Long time no see (Harper)

Russel m'avait demandé de lui dénicher un nouvel appartement de fonction puisque celui fourni par le consulat était loin de lui convenir. D'une certaine façon je pouvais aisément le comprendre, après tout il faut admettre qu'avec tout ce va et vient au sein de l'établissement diplomatique il lui était difficile de trouver tranquillité et respect de son intimité. Je m'étais donc engagé à lui trouver quelque chose de bien sans, toutefois, négliger les mesures de sécurités. Voilà pourquoi je proférais m'occuper personnellement des visites de résidences, histoire d'éviter les mauvaises surprises. En naviguant sur les sites internet de diverses agences immobilières je tombai sur cette annonce d'un penthouse, situé en plein cœur du centre-ville torontois, et puisqu'il s'agissait d'une visite libre je décidai de me rendre sur place afin de me forger ma propre opinion sur le potentiel que pouvais avoir l'endroit.

Arrivé sur place je commençai par effectuer un tour du quartier afin d'évaluer les risques en matière de sécurité, je préférais ne rien laisser au hasard. Au premier regard je ne voyais rien susceptible d'attiser mon inquiétude, le quartier me paraissait tout aussi paisible que sympa. C'était un excellent point de départ. Le temps était maintenant venu de juger de la sécurité au sein de l'immeuble. À l'entrée je vis ce vigile qui , bien que pas aussi baraqué que moi, semblait néanmoins en imposer de par sa présence. Il s'agissait là d'un autre bon point. Le saluant, d'un geste discret, je me dirigeai vers l'ascenseur afin de me rendre à l'étage ou se trouvait l'appartement à visiter.

La cage de l'ascenseur s'ouvrant et donnant sur un couloir, je me dirigeai vers ce dernier afin d'emprunter un ascenseur privé menant à l'appartement concerné. Remarquant une caméra de surveillance je ne pus que sourire. De toute évidence rien n'avait été laissé au hasard. Arrivé dans l'appartement, j'en fis le tour du propriétaire sans trop me soucier des autres personnes présentes et je m'attardai sur les vitres du solarium. Il s'agissait de mon premier point soulevant une certaine inquiétude. Je m'imaginais le pire. Que se passerait-il si un hélicoptère, muni d'une pièce d'artillerie lourde, se mettait à faire feu ? De toute évidence un énorme feu rouge venait de s'allumer dans ma tête. Enfin si jamais je décidai de prendre cet appartement il allait falloir remplacer toutes les vitres par des panneaux de verres à l'épreuve des balles. C'était non-négociable en ce qui me concerne.

Contemplant la vue sur la ville, je réfléchissais aux diverses améliorations qu'il faudrait apporter à l'endroit si jamais on le prenait, puis entendant un timbre de voix qui me semblait plutôt familier je finis par me tourner et je me retrouvai face à une personne que je n'avais pas revu depuis des années. Magnifique tel était le premier mot m'étant venu à l'esprit lorsque mon regard en vint à se plonger dans le sien … j'en oubliais presque les raisons de ma venue ainsi que le métier de la belle. « Harper ? Quel plaisir que de te revoir.  Ça fait un sacré bail que l'on ne s'est pas vu. Dis-moi comment vas-tu ?» M'approchant d'elle je me permis de l'embrasser sur la joue, tout en la prenant dans mes bras, au nom de notre amitié puis j'eus une réaction plus qu'amusée à voir l'expression se dessiner sur le visage des gens présents. « Hey ! On se connaît elle et moi alors ne partez pas de folles rumeurs. » Ignorant la présence de ces quidams je portai de nouveau mon attention sur cette vieille connaissance ressurgit de mon passé. « Comme un imbécile j'allais te demander ce que tu fais ici mais je me dis que c'est probablement toi qui est chargé de la vente de cet appartement. Je me trompe ? » J'ai toujours été quelqu'un d'une grande perspicacité, du coup je me disais que je n'étais probablement pas très loin de la vérité mais bon peut-être était-elle venue uniquement pour faire du repérage mais j'étais persuadé que je serais bientôt fixé.

Les journées se ressemblent toutes. Depuis ton retour à Toronto, tu sillonnes les rues à la recherche de nouvelles maisons, de nouveaux appartements pour tes futurs clients. Cette entreprise est très réputée ici. Tu te souviens encore lorsque tu bossais à Los Angeles avec Wendy. Tu avais monté cette affaire avec elle. Un soutien de taille, sans faille. Wendy a toujours été là et t'as toujours épauler. C'est une de tes plus grandes alliées. En venant la retrouver ici, tu savais pertinemment que tu retomberais sur ton passé, a un moment donner. C'est arrivé il y a plusieurs jours. Will et ses grands yeux. Tu l'aurais dévoré, comme autrefois. Tu t'en veux tellement de l'avoir laissé comme ça, il y a huit ans. Tu regrettes tellement de choses, c'est vrai. Tu ne peux - malheureusement - plus faire marche arrière. Et puis si tu as agis comme ça, tu l'aurais sans doute fait et refait si tu en aurais eu l'occasion. Parce que tu as toujours été comme ça.

Tu te changes un peu les idées, aujourd'hui. Le beau temps est avec toi et ça te donne du baume au cœur. Tu en oublierais presque tes retrouvailles avec ton ex-mari. Café en main, tu te poses contre la vitrine à l'extérieur de ton agence. Tu fumes ta cigarette. Oui, tu t'y es mise depuis peu. Enfin, depuis quelques jours en réalité. Revoir Will t'avais pas mal retourner le ventre et l'esprit. Tu tires quelques lattes jusqu'à ce que le téléphone se mette à sonner. Tu avales rapidement une gorgée et tu te précipites à l'intérieur pour répondre. C'est ton amie. Elle t'a fixé un rendez-vous pour une visite en plein centre-ville. Un immense appartement. Un truc fraîchement rénové dont tu étais tombée amoureuse la première fois que tu l'avais vue, d'ailleurs. C'est un appartement privé. Assez sécurisé. Il y a même un vigile en bas de l'immeuble. Il s'occupe de la surveillance. Parce que la sécurité est primordiale. Tu prends l'ascenseur et tu montes jusqu'à cette appart'. Tu commences la visite avec un couple. Une femme enceinte et un homme assez costaud. D'apparence, il ressemble à un militaire. T'es persuadée que c'est son boulot. Suite à ça, tu prends les devants et tu parles de cet endroit. Tu le vend comme tu sais si bien le faire, avec les bons mots. Jusqu'à ce que cette voix familière détourne ton attention. Tu le reconnais très rapidement. Parker. Et cette carrure qui t'a toujours laisser bouche-bée. Il s'approche de toi et t'embrasse la joue, tandis que tu lui souris. - Je vais bien, merci. Ça me fait très plaisir de te voir, moi aussi ! Tu n'as pas changé ! Toujours aussi ... baraque ! Lâches-tu, laissant un léger rire s'échapper d'entre tes lèvres. Parker est une connaissance de Los Angeles. Un homme avec qui tu avais pu échanger. C'est une bonne personne, t'en es certaine. Et c'est pour ça que tu es aussi contente de le revoir. Ça faisait bien trop longtemps. - Toujours aussi perspicace à c'que j'vois ! Tu soulignes, main que tu viens déposer sur son bras. Tu détournes le regard vers ce couple. - Je vous laisse terminer la visite, je vais en avoir pour un moment. Dis-tu simplement, doucement amusé par ses retrouvailles. Le couple affiche un sourire et continue la visite des lieux tandis que toi, tu l'emmènes avec toi dans la pièce à côté. C'est toujours mieux d'être au calme pour discuter. - Mon Dieu, que j'suis contente de te voir. Vraiment. Dis-moi, et toi alors ? Comment ça va ? Tu t'intéresses à lui et ce qu'il est devenu depuis toutes ses années. Ça passe tellement vite.