léger clin d’oeil. Je ne me moque pas vraiment d’elle, j’essaie simplement de détendre l’atmosphère. Et elle en a bien besoin.

- - j’étais prête à tourner la page mais c’est la page qui ne veut pas se tourner. (@bastian millford)

La franchise de l’homme l’atteint. Au point qu’elle commence à exposer son deuil, le fait d’avoir perdu son mari. Elle ne sait pas trop la raison pour laquelle c’est facile pour elle de se confier ainsi alors qu’elle ne l’avait jamais fait auparavant. Du moins, pas de cette manière. Il est attentif à ce qu’elle dit, il l’écoute, il ne semble pas la juger. Elle n’avait jamais vraiment eu une conversation telle que celle là avec quelqu’un n’étant pas dans la même situation. Lewis, Odessa, Maura, Georgia, même situation. Être veufs. Perdre l’amour auxquelles ils avaient droit. Chaque histoire est différente mais au fond, se ressemblent. C’est ainsi qu’elle avait rencontré ses copines, c’est ainsi qu’elles s’étaient liées d’amitié. Jamie sourit juste à cette pensée. J’ai un thérapeute. Je vais à des thérapies de groupe, c’est d’ailleurs ainsi que j’ai rencontré ma meilleure amie. On se sent moins seuls à écouter les autres témoigner de quelque chose qu’on connaît et qu’on comprend. C’est pas toujours facile, y’a des périodes où je vais bien, d’autres où c’est plus difficile de sourire. Le problème c’est que j’ai pas pu lui dire au revoir, j’ai du mal à mettre un terme à cette histoire et donc de mettre un stop à la souffrance. La voilà de nouveau entrain de parler de tout. Son regard croise celui de Bastian et elle sourit de nouveau. Il peut paraître froid mais il y’a une certaine douceur dans son regard qu’elle ne peut ignorer. La jeune femme a toujours été méfiante, elle a eu du mal à faire confiance à certaines personnes mais il lui a sauvé la vie la veille, elle se dit que si elle a pu mettre sa vie entre les mains de Bastian, elle peut lui confier son histoire. Jamie sent qu’elle a besoin de parler et il l’a invitée à le faire. Elle ne pourrait pas dire ce qui la pousse a avoir confiance en lui alors qu’elle ne le connaît pas, il ne lui a jamais parlé de son histoire, elle ne connaît rien de lui et pourtant c’est compliqué à expliquer mais elle ressent cette envie de lui parler, cette facilité à dialoguer. Elle ne se trompe jamais sur ses instincts. Croyez le ou non, c’est mon job. Je suis payée pour écrire. Mes romans ont payé cette maison! Ça me convient parfaitement. C’est vrai que parfois, ça peut sembler difficile à croire. Être payé pour écrire, vivre de son inspiration et de sa créativité? Beaucoup n’y croiraient pas. Et pourtant elle en est la preuve vivante. Il suffit de regarder les bibliothèques encrées dans les murs qui se trouvent sur les côtés de la cheminée. Des livres, beaucoup de livres. Des romans à n’en plus finir. En français, en anglais, de la littérature, des histoires vraies. Pour se la péter tout simplement. Elle ne tient pas réellement compte de la remarque de Bastian, au final, elle est dans cette maison que ses romans ont financés, toutes ces heures à écrire ont payé. Et elle est heureuse d’être là où elle en est. Même si elle a foutu le feu à la moitié de la cuisine. Le jeune homme le lui fait de nouveau remarquer, elle semble légèrement faire la tête. Enfin, à moitié, ça l’amuse. Eh, j’essayais de cuisiner oui mais je suis très maladroite, d’accord? Un nouveau rire, venant du coeur cette fois, brise le silence qui tentait de s’installer. Jamie rigolait de plus en plus récemment, même si c’était parfois difficile. C’est vrai qu’elle est très maladroite. Pas dans ses paroles, plus dans ses gestes en réalité. C’est le genre de personne qui va marcher et qui va tomber parce qu’elle s’emmêle les pinceaux. Elle est d’une maladresse déconcertante mais en même temps, c’est mignon, c’est touchant. Ça la rend encore plus attachante qu’elle ne l’est. Un petit bout de femme fragile qui tente de garder la tête hors de l’eau pour ne pas se noyer dans ses pensées. Sur le moment, elle semble avoir oublié Marcus. Elle pourrait remercier Bastian pour ça. Non mais c’est vrai, t’as totalement raison! Faut que j’arrête de fuir mes problèmes et que je les affronte, j’ai du mal certains jours. Mais je vais y arriver! Un jour, elle y arrivera, elle le sait parfaitement. Elle lui adresse un nouveau sourire et couvre ses jambes d’un plaid, étant toujours dans son peignoir. Drôle de manière d’ouvrir la porte à un inconnu. 

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Il faut combattre le mal par le mal. Voilà ce que j’en pense, ça ne sert vraiment à rien de se voiler la face. Il faut voir le mal en face et ne pas le contourner. Pour vaincre un deuil, il est vraiment important d’en parler et c’est ce que j’essaie de faire comprendre à la blonde. Peut-être pas forcément de la meilleure des façons mais après tout, quoi d’important? La forme ou le fond, hein? Certainement pas la forme, je n’ai jamais été doué avec ça. Et visiblement, ça ne blesse pas trop la blonde puisqu’elle ne se met pas à pleurer et ce n’est pas plus mal, je suis bien trop gêné pour réagir à ce genre de situation, elle est en peignoir en plus alors j’irai sans doute pas la prendre dans mes bras. Je l’écoute me parler de ses thérapies de groupe. Une meilleure amie veuve en commun? Sympa comme truc. C’est surtout un peu étrange, mais si ça lui fait du bien, c’est peut-être pas plus mal. C’est souvent plus facile de comprendre une situation et de se sentir moins seul et coupable en en parlant avec d’autre qui ont vécu la même chose. Je devrai peut-être faire ça, aussi, pour mon géniteur. Mais bon, les criminels du genre ça court certainement pas les rues, encore moins les fils de criminel. Et je ne suis pas comme elle, je ne parle pas de ce que je ressens. « Une sorte d’alcoolique anonyme, sympathique comme groupe, si ça peut vous aider. Vous voyez que vous n’êtes pas seule au moins. Parfois, c’est mieux de ne pas dire au revoir plutôt que de garder une image négative et traumatisante de la personne. Vous le comprendrez avec le temps, ne vous en faites pas. » Je me fais la réflexion, je n’arrive pas à la tutoyer en retour. Elle m’inspire une certaine crainte, sans vraiment que je ne comprenne pourquoi. Après tout, je la connais à peine et je trouve cela plus respectueux envers elle de la vouvoyer pour l’instant. J’essaie d’en savoir plus sur elle, à compter de son métier puisqu’écrivain n’est certainement pas un métier qui fait gagner suffisamment pour pouvoir vivre dans une maison pareille. À moins qu’elle soit reconnue, mais j’en sais fichtre rien et je n’ai pas trop envie de m’y intéresser, la littérature ne m’intéresse pas, et encore moins la lecture. Je n’en vois vraiment pas l’intérêt. « Être payée pour écrire, plutôt sympa. Vous écrivez quoi comme roman? » J’essaie de m’y intéresser pour ne pas la blesser, mais je m’en fiche réellement. Je ne les lierai certainement pas de toute façon, alors autant changer de sujet au plus vite. J’essaie de revenir à notre conversation initiale en la taquinant un peu. Maladroite, voilà ce qu’elle est, et je ris un petit peu. À l’entendre faire de même, je suis assez fier. C’est étrange d’être fier d’une personne qu’on connaît à peine, mais sincèrement, j’ai l’impression qu’elle reprend un peu de joie de vivre et c’est agréable à vivre. J’entend mon téléphone sonner pour m’indiquer que les pizzas sont arrivées, alors je me lève afin de m’avancer vers la porte tout en écoutant la blonde me répondre à mes dernières paroles. « Mais oui vous allez y arriver. Je ne me fais pas de soucis pour vous. Pour votre maison en revanche, c’est moins sûr. » Je lui offre un dernier sourire avant de glisser ma main sur son épaule en passant derrière le canapé, avant de partir à la porte d’entrée pour accueillir le livreur. Je paye, et récupère les pizzas avant de retourner vers la blonde. Ça sent divinement bon, et j’ai carrément la dalle alors je me dépêche de déposer les cartons sur la table basse et de les ouvrir afin de pouvoir me servir. Je croque dans une part de pizza avant de me rasseoir à côté de la jeune femme. « Vous devez être gelée, vous invitez régulièrement des hommes que vous ne connaissez pas chez vous alors que vous êtes en peignoir? C’est une drôle de tenue pour quelqu’un qui vit seul. » Je souris un peu avant de revenir me concentrer sur ma part de pizza. Je la termine, puis me lève pour attraper le carton de la pepperoni afin de le tendre à la blonde afin qu’elle se serve. « Vous êtes nudiste? » J’arque un sourcil. Ma question est tout à fait sérieuse. Qui vit à poil?

- - j’étais prête à tourner la page mais c’est la page qui ne veut pas se tourner. (@bastian millford)

Le deuil, ça rapproche. Cela aurait pu être une phrase d’accueil pour promouvoir les thérapies de groupe. En réalité, cela a aidé Jamie à y voir plus clair, à se rendre compte qu’elle n’était pas seule dans cette situation et qu’elle pourrait trouver des gens avec qui parler. Les appels, le soir, avec sa meilleure amie, c’était généralement le meilleur moment de sa journée, quand elles se racontaient tout et qu’elles pouvaient se parler à cœur ouvert. C’était rassurant d’avoir quelqu’un comme elle, qui ne comprenait pas. Mais tout le monde ne comprenait pas le fait qu’elle puisse se rapprocher de gens dans sa situation, beaucoup pensent que c’est malsain parce qu’on a plus de mal à s’en sortir à force de ruminer le passé alors qu’en réalité, ça fait du bien d’avoir quelqu’un à qui on peut parler et qui nous aide à avancer à travers ce genre d’épreuves. Ça, Jamie l’avait parfaitement compris lorsqu’elle avait rencontré ses amies en thérapie de groupe. Elles étaient là les unes pour les autres, toujours prête à se remonter le moral. J’en suis pas au point de rejoindre les alcooliques anonymes mais ça peut être vu comme ça… Elle soupire avant de reprendre la parole. Enterrer un cercueil vide ça n’aide pas à faire un deuil. Elle rigole nerveusement en tortillant une mèche de cheveux, signe de nervosité. Elle est complètement vulnérable, elle n’a jamais été ainsi de toute sa vie, elle ne s’est jamais sentie aussi vulnérable qu’à ce moment là. A croire que cet événement l’a encore plus affecté qu’elle ne le pensait, même un peu plus d’un an après les fait. Elle a assez parlé pour la soirée, elle se rend compte qu’elle devrait peut-être la mettre en veilleuse avant qu’il ne se barre en courant. Ce que tout individu normal ferait. Elle parle trop mais elle a besoin de parler bien qu’elle ne devrait pas submerger l’homme de toutes ces informations. Il s’en fou probablement. Jamie le ressent presque lorsqu’elle parle de son boulot. Après tout, chacun son truc, non. Elle ne pourrait jamais bosser dans un bar, elle. J’écrivais des romans d’amour. Mais l’amour c’est une énorme perte de temps au final. Elle rigole avant de balancer sa tête vers l’arrière et de soupirer en admirant le plafond. Elle passe ses mains dans ses cheveux avant de fixer de nouveau son attention vers Bastian. Elle parle au temps passé parce que l’amour, elle ne veut plus rien savoir, de toute façon, c’est une perte de temps, une perte d’énergie et elle a autre chose à foutre. Elle préfère écrire des romans policier, surtout pour le moment. Après tout, chacun son truc, non? Personnellement je ne pourrais pas travailler dans un bar. C’est tout. C’est ainsi. C’est peut-être mieux de ne pas évoquer le sujet du boulot, après tout, elle s’en fout un peu. Certains emplois sont intéressants, contrairement à d’autres. Jamie n’a pas envie de perdre du temps à dialoguer d’un truc sur lequel ils n’ont aucune intention d’être un jour d’accord. C’est tout, c’est la vie. Puis, c’est vrai qu’elle peut-être maladroite la blonde. Il lui dit qu’il ne se fait aucun soucis, il sait qu’elle y arrivera. Par contre, ouais, la maison c’est moins sûre. Ouais, y’a du travail. Elle rigole alors qu’il s’éloigne pour récupérer les pizzas. Lorsqu’il revient, il s’installe près d’elle de nouveau, ajoutant qu’elle devait avoir froid. C’est vrai qu’un peignoir c’était pas commun. C’est pas comme si y’avait rien en dessous non plus, elle a quand même un haut de pyjama et un short qui lui sert aussi de bas de pyjama. Puis, pour sa défense, elle n’avait pas prévu d’avoir de la visite non plus. Il sourit alors qu’elle s’apprête à prendre la parole. C’est l’hiver, il fait froid dehors. J’allais pas vous laisser planté là quand même, sur le porche. De plus, j’étais dans mon bain quand vous avez frappé à la porte. Jamie attrape une part de pizza qu’elle commence à manger avant d’ajouter que non, elle n’est pas nudiste. C’est même le contraire. Mais au pire, qui ne s’est jamais balancé à poil dans sa propre maison? Elle hausse les sourcils tout en lançant un regard suspicieux à l’homme. C’est vrai qu’il n’a pas tord en soit mais elle n’avait quand même pas sortir de son bain toute mouillée pour aller ouvrir la porte directement. Au passage, j’ai quand même eu la décence de mettre quelque chose en dessous de mon pyjama, parce que non, je ne suis pas nudiste. Et il ne fait pas froid, encore mois quand on s’installe devant la cheminée. Ce qu’elle faisait, tous les soirs. Non, elle n’avait pas froid, en réalité, la maison était même assez chauffée. C’était quelque chose que la gamine adorait: la chaleur. Elle se sentait bien. Lorsque l’hiver était là, c’était difficile de se réchauffer dans une maison froide. C’était réellement une chose qu’elle avait en horreur: devoir vivre avec le chauffage éteint ou avec une température pas trop élevée. Elle avait besoin de se sentir bien dans son cocon, après tout, elle bossait quand même de chez elle au quotidien.

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Des réunions digne des alcooliques anonymes spéciales veuves anonymes. C’est plutôt original comme concept, mais je ne juge pas vraiment, plus rien ne m’étonne de nous jours. Si ça prouve son efficacité, c’est vraiment le plus important. En parler fait toujours du bien, je le sais et c’est ce que j’ai conseillé à la blonde de faire de toute façon. J’essaie malgré tout de rire un peu, de détendre l’atmosphère. Je reste sérieux malgré tout afin de ne pas trop la heurter, j’ai vraiment pas envie de la faire chialer. Je l’écoute m’avouer qu’elle a enterré un cercueil vide et je grimace un peu, sans trop vouloir imaginer la raison de cette absence. Brûlé ? Disparu ? Charcuté ? Peu importe, mais dans tous les cas, cela doit être encore plus difficile à vivre. Je me contente de l’observer rire nerveusement avant de continuer de parler de son travail, changeant un peu de sujet pour la détendre. Elle est nerveuse, ça se sent. C’est dingue les ondes qu’elle peut dégager. J’essaie de m’intéresser un peu à son talent d’écrivain et à ses romans, même si je ne maitrise clairement pas le sujet. Je crois même que j’ai lu aucun bouquin dans ma fichue vie, et ça risque pas de changer. Des romans d’amour? Super, ennuyant. Mais au moins, on a la même idée sur l’amour et ça m’rassure. Pas question qu’elle s’imagine des trucs, on sait jamais avec ces femmes-là. Elle rit un peu et je me contente de l’observer, elle a du charme. Ce serait mentir que de dire le contraire, c’est une femme plutôt mignonne pour tout avouer. « On est d’accord. Une sacré perte de temps. Quelle connerie. » Je lève les yeux en ciel en soupirant avant de me lever tandis qu’elle me lance une pic concernant mon travail. Elle est en train de se moquer de moi, là. Non, je ne rêve pas. Je soupire de nouveau et ne relève même pas sa réflexion, pas la peine. Les femmes ne savent faire que ça de toute façon, provoquer, et j’ai pas envie de me fatiguer encore une fois avec elle. Je lâche le sujet sur lequel nous ne serons jamais d’accord de toute façon, et essaie de la rassurer. Elle va y arriver à passer son deuil, à s’en sortir, j’en suis certain. Je m’éloigne tout en rigolant concernant sa maison. Elle a failli la brûler sa maison de roman là, alors autant dire que je suis plus inquiet pour ça que pour le reste. Si en plus elle est maladroite, ça n’arrange rien. Une fois notre repas récupéré, je ne tarde pas à la rejoindre en l’observant toujours. Elle est en peignoir, m’a accueilli ainsi, c’est quand même assez étrange. Elle a raison, elle n’allait pas me laisser dehors, même si elle aurait pu, surtout qu’elle était dans son bain visiblement. Je l’ai dérangé, merde. Maintenant que c’est fait, l’eau doit être sans doute froide alors ça ne change plus rien. « Un bain. Je vous ai sauvé de la noyade, alors. Mais c’est gentil de m’avoir fait entrer, merci. C’est la moindre des choses faut dire. » Je ris un peu avant de continuer de manger les pizzas. Je lui en apporte aussi, histoire qu’elle ne bouge pas de sa place pour ne pas avoir encore plus froid. Elle doit être nue là-dessus, et bien se cailler les miches. Est-ce qu’elle est nudiste? Visiblement, ma pensée prend le pas sur ma parole, ça arrive rarement, mais quand ça arrive, on se sent bien con croyez-moi. La blonde me rassure qu’elle a bien mis un pyjama, mais qu’il fait bon quand on s’installe devant la cheminée. Le cliché cinématographique de la femme qui s’installe au coin du feu pour écrire des romans d’amour. « Un pyjama. Comme c'est mignon, avec un ours en peluche dans vos bras? » Je ris un peu. Je me fous ouvertement de sa gueule sans aucune gêne. À son âge, c'est des nuisettes qu'on porte, pas des pyjamas. Merde. « Vous êtes un sacré cliché. En peignoir, assise prêt de la cheminée, à écrire des romans digne d’un conte de fée pour gamin. Sympathique comme vie, je confirme. Surtout à votre âge, à vingt-cinq ans, on est plutôt censé sortir le soir plutôt que passer ses soirées à côté d’un feu de cheminée. Surtout pour une belle femme comme vous. » J’hausse légèrement les épaules. Quoi? C’est vrai après tout, elle est belle. Je sais pas si elle a exactement vingt-cinq ans, mais peu importe, c’est l’âge qu’elle rend, elle a vraiment l’air plus jeune que moi en tout cas. « Vous êtes quand même assez mystérieuse. Ça m’intrigue pas mal votre bordel, vous avez quoi d’autre à me cacher encore? Vous êtes clown à vos heures perdues? Hôtesse du téléphone rose? » Dis-je en la regardant. Je la taquine bien évidemment, je fais tout ça pour qu’elle évite de déprimer. Ça m’intéresse aussi, même si c’est pas l’impression que j’en donne. J’ai envie d’en savoir plus sur elle, ça m’évitera des questions sur ma vie désastreuse.

- - j’étais prête à tourner la page mais c’est la page qui ne veut pas se tourner. (@bastian millford)

L’amour, cette perte de temps. Jamie elle avait rien demandé, elle voulait pas être amoureuse. Mais ça lui était tombé sur le nez, sorti de nulle part. Elle était tombée amoureuse et puis, on lui avait enlevé. L’amour, son mari, son bébé. Ça avait été une année de merde, une période de merde. Quelque chose d’inattendu. Qui brise toute une vie. Surtout une vie aussi jeune. C’était donc normal de retrouver une Jamie perdue, vulnérable, prête à tout pour tourner la page sauf que c’était difficile. Mais pas impossible. Comme l’avait souligné Bastian, elle y arriverait. Difficilement mais elle parviendra à cela, elle se lèvera un matin en se disant que la vie est de nouveau belle. Éventuellement, elle trouvera quelqu’un, elle rencontrera de nouveau l’amour et peut-être qu’elle fondera une famille. Mais là, elle en est encore loin. Pour le moment, elle se contente d’être assise dans le sofa en compagnie de l’homme et de balancer que l’amour, c’est une connerie, une perte de temps. Parce que de toute façon, tout s’arrête un jour et ça, malheureusement, elle en a fait l’expérience. Elle est ravie de voir qu’elle n’est pas la seule à le penser, elle ne relèvera pas, elle n’ajoutera rien, tout a déjà été dit. Chacun son truc, de toute façon. Ils sont là, sur le sofa, ils ne se connaissent pas et pourtant, ils arrivent encore à se chamailler comme un vieux couple et au fond, Jamie ça l’éclate. Bien qu’elle devrait faire attention. A croire qu’elle prend des risques pour savoir jusqu’où elle peut aller, sortir de sa zone de confort, provoquer l’univers. C’est vrai qu’elle aurait pu se noyer dans son bain, elle a même failli s’endormir en réalité, tellement elle était relaxée. L’eau chaude avait eu ce pouvoir de détente sur elle, un truc qu’elle ne connaissait même pas. Exactement, vous m’avez encore sauvé la vie, merci! Le rire de la blonde s’élève dans la pièce alors qu’elle est partagée entre l’écouter raconter n’importe quoi, manger la pizza et balancer des conneries. Il raconte réellement n’importe quoi et pourtant, ça lui remonte le moral à la jeune femme. Comme le fait de porter un pyjama même en dessous du peignoir. Techniquement, elle aurait pu ne rien porter ou se limiter à un de ses nombreux ensemble de sous-vêtements mais honnêtement, elle n’avait pas réellement eu le cœur à ça. Avant de perdre son mari, Jamie était très féminine, elle portait des nuisettes en soie, elle prenait grand soin d’assortir ses sous-vêtements mais avec le temps, elle avait perdu cette étincelle et ce serait difficile de la rallumer cette putain d’étincelle. Par contre, ce qu’elle avait allumé c’était ce putain de feu la veille. Elle fait sa moue boudeuse avant de répondre de manière moqueuse, en lui donnant un léger coup dans la jambe - très délicat, précision, avec son pied. HEY! Elle éclate de rire avant de reprendre la parole. C’est vrai que si j’avais su que c’était vous, j’aurais mieux fait les choses, prévenez la prochaine fois. Un nouveau rire sort de la bouche de la jeune femme. Elle ne s’attendait pas à passer une soirée plutôt agréable puisque la journée avait très mal commencé. Mais il semblerait qu’il soit d’humeur taquin, ce qui ne déplaît pas à Jamie qui est visiblement amusée de la situation et de la tournure que cette soirée prend. Elle l’écoute parler du cliché qu’elle est, il a raison, c’est ça le pire. Elle le sait et elle ne le cachera pas. J’assume le fait d’être un cliché, surtout quand j’ai plus l’air d’une secrétaire, posée à tapoter sur mon ordinateur, affutée d’une paire de lunettes. Elle note la flatterie cependant, vingt-cinq ans et jolie. C’est vrai que c’est pas donné à tout le monde. Blonde, un corps de rêve, y’a pire dans la vie. Malgré tout, elle reste malgré tout mystérieuse, elle ne veut pas trop en dire, y’a pas mal à raconter. Les soirées entre copines dans les bars, à faire la fête, à tenter d’oublier son mal-être, à danser jusqu’à en avoir des cloches aux pieds. C’est toujours d’actualité pour la jeune femme mais pour le moment, elle est plutôt perdue à cause de toute cette nostalgie qui semble s’être fait une place dans la vie de la jeune femme. La nostalgie squatte sans jamais payer de loyer. Et Jamie, elle en a marre. Il est taquin, elle le reconnaît, le coup du téléphone rose la fait sourire. C’est Jamie, elle est pleine de surprise. Après tout, pourquoi pas, c’est vrai que ça pourrait l’aider à se changer les idées non? Elle n’a aucune idée de la manière dont cela fonctionne malgré tout, elle tente de prendre une voix très sensuelle afin de répondre à l’homme qui continue de squatter son canapé. Le téléphone rose? Vous êtes un petit coquin. Dites-moi, ne serait-ce pas vous le clown dans toute cette histoire? C’était techniquement la voix qu’elle prenait lorsqu’elle devait parler au téléphone. Sans forcément le vouloir. Alors c’était pas trop compliqué au final. Et ça la faisait bien rire à la gamine, surtout quand on lui faisait remarquer.

- - de petite flamme ne vient grande lumière. (@jamie monroe)

J’aime me moquer des personnes. Ce n’est jamais très méchant, simplement ça m’amuse de déstabiliser les autres. Et avec cette femme, cela fonctionne plutôt bien puisque j’arrive à en savoir de plus en plus sur elle depuis tout à l’heure. Je me moque un peu de tout, de sa condition, de sa maladresse. Du fait qu’elle porte un pyjama aussi, me voilà déjà à l’imaginer avec un ours en peluche. Sérieusement, à son âge, on ne porte plus de pyjama. Ou alors, j’ai eu de la chance, car mes deux précédentes femmes n’en ont jamais porté. Les nuisettes étaient de mise, c’est tout de même beaucoup plus féminin, on ne va pas se mentir. Je ne me gêne pas pour taquiner la blonde, elle est un véritable cliché. La voilà qui lui donne un petit coup dans la jambe et qui explose de rire. Je fronce les sourcils avant de rire un peu aussi. « Vous pensiez me faire mal? Loupé, dommage. » Je continue la taquinerie, et souris à l’entendre. Je la préviendrai la prochaine fois, très bien, je note qu’elle veut me revoir. Sérieusement ? Ma virilité en prend pour son grade et ça ne me déplaît pas vraiment faut dire. Je continue de rire avant de l’entendre m’avouer qu’elle fait aussi la secrétaire, à taper sur un clavier avec une paire de lunettes. Je ne peux pas m’empêcher de continuer à rire, cette femme ne cesse de me surprendre. Elle fait exprès de jouer des rôles? « Vous êtes aussi du genre à vous déguiser en infirmière ou quoi? » Je la taquine, j’ai envie de la déstabiliser un peu et qu’elle se détende davantage. Je m’arrête un peu de rire avant de sourire pour lui faire remarquer qu’elle m’intrigue. Elle me surprend sans arrêt depuis tout à l’heure, elle a plus d’un tour dans son sac on dirait. C’est une femme vraiment intéressante, j’aurai jamais pensé en la voyant la première fois. Vous savez ce qu’on dit des blondes, c’est pas les plus intelligentes. Je ne dis pas qu’elle l’est pour autant, elle reste une femme, mais elle a au moins le don de me faire rire et d’être pas désagréable comme compagnie. Si j’avais pensé ça. Je continue de l’embêter en lui demandant si elle est aussi clown, ou demoiselle du téléphone rose. Sans rire, elle aurait le profil parfait, ça m’étonnerait même pas. Et ça ne semble pas lui déplaire à la blonde, parce que la voilà qui sourit et qui prend une voix très… sensuelle. Perturbante même afin de me répondre. Je lui lance un doux clin d’œil quand elle me traite de petit coquin, avant de me retourner la question du clown. « Décidément mademoiselle, vous en avez des atouts. La voix, la sensualité, la blondeur. La femme idéale, en somme. Quel est votre secret? » Je lui lance un léger sourire avant de déposer de nouveau le carton de la pepperoni sur la table basse. Je ris un peu avant de me reculer pour me remettre dans le canapé à ses côtés. J’ai envie d’aller plus loin, de voir jusqu’où elle est capable de rentrer dans son rôle. Ça a l’air de lui plaire, autant continuer. Après tout, elle écrit des bouquins de ce qu’elle dit, alors jouer un rôle ne doit pas être compliqué pour elle. « Si j’avais été un clown, tu n’aurais plus ton peignoir sur tes épaules, tu peux bien me croire. » J’hausse un peu mon rictus et lui fait un nouveau clin d’oeil séducteur avant d’attraper une part de pizza pour la lui tendre. « De la pizza? » Inutile.

- - j’étais prête à tourner la page mais c’est la page qui ne veut pas se tourner. (@bastian millford)

Jamie est intriguée par Bastian. Le courant semble bien passer, il la fait rire et il a un certain charme qu’elle ne peut pas nier, il ne la laisse pas réellement de marbre, pour tout avouer. La jeune femme est même un peu déstabilisée et pourtant, c’est difficile d’y parvenir, surtout avec elle puisqu’elle est très compliquée. Mais il a un truc, ce petit quelque chose sur lequel elle n’arrive pas à mettre la main, il est définitivement taquin et sa présence éclaire sa journée morose. Elle lui donne un petit coup délicat du bout du pied et il éclate de rire avant de lui demander si elle pensait lui faire mal. Jamie soupire et hausse les épaules avant de rigoler, faussement ennuyée du fait que cela ne lui ai pas fait. Oh… Déçue. Choquée et déçue. Non, c’est pas vrai en réalité mais pour le coup, c’était drôle. Jamie semble se lâcher un peu, elle redevient la petite nana attachante qui rigole, qui est elle-même au lieu de déprimer pour quelque chose sur lequel elle n’a absolument aucun contrôle. Puisque c’est la réalité, elle n’a absolument aucun contrôle la dessus mais elle peut contrôler l’image qu’elle renvoie aux autres et elle a décidé d’être elle-même, la femme pleine de surprise qui avait fait craquer son mari, quelques années auparavant. Était-elle du genre à se déguiser en infirmière? C’était probablement. Elle ne savait pas ce qui se passait actuellement mais elle était bien, elle se sentait bien. Et ça se voyait. Seulement pour Halloween, ça aussi c’est cliché n’est-ce pas? Et pourtant c’était vrai. Elle l’avait fait lors du dernier Halloween qu’elle avait fêté avec son mari. Jamie aimait le surprendre, sortir de sa zone de confort, tentant de continuer à séduire son mari au quotidien parce que ça s’entretenait une relation comme celle là. Et cela avait fonctionné puisqu’il n’avait d’yeux que pour elle. Elle était la seule qu’il avait aimé, jusqu’à la mort. Jamie était une personne créative, elle parvenait toujours à ses fins, au résultat voulu. Elle était ainsi, pleine de surprise et pétillante. C’était un rayon de soleil les jours où elle se sentait bien. Comme ce soir là. Le fait de ne pas être seule ça avait aidé et se retrouver à discuter avec celui qui lui avait sauvé la vie, ça lui changeait les idées. Il lui lance un clin d’oeil lorsqu’elle le traite de coquin et elle l’écoute avant de reprendre cette voix sensuelle afin de rebondir sur la conversation qu’ils sont entrain d’avoir. Une demoiselle ne révèle jamais ses secrets. Jamie rigole de nouveau. C’est un petit jeu de séduction qui semble s’être installé entre eux. Le fait qu’ils ne se connaissent pas c’est encore mieux. Il lui dit que si il avait été un clown, elle n’aurait plus son peignoir sur ses épaules, elle lui lance alors un regard interrogateur et sourit légèrement avant de reprendre la parole, toujours avec celle voix si sensuelle. Oh, monsieur n’est apparemment pas si coquin que je ne le pensais… C’est un nouveau rire qui s’échappe de la bouche de la jeune femme. C’est comme si d’un coup, elle lâchait prise dire de profiter de l’instant présent. Ça arrivait parfois, quand elle se sentait suffisamment bien pour sortir, aller boire un verre en ville avec les filles mais la confiance dont elle faisait preuve à ce moment là ne lui ressemblait plus. Il finit par lui proposer de la pizza, elle ne dira sûrement pas non, elle attrape le morceau de pizza qu’il lui a gentiment tendu et sourit. Une agréable soirée avec quelqu’un de surprenant, elle n’en attendait pas autant.

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- - de petite flamme ne vient grande lumière. (@jamie monroe)

Je n’arrive pas très bien à cerner la jeune femme. Nous avons l’air de plutôt bien nous entendre, même si j’ai l’impression qu’elle cache encore une tonne de chose. Je ne sais pas vraiment ce qui est en train de s’installer, si c’est un jeu de séduction ou autre chose. Je n’ai jamais vraiment compris ce genre de chose, c’est assez naturel chez moi, sans jamais forcer alors j’ai parfois du mal à distinguer tout ça du simple fait d’être aimable avec une femme. Malgré tout ce que je peux penser de ce genre-là, Jamie semble différente pour l’instant, c’est une femme intéressante qui semble pleine de surprise. Je souris légèrement quand elle fait mine d’être ennuyée de ne pas m’avoir fait mal, puis nous partons dans un délire de je ne sais pas trop quoi encore. Elle est du genre à se déguiser en infirmière. Je ne précise pas vraiment ma question, elle doit très bien se douter de quel type de moment je sous-entend, mais visiblement je suis un peu déçu quand elle évoque Halloween. J’hausse un peu les épaules en riant. « Totalement cliché. J’aimerai bien voir ça. » J’ai toujours aimé les jeux de rôle. Cela peut sembler bizarre, je le conçois, mais mes ex-femmes ne m’en ont jamais fait part, elles aimaient ça. Jouer des rôles pour me satisfaire. Bien sûr, ce n’est certainement pas la situation avec la jeune femme qui se trouve face à moi ce soir, mais je ne peux pas m’empêcher de continuer à rentrer dans son jeu comme elle rentre dans le mien. La voilà en train d’imiter une femme du téléphone rose, et c’est plutôt ressemblant. Elle se débrouille même plutôt bien et je suis assez bluffé. J’ai envie d’en savoir plus sur elle, mais surtout de voir jusqu’où elle serait capable d’aller en gardant ce jeu de rôle. J’essaie de la taquiner, ça fait vraiment plaisir de la voir ainsi, elle a l’air d’être heureuse le temps d’un instant et ce n’est pas plus mal vu l’état dans lequel elle était quand je suis arrivé. Une dame ne révèle jamais ses secrets. Soit. Mais la frustration s’invite, et je continue de l’embêter, ne pouvant pas m’en empêcher. « Que dois-je faire pour en savoir plus ma chère? » Je lui lance un léger clin d’oeil avant de rebondir sur mon sois-disant rôle de clown. Cette fois-ci, j’ose aller plus loin en la tutoyant. Son peignoir ne serait certainement plus sur ses épaules si je m’écoutais. Même son pyjama, mais nous nous connaissons à peine et ce n’est pas à moi de faire ce genre de premier pas. Surtout vu sa situation, ce serait mal convenu. Je me contente simplement de la séduire, et sa voix sensuelle qui revient n’arrange pas mon envie d’aller plus loin avec elle ce soir. Elle se débrouille affreusement bien, c’est affolant. Je ris doucement à sa remarque, qui ne me déplaît pas vraiment. « Qu’est-ce qui vous dit que je ne suis pas coquin ? Ce serait mal convenu d’une personne de votre rang, mademoiselle. » un nouveau clin d’oeil m’échappe avant que je n’attrape une part de pizza pour la lui tendre. Je n’ai pas envie d’arrêter là, mais j’aime jouer avec le feu, au sens propre comme figuré. Le rire de la blonde est agréable à entendre, et je n’ai pas envie de tout stopper alors continuons. Cette dernière mange sa part de pizza et je la regarde faire avant un sourire aux lèvres. Elle ne sait pas manger, voilà qu’elle a un peu de sauce tomate sur le coin de la bouche. Je ris un peu en la regardant, ne sachant pas trop si je peux oser l’enlever moi-même ou simplement se foutre de sa gueule. Finalement, je me penche vers elle en déposant mon pouce sur le coin de ses lèvres afin de lui enlever la sauce tomate. « Vous ne savez pas manger. Vous avez tout l’air d’une enfant, et moi d’une babysitter à ce stade. » Je continue de la taquiner en souriant. Je ne m’attendais vraiment pas à passer ce genre de soirée avec elle, croyez-moi.

- - j’étais prête à tourner la page mais c’est la page qui ne veut pas se tourner. (@bastian millford)

Jamie, la surprise incarnée. Une femme forte, du moins, elle essaie de l’être. À cet instant, elle a l’impression d’être tellement différente de la personne qu’elle a été ces dernières semaines, renfermée, trop sur ses problèmes, perdue entre ses larmes et son désespoir. Bastian y est pour quelque chose, il a réussit à la faire rire alors qu’elle avait juste envie de pleurer et de s’endormir devant un film triste. Il a réellement réussi à faire de sa soirée un moment réellement agréable. Mais il ne pensait tout de même pas qu’elle allait commencer à lui raconter tout ce qu’elle faisait pour que Marcus ne se lasse pas d’elle. Parce qu’elle en avait fait des choses par amour, pour qu’il ne se lasse pas d’elle. Jamie avait longtemps vécu avec la peur de le perdre face à une autre, elle n’avait absolument aucune confiance en elle et ça s’était ressenti non stop depuis qu’il était parti. Mais là, elle avait l’impression d’être une autre personne. Une impression de renaissance. Le fait qu’ils soient là à rigoler, à rentrer dans ce petit jeu qui ne regardent qu’eux semble être une bonne chose, quelque chose de positif. Même si à ses yeux, elle est un cliché ambulant. Jamie se contente de rire à sa remarque avant de hausser les épaules, ne sachant pas quoi ajouter à cela tout en conservant cette impression qu’il finira tôt ou tard par le savoir. Ce côté surprenant qu’elle possède ne reste pas réellement caché puisqu’elle prend un certain plaisir à le taquiner, utilisant cette voix sensuelle qui semble désormais plus faire partie qu’elle qu’autre chose. Il semble désireux d’en savoir plus. Il va falloir percer le secret, jeune homme. Voilà ce qu’elle répond, toujours amusée de prendre cette voix si sensuelle qui pourrait faire flancher n’importe qui. Elle savait qu’elle s’était trompée dans sa vocation, elle aurait du être hôtesse de téléphone rose, c’était écrit depuis le début. Comment est-ce que c’est censé bien se finir? Une personne de mon rang. Qui êtes-vous donc pour tenir ce genre de propos? Faussement offusquée, elle répond aux attaques forcées de l’homme. Il lui fait un clin d’oeil et elle sourit en retour, visiblement amusée de cette situation. De ce jeux. Cette soirée n’a visiblement rien à voir avec ce qu’elle avait en tête. Manger de la pizza sur le canapé en compagnie d’un parfait inconnu à qui elle a raconté toute sa vie pratiquement. Et devant qui elle ne sait apparemment pas se tenir et manger correctement. Troublée, voilà ce qu’elle est à cet instant, totalement troublée lorsqu’il pose son doigt sur le coin de la bouche de la jeune femme. C’est Jamie, elle n’a pas toute sa tête mais c’est vrai que sa maladresse peut parfois se traduire de cette manière aussi. Elle ne sait pas manger. Une grimace se dessine sur le visage de la jeune femme avant qu’elle ne réponde. C’est évident, oui. Elle rigole nerveusement, il l’a rendue nerveuse. Elle commence à parcourir la distance qui les sépare, se demandant au fond d’elle si c’était réellement une bonne idée. Jamie ne savait pas trop pourquoi mais ça semblait évident, logique sur le moment. Quelques centimètres la séparent encore de lui avant qu’elle ne finisse par l’embrasser. Un putain de moment de faiblesse. Cela aura été de courte durée puisqu’elle y aura mit fin aussi rapidement qu’il ne lui aura fallu de temps pour initier ce baiser, visiblement effrayée parce qu’elle vient de faire. Le silence règne dans la pièce, merde. Dire quelque chose ou se taire? C’est gênant. Reprenant sa place initiale, elle cale son visage dans ses mains, se maudissant d’être aussi conne. Jamie redevient donc elle même: vulnérable, pas en confiance, qui a l'impression de trahir son mari.

- - de petite flamme ne vient grande lumière. (@jamie monroe)

Cette femme était plutôt surprenante. En réalité, j’avais vraiment du mal à comprendre qui elle était, ce que nous étions en train de faire. La séduction n’a jamais été mon domaine, ou du moins, inconsciemment et je n’imagine pas vraiment ce que je suis en train de faire. Je me contente de l’embêter, de la taquiner, mais cela n’a pas vraiment un but de séduction. Ou je suis dans le déni, et c’est plutôt mauvais. J’aimerai percer ses secrets, elle semble vraiment mystérieuse. Je ne sais pas quoi faire de plus, alors je me contente de continuer de la taquiner alors qu’elle use de sa voix sensuelle une nouvelle fois. C’est comme si ça avait toujours fait partie d’elle, comme si elle était née pour être hôtesse du téléphone rose. Cela ne me déplaît pas, bien au contraire. Je passe une merveilleuse soirée, la première depuis un long moment. Depuis ma séparation avec mon ex-femme, à vrai dire. Je me sens plutôt confiant, et sans jugement et ça fait le plus grand bien. « Qui suis-je? Cela est une bonne question. La véritable serait plutôt, qui êtes-vous? » J’use de mon charme du regard pour la faire sourire, et je réussie plutôt bien mon pari. Elle semble plutôt heureuse en ma compagnie et j’en suis rassuré. Si ça peut m’éviter d’avoir à venir éteindre des flammes dans sa maison une nouvelle fois. La jeune blonde mange une nouvelle part de pizza que je lui offre, et je m’amuse à l’observer faire. Elle est maladroite, mais aussi visiblement gourmande puisqu’elle laisse une tâche de sauce tomate au coin de ses lèvres. C’est plutôt mignon pour être honnête, elle est là, comme une enfant avec une tâche de pizza au coin des lèvres. Définitivement, cette femme me surprendra toujours. Mon rire ne peut pas s’empêcher de revenir avant que je ne décide d’essuyer cette tâche qui est quand même assez grande. Du bout de mon pouce, je l’essuie doucement tout en la taquinant en précisant qu’elle est une vraie gamine. J’écoute rapidement les paroles de la blonde, elle semble nerveuse et je n’arrive pas trop à comprendre pourquoi. Les femmes, ces gens si spéciaux et étranges que je n’arrive pas vraiment à comprendre. Peu à peu, je sens la blonde qui s’approche de moi, et je fronce un peu les sourcils tout en la laissant faire. Qu’est-ce qu’elle fait, là? Ah. Je suis légèrement surpris quand ses lèvres terminent contre les miennes, une surprise d’autant plus grande que ce moment ne dure qu’une demie seconde avant que la blonde ne s’éloigne. Elle se remet à sa place, et là, j’me sens un peu comme un con. Je m’y attendais sans m’y attendre, c’était évident vu la manière dont elle me parle depuis tout à l’heure. Aurait-elle craqué sur moi? C’est plutôt flâteur, mais je n’ai rien à lui offrir. Pour l’heure, elle semble honteuse et reste silencieuse. Je l’observe cacher sa tête dans ses mains et je fronce un petit peu les sourcils. Je ne sais jamais quoi faire dans ce genre de moment, elle ne pleure pas hein? Pitié non, je risque de me barrer en courant sinon. Elle a besoin d’être rassuré, voilà tout. Je ne sais pas si elle embrasse souvent les hommes ainsi depuis le décès de son mari, mais ça ne la réussie pas visiblement. Je glisse une de mes mains contre son épaule afin de la rassurer. « Ce n’est rien Jamie. C’est oublié, ne t’inquiète pas. » Je lui offre un léger sourire. Elle doit être fatiguée, et j’ai l’impression que c’est l’heure pour moi de partir et d’arrêter de jouer à ce petit jeu à la con. Autant, je n’en ai rien à faire de ce que peuvent ressentir les femmes, autant je n’ai pas envie que la romancière se sente coupable ou je ne sais pas trop quoi encore. Je prend la décision de me lever tout en lui tendant la main. « Vous devriez aller vous reposer, vous êtes fatiguée et l’épreuve d’hier a été difficile psychologiquement. Tout va bien se passer, j’ai confiance en vous. Je vous accompagne, et je peux partir si vous voulez. Je vous laisserai mon numéro, si il y a quoi que ce soit ou que vous avez besoin de parler, n’hésitez pas à m’envoyer un message, d’accord? » Je lui offre un nouveau sourire. Trêve de plaisanterie, revenons à la normale. C’est peut-être mieux après tout.

- - j’étais prête à tourner la page mais c’est la page qui ne veut pas se tourner. (@bastian millford)

Jamie n’a jamais été du genre à embrasser des hommes ou à se jeter dans leurs bras. La jeune femme n’avait été amoureuse qu’une seule fois, c’était de Marcus, son grand et unique amour. Donc cela ne lui ressemblait pas d’embrasser un total inconnu mais c’était l’inspiration du moment, un banal instant de faiblesse et elle s’en rend compte. Le visage retranché dans la paume de ses mains, Jamie souffle légèrement, tentant de reprendre ses esprits alors que ses mains glissent dans ses cheveux. Elle regarde Bastian qui semble surprise. Alors que Jamie fronce les sourcils, elle tente de comprendre elle même pourquoi elle a fait ça. Elle se sent terriblement mal à l’aise et la seule chose qui lui vient en tête c’est de se justifier. Je suis désolé, je sais vraiment pas pourquoi j’ai fait ça, c’était l’inspiration du moment… Elle rigole nerveusement, se sentant réellement mal à l’aise. Le manque de sommeil n’aide pas. Il la rassure en lui disant que c’est rien malgré tout elle est mortifiée. Il se lève et lui tend la main en lui disant qu’elle devrait probablement aller se reposer parce qu’elle est fatiguée et que l’épreuve d’hier n’aide pas. il lui dit qu’il va lui laisser son numéro et elle sourit faiblement. La jeune femme saisit sa main et se relève du canapé, se trouvant face à lui. Elle a presque du mal à le regarder tellement elle a honte. C’est ce qu’elle ressent généralement lorsqu’elle a l’impression de trahir son mari. Si elle savait… Merci, ça devrait aller, je ne vais pas vous retenir plus longtemps! Mais merci pour la soirée et la pizza! Elle relève la tête et elle lui offre un sourire. Ils s’avancent tous deux vers la porte d’entrée, elle en a fait suffisamment comme ça. C’était peut-être le signe que la soirée devait se terminer là.