i get so lost inside your eyes (harper)

t'as failli être en retard à ton rendez-vous, la faute à une Hayley mal lunée et des céréales qui ne semblaient pas être les bons. c'est qu'à t'occuper de trois gamins, et de ta boite, tu finis par faire des erreurs. t'essaies, pourtant, d'être parfait. de les combler, tes petits. mais parfois, seulement parfois, la fatigue prend le dessus, et tu foires. oh, bien sûr, ils te t'en veulent pas longtemps, les enfants. mais toi tu rumines, tu ressasses, tu te dis que t'aurais du y penser, au lieu de flirter jusqu'à une heure avec la photo d'une quarantenaire à la peau bronzée par le soleil du sud, de miami. une américaine, loin, comme si t'essayais de détruire tout espoir dès le début de trouver quelqu'un. comme si tu voulais pas vraiment d'un nouvel amour dans ta vie. accroché à tes fantômes, tu as fini par t'endormir, en oubliant le prénom de celle à qui tu n'as plus répondu ce matin. comme lassé. à la place, t'as enfilé ta chemise, t'as attrapé ta sacoche et t'es parti, une Hayley grincheuse sous le bras. tu l'as déposé à l'école avant de ressortir la carte de visite de la femme que tu devais retrouver sur ton dernier chantier, près de la plage. Harper Jonsson, tu connais pas. tu n'as jamais bossé avec son cabinet. en général, ce n'est pas toi qui fait les visites avec les promoteurs immobiliers. mais Pete est malade et t'avais rien à faire ce matin, de toute façon. alors t'as pris la route, un cd de radiohead en fond sonore. tu devais la retrouver dans la bâtisse presque terminée. une magnifique maison familiale, un des derniers modèles sortis des esprits de tes architectes. un petit bijou dont tu n'étais pas peu fier. t'es arrivé le premier, t'as attendu la bonne femme. et puis une voiture a fini par se garer. et une silhouette par sortir de la porte conducteur. et ton visage s'est crispé alors que ton reconnaissait l'autre. Harper. ton Harper. ton esprit bégaie, tu ne comprends pas. tu devais rencontrer Harper Jonsson, promotrice immobilier, pas Harper Sheppard, boulangère, ton ex-femme. "Harper ?" que ta voix demande, tremblante, alors que tu t'approche d'elle sur le chemin de pierre que tes équipes ont installées la semaine précédente. "Qu'est-ce que tu..." tu ne parviens pas à finir ta phrase. t'es sur le cul. t'en as la tête qui tourne.

un nouveau jour se lève. t'es prête à conquérir le monde, encore une fois. depuis que tu as radicalement changé de vie, c'est une nouvelle femme qui sort de son lit tous les matins. t'as monté ton entreprise à Los Angeles. ta boîte dans le domaine de l'immobilier. tu t'étais également associée avec Wendy. ton amie de toujours. ou presque. elle a dû partir. s'installer à Toronto. ta ville natale. c'est elle - en partie - qui t'a poussé à la suivre. à la rejoindre. ton mari ? tu ne le supportais plus à l'époque. et c'était le bon échappatoire pour te reconstruire pour la seconde fois. mais surtout pour la dernière. alors elle a ouvert cette entreprise et tu t'es pointé l'année d'après. une boite qui marche du tonnerre de Dieu. t'es ravie d'pouvoir en faire partie. Wendy, elle ne sait pas vraiment ce que tu trafiques lorsqu'elle a le dos tourné. et elle ne le saura jamais. en tous cas, tu fais tout pour. tu caches assez bien ton jeu. tu dois te présenter dans le quartier "the beaches", près de la plage. t'as rendez-vous avec un certain Pete. dans une maison familiale avec un cachet resplendissant. tu connais un peu les lieux pour y être passé récemment. mais tu ne t'étais pas arrêté sur cette bâtisse fraîchement construite. comme chaque matin, tu t'arrêtes sur la route pour récupérer ton café à la boulangerie du coin. et t'as pris la direction de la plage, au volant de ta nouvelle berline. tu fais claquer tes talons au sol lorsque tu rejoins l'allée faite de pierres. un homme te rejoint. et pas des moindres. son visage est familier. tu manques de trébucher. - Harper ? le son de sa voix, presque tremblante. tu relèves automatiquement les yeux sur lui. - Qu'est-ce que tu.. surpris. tout comme toi. tu replaces une mèche de tes cheveux à l'arrière de ton oreille. tes bras et ce dossier que tu bloques contre ta poitrine. un geste de protection. te protéger ? mais de quoi ? certainement pas de will. - Qu'est-ce que je fais ici ? tu conclus facilement. reprenant doucement tes esprits. - Je travaille ici. J'ai rendez-vous avec un certain "Pete". tu décides d'ajouter, comme pour éviter tout autre sujet. ça te fait quelque chose de le revoir. t'as la gorge qui se noue et le ventre qui crie à l'aide.

tu as toujours été quelqu'un de carré. du genre à tout prévoir à l'avance, à avoir réfléchi à tous les possibles, à avoir une solution à tous les scénarios. t'es devenu de plus en plus fort à ça alors que tes gamins grandissaient. prévoir pour l'école, pour le petit déjeuner, pour la fac, pour les premiers coeurs brisés et les premières victoires. mais tu ne t'étais pas attendu à revoir Harper, surtout maintenant, surtout là, dans cette situation. quand elle est partie... putain quand elle partie, t'as morflé. t'étais complètement détruit comme jamais t'avais été auparavant. t'en es tombé en dépression de la perdre, de ne pas être assez. t'as jamais aimé personne aussi fort. même ta première femme, même celle qui t'a aidé à devenir qui tu es, elle n'a pas eu le droit à cette intensité, à cette puissance. Harper, c'était le grand amour de ton existence, et elle s'est barrée. et t'as même pas réussi à lui en vouloir. après tout, la première c'était déjà tirée. pourquoi tu réussirais à rendre la deuxième heureuse, elle ? même la troisième pourtant, t'y as cru. ou peut-être que la troisième n'a été là que pour soigner la blessure grande ouverte du divorce. mais elle avait beau te manquer, tu ne t'étais jamais accroché à la possibilité de son retour. parce qu'elle te l'avait dit, elle n'était pas faite pour ça. alors t'as encaissé, par amour. aujourd'hui aussi t'encaisses, par surprise, par choc, par désarroi. "Je travaille ici." que t'arrives à articuler, essayant de donner à ton visage le peu de contenance que tu pouvais encore avoir. "Pete est malade, je l'ai remplacé au pied levé." tu essayes de lire dans les yeux de celle qui fut ta femme. est-ce qu'elle aussi, elle ressent le battement de son coeur jusque dans ses chaussettes ? est-ce qu'elle sent le même bourdonnement dans ses oreilles ? t'as l'impression que tu vas tomber dans les pommes, tu fais bonne figure pourtant. tu ne t'étais pas attendu à ça. tu repenses à la carte. Harper Jonsson. ça te vient d'un coup, une nouvelle claque. "Alors, c'est toi Harper Jonsson ?" tu essaies d'avoir un sourire, t'es pas sûr que ça ressemble à quelque chose. des lèvres blanchies par le stress, pincées dans un rictus de douleur maquillée en politesse. t'es pas capable de plus. "C'est un joli nom. Félicitations, tu as l'air... bien." putain, pourquoi t'as dis ça ? pourquoi t'as dis ça ? "Tu veux commencer par la visite de la maison ou des extérieurs ?" bosser, ouais voila, t'es là pour bosser. vaut mieux que tu penses à ça, le boulot.

ça fait un an que tu es de retour. et tu n'avais même pas pris la peine de revenir dans sa vie. dans la sienne, mais surtout dans celle de ta fille. tu l'as abandonnée, lâchement. et tu t'en veux. évidemment que si tu avais l'choix, tu ferais les choses différemment. seulement, tu étais jeune et insouciante. complétement perdue. désorientée par une vie qui n'était pas celle que tu vis aujourd'hui. tu as bien changé et tu sais très bien que ça va être compliqué de le prouver à ton ex-mari. le voir ici te tétanise légèrement. tu ne t'attendais pas à tomber dessus aussi banalement. - Je travaille ici. Pete est malade, je l'ai remplacé au pied levé. tu sens qu'il n'est pas bien. que cette situation n'est pas franchement agréable. d'une manière ou d'une autre, ça te fait du bien. comme un retour aux sources, en réalité. will a beaucoup compté. et ça, même si votre histoire n'a pas duré autant de temps que ta dernière relation. c'était si ... différent. tu comprends rapidement que c'est avec lui que tu vas visiter cette demeure. et rien que t'imaginer toute la matinée à ses côtés te rend vulnérable. tu n'étais pas prête pour ça. tu es tétanisée à l'idée de te retrouver seule en sa compagnie. et pourtant, combien de fois l'as-tu déjà été ? tu ne répliques pas, ça ne servirait pas à grand chose. et puis, il reprend la parole aussitôt, will. comme toujours. - Alors, c'est toi Harper Jonsson ? on y vient et t'as les mains qui se mettent à trembler. - C'est un joli nom. Félicitations, tu as l'air... bien. est-ce une petite reproche déguisé ? tu ne sais pas trop comment l'prendre, alors tu roules doucement des yeux. - C'est.. c'est pas c'que tu crois. Enfin, si. Mais c'est.. beaucoup plus compliqué que ça. tu avoues finalement, sans en dire plus. après tout, cela ne le regarde plus. t'as pas spécialement envie de t'éterniser sur une histoire qui est terminer, pour toi. jack ne le sait pas, mais il doit certainement s'en douter. un an sans nouvelles. un an que tu es partie sans rien lui dire. comme une voleuse. comme si ce mariage n'avait aucun sens. parce que oui, il n'avait aucun sens en réalité. et revoir will te chamboule complétement. - Tu veux commencer par la visite de la maison ou des extérieurs ? il reprend, comme pour changer de sujet. éviter le conflit, peut-être un peu. tu soupires doucement, sourire qui se dessine sur tes lèvres. il est temps de se mettre au travail, il a raison. - Peut-être par l'intérieur et ensuite on fera le tour de la propriété. tu suggères. tes yeux qui viennent croiser les siens. - j'te suis. dis-tu, gênée. la matinée risque d'être un peu plus tendue que prévue. tu ne te sens pas à ton aise. t’appréhende pour le reste de la matinée. t'as juste envie d'éviter une dispute quelconque en rapport avec votre passé, cette situation. votre fille, aussi.

s'il faisait déjà froid quand t'es parti de chez toi, le temps semble s'empirer au fur et à mesure que le vent se lève. c'est sûrement pour ça que t'as les mains qui tremblent, que tu te dis. mais au fond, tu sais très bien quel est le problème. le problème, c'est qu'elle ne voulait plus de toi et que ça t'a brisé. qu'elle a préféré vivre sans toi parce que t'étais pas assez bien pour elle. t'as jamais été assez bien pour personne. ça, t'avais presque réussi à l'oublier. cette haine de toi, de ta gueule, de ta paupière feignante et de ton front trop grand. t'es qu'un déchet qu'on jette et elle, elle rayonne. elle, elle est toujours aussi belle, toujours aussi lumineuse. un ange tombé du ciel. t'as même de rares flocons de neiges qui viennent se mettre dans ses cheveux, si c'est pas un putain de signe. Harper Jonsson, promotrice immobilier. t'arrives pas à avaler l'information, c'est trop étrange pour toi. tu te souviens encore l'odeur des beignets que tu achetais tous les jours juste pour voir son beau sourire. c'était il y a dix ans, t'aurais du passer à autre chose. t'es passé à autre chose, tu t'es marié. t'as divorcé, encore. tu t'es concentré sur ta boite, sur tes enfants, sur toi. et t'as continué à penser à elle. à te demander ce qu'elle pouvait bien devenir, ton aventurière. faut dire que tu as toujours aimé les femmes libres. c'est ce qui t'a perdu. masochiste. t'aurais mieux fait d'être l'un de ces misogynes qui refusent de voir madame ailleurs que dans la cuisine. peut-être que celle qui aurait accepté de t'épouser, alors, serait encore à tes côtés. "Je comprends" que tu lui réponds. menteur, tu n'y comprends rien. elle est quoi, mariée ? veuve ? elle l'a quitté, lui aussi ? c'est lui qui est parti ? tant de questions qui te brulent les lèvres. mais tu te tais, tu la fais entrer dans la maison, dans le grand hall de la maison qui t'étouffe désormais. tu aurais pu la rendre heureuse, dans ce genre de baraque. si elle en avait eu envie, hein. "La demeure possède cinq chambres, trois salles de bains et une cuisine d'été." tu gardes un ton neutre, t'es presque redevenu le professionnel que t'as toujours été. après tout, elle n'est là que pour ça. par pour te retrouver, elle ne savait même pas que tu serais là. elle n'est pas là pour revenir dans ta vie, ni dans celle d'Hayley. ne t'emballes pas William. tu l'emmènes dans la cuisine. "On a rajouté trois mètres par rapport aux premiers plans afin de laisser de la place autour d'une table, pour en faire le coeur de la maison. Il y a aussi un sellier par ici, et une salle à manger de l'autre coté." t'évites de poser les yeux sur elle. elle est trop belle pour ça, tu risquerais de t'envoler.

will a énormément compté à tes yeux. une histoire de deux ans, seulement. quand on y pense, deux ans, ce n'est pas grand-chose dans une vie. et pourtant, il aura fallu de deux ans pour que tu sois carrément folle de lui. certes, un peu plus vieux que toi, à l'époque, mais l'amour n'a pas d'âge. tes parents n'ont jamais été très enthousiastes à l'idée de l'épouser. ils ne sont même pas venus à ton mariage, d'ailleurs. chose que tu peines à leur pardonner encore aujourd'hui. cette histoire a eu raison d'eux, finalement. tu es partie, non pas parce que tu ne l'aimais plus. uniquement, parce que tu ne supportais plus cette routine. enfin, jadis, tu étais jeune. encore dans l'âge de l'insouciance. tu vivais pour toi, pas pour le reste. tu te pensais aventurière dans l'âme, mais tu as fini par vite déchanter lorsque tu étais dedans. t'as fini par te rendre compte que ce n'était pas pour toi. t'aurais pu revenir près de lui. le reconquérir. te faire pardonner de l'avoir abandonné. lui et Hayley. mais au lieu de ça, t'es rester à los angeles pour te bâtir un bel avenir. qui, aujourd'hui, te réussit plutôt bien. tu fais enfin quelque chose que tu aimes. c'est difficile à croire, mais l'immobilier ça te plaît. le fait de parler de Jack avec ton premier mari, te met complétement mal à l'aise. tu détournes le regard pour ne pas l'affronter, will. tu évites ses prunelles pour ne pas t'y plonger pendant des heures. son regard, c'est la première chose qui t'avait charmer. - Je comprends. quelques mots suffisent pour que tu comprennes qu'en réalité, il ne comprend pas vraiment. les traits de son visage l'ont doucement trahi. et comme tu détestes parler d'ex avec un ex, tu esquives le sujet. t'es douée pour éviter les sujets tabous. vous prenez l'pas direction l'intérieur de cette grande maison. tu entres et tu es surprise par la beauté des lieux. tes yeux pétillent et tu souris. une maison comme tu en as rêvé par millier, c'est vrai. - La demeure possède cinq chambres, trois salles de bains et une cuisine d'été. c'est une très très grande maison, suffisamment spacieuse pour y accueillir deux familles en même temps. tu relâches tes bras de ta poitrine, laissant tes doigts venir caresser les murs de pierre fraîchement modernisé. Will a énormément d'imagination, sa aussi sa te plaisait. - C'est vraiment très jolie. T'as toujours eu bon goût en matière de rénovation. dis-tu simplement, tes iris qui viennent retrouver les siennes. il est toujours aussi beau, Will. et tu ne peux t'empêcher de le regarder, au risque de replonger. - On a rajouté trois mètres par rapport aux premiers plans afin de laisser de la place autour d'une table, pour en faire le cœur de la maison. Il y a aussi un sellier par ici, et une salle à manger de l'autre coté. tu écoutes attentivement, prenant note de tout ce qu'il te dit. parce qu'après c'est à toi de faire ton boulot. tu marches au pied levé dans chacune des pièces de la maison. ton appareil photo en main dont tu prends en photo les espace. un brin nostalgique. parce que cette maison aurait pu être la tienne. - J'ai toujours rêver d'une maison comme celle-ci. tu dis d'un ton fébrile, roulant des yeux. est-ce la nouvelle harper qui rêve de cette maison ou est-ce celle d'avant qui pensait vouloir une vie de princesse, avec le beau prince charmant, le beau gros château et qui s'est finalement retrouver à vivre une vie qui n'était pas la sienne ?

quelle sensation étrange en toi. t'as beau être dans le froid de l'hiver canadien, tu brûles d'une fièvre inédite. comme si on avait allumé un feu dans tes poumons et que les flammes s'étaient mises à lécher ton estomac, tes intestins, ton foie, tout en se répandant, gourmandes, dans ton coeur. tu pourrais presque sentir la sueur dans ton dos. les gouttes couler au fur et à mesure qu'elle se rapproche de toi. cette chaleur, tu la connais bien. tu l'as déjà ressentie des milliers de fois.  comme ce jour où tu l'as emmené dans le nord, sur un coup de tête, et que vous avez passé la journée à faire du traineau à chiens, rigolant comme des idiots face à la vitesse de votre escapade. ou quand tu l'as vu, dans l'allée, sa robe de dentelles découvrant ses épaules halées, un sourire étincelant sur le visage. un ange tombé du ciel avec ses grands boucles, alors blondes, et ses yeux pleins d'étoiles. t'en aurais le rouge aux joues, que de repenser à ce jour là. plus heureux encore que ton premier mariage, si tu oses te l'avouer. plus fastueux, certes, mais surtout plus tendre. moins précipité, dans un sens. et complètement fou. en la suivant à l'intérieur, tu n'as pu t'empêcher d'inspirer une bouffée de son odeur, jetant de l'huile sur ton brasier. c'est encore elle, c'est ta femme. ton ex-femme, que tu te forces de penser. elle est passée à autre chose. toi, t'as essayé, sans succès. tu t'es voilé la face, t'en as épousé une autre. une autre qui a pris la fuite quand elle s'est rendue compte qu'elle n'avait pas sa place dans ton palpitant. t'es vraiment un petit chanceux, hein. au fond, peut-être que tu ne les as jamais mérité, ces femmes. peut-être que tu ne mérites rien d'autre que ta solitude et ton lit froid. t'es trop ennuyeux pour qu'on s'intéresse à toi, c'est ce que tu as fini par te dire. mieux vaut rester professionnel, donc. c'est le seul truc que tu maitrises. la maison, tu la connais par coeur. tu l'as désignée avec Gemma, la petite amie de ton fils. enfin, son ex, que tu as cru comprendre. dommage, la gamine semblait être un bon choix pour ton ainé. une belle addition à ta petite famille. "Merci Harper. À vrai dire, j'ai été aidé. Isaac nous a ramené une petite amie architecte, une gamine adorable. Tu l'aurais appréciée." en tant que belle-mère, que tu insinues. parce qu'elle l'a été, Harper, belle-mère. t'as pas hésité une seconde à lui confier tes deux fils, tu savais qu'elle saurait les aimer. comme elle a aimé Hayley, un peu. avant de partir, et de vous laisser tous confus. ça y est, tu as commencé à parler des enfants. tu ne peux pas t'en empêcher, hein ? t'es obligé de devenir personnel, de les ramener partout. plus encore avec elle. "Elle m'a aidé à choisir les matériaux, où les placer. J'aime bien l'idée d'un oeil jeune sur mon boulot. D'ailleurs, Isaac aussi, il bosse avec moi de temps en temps. Il est à la fac, en ingénierie civile. Tu te rends compte ?" tu laisses un sourire t'échapper. c'est que t'es fier, putain, t'es fier de ce petit qui reprend le flambeau tout en voyant plus grand, plus beau. t'es fier qu'il ai été prit dans un cursus comme ça, et qu'il soit bon. toi qui n'a pas pu faire d'études, tu veux le meilleur pour ton enfant. en parlant d'enfant... Harper te parle de la maison et tu ne peux t'empêcher de sentir une pointe de rancoeur au fond de toi. tu lui en aurais offert des milliers, de maisons comme ça, si elle était restée. tu lui aurais construit la plus grande de toutes, de tes propres mains s'il avait fallut, et avec elle tu aurais fondé la plus belle des familles. des enfants partout, une odeur de gâteau au chocolat, des rires et des nuits au coin du feu, à s'embrasser. au lieu de ça, elle est partie, et t'es resté seul dans une maison vide. la même que Jill avait quitté quelques années auparavant. t'es heureux d en plus y vivre, dans cette maison. elle possédait trop de souvenirs, à force. tu évites de lui répondre. à la place, tu lui montres le grand salon et son mur de pierre. "On a décidé de mélanger les matières pour rendre le lieu plus vivant. La cheminée ici..." tu t'arrêtes. c'est trop con, ce qu'il se passe. tu restes fixé sur la cheminée, le regard dans le vague, la voix moins assurée. "Hayley est première de sa classe. Elle adore la musique, et les jeux vidéos. Lysander et elle passent leur temps à jouer à des jeux de courses et parfois, il fait exprès de perdre pour la rendre heureuse. Elle l'est, heureuse." ton sourire est lointain. nostalgique. "Elle te ressemble tant."

i get so lost inside your eyes
ft @will winslow

Si un jour, on t'avais dit que tu retomberais - par le plus grand des hasards - sur l'homme qui t'a le plus appris, tu n'y aurais pas cru une seule seconde. Ce n'est pas de cette manière que tu envisageais les retrouvailles avec Will, mais ce qui est fait n'est plus à faire. À dire vrai, tu ne sais pas vraiment si tu aurais tenté d'organiser les retrouvailles avec lui. La dernière fois que vous vous êtes vus, ça ne s'est pas franchement bien terminée. T'es partie avec un autre homme, sous prétexte que tu en étais amoureuse. La vérité est tout autre, mais ça il ne le sait pas. Et tu ne lui diras rien, c'est évident. T'as trop honte de toi. D'être partie comme une lâche. Abandonnant ta propre fille. Pas un jour ne s'est écoulé sans que tu n'y penses. Hayley. Et ses grands yeux clairs. Du moins, dans tes derniers souvenirs. Aussi lointain qu'ils sont, ta fille te ressemblait déjà. Will entame le sujet des enfants et tu sens que - tôt ou tard - il évoquera votre fille. - Merci Harper. À vrai dire, j'ai été aidé. Isaac nous a ramené une petite amie architecte, une gamine adorable. Tu l'aurais appréciée. Sans aucun doute. Tu affiches un doux sourire sur tes lèvres. Toucher par l'attachement qu'il a pour son travail. Et pour tout le reste. Tu aurais apprécié cette gamine, nul doute là-dessus. Lorsque Will avait de bons pré-sentiments, tu lui faisais confiance les yeux fermés. - J'en suis persuadée. Dis-tu simplement, laissant ton regard caresser la pierre apparente. Un brin nostalgique par les paroles du père de ta fille. Parce que tu aurais tellement pu avoir ton propre avis sur la jeune fille en question. Mais tu connais Will et tu es certaine qu'il pense ce qu'il dit. - Elle m'a aidé à choisir les matériaux, où les placer. J'aime bien l'idée d'un œil jeune sur mon boulot. D'ailleurs, Isaac aussi, il bosse avec moi de temps en temps. Il est à la fac, en ingénierie civile. Tu te rends compte ? Will a toujours été fier de ses enfants. Et tu sens dans le ton de sa voix qu'il prend un gros coup de vieux avec Isaac. Tu peux totalement le comprendre. Même si la situation est différente pour toi, t'as encore du mal à te dire que t'as une fille de huit ans, qui va déjà à l'école. C'est tellement différent. - T'as du prendre un gros coup de vieux ! Lances-tu, rictus aux coins des lèvres. Toujours gênée de la situation. - Je me souviens encore quand il avait treize ans ! C'est devenu un homme, maintenant. Il suit les traces de son paternel, c'est une bonne chose. Ajoutes-tu simplement, le visage adoucie. Et puis vous continuez la visite de la maison, tu le suis au pied lever. Caféine en main que tu décides de boire. Légèrement refroidi depuis le temps. Votre route ce stop net devant cette cheminée. Dans le grand salon parsemé de pierres et de poutres apparentes. Un charme fou cette maison. - On a décidé de mélanger les matières pour rendre le lieu plus vivant. La cheminée ici... Ses doigts caressant l'architecture. Tandis que tu détournes le regard sur lui, une fois de plus. Tandis que lui, te dévie du regard. Il y a tant de souvenirs à se remémorer dans ce genre d'endroit. Qui n'est pourtant pas votre lieu de prédilection. - Hayley est première de sa classe. Elle adore la musique, et les jeux vidéos. Lysander et elle passent leur temps à jouer à des jeux de courses et parfois, il fait exprès de perdre pour la rendre heureuse. Elle l'est, heureuse. Cette fois, c'est lui qui est à nouveau nostalgique du passé. Ton corps se crispe doucement alors que tu décides de lui tourner le dos. Toucher par ses dernières révélations. - Elle te ressemble tant. BOUM. Ça t'arrache le cœur. Si fort. À ce moment-là, tu donnerais tout pour faire marche arrière. Pour récupérer ta vie d'avant, une partie en tous cas. Et surtout, pour réparer tes erreurs auprès de ta fille. T'as honte et t'es prises de remords après ses quelques mots. Ta main qui vient se réfugier sur ton visage, glissant finalement sur ton front. Tu le savais. Tu savais qu'il évoquerait Hayley. Après Isaac. Votre fille. Tu soupires doucement. - Will.. Tu murmures, dans un souffle presque inaudible. Tu décides de te retourner, de lui faire face et de plonger tes iris dans les siennes. - Crois-moi que si je pouvais réparer les pots cassés, je le ferais. Mais .. mais c'est tellement compliqué. Tu finis par avouer. Tout est si compliqué. Revenir dans sa vie après plus de sept ans d'absence, non. Ce serait louche. T'es même pas certaine qu'elle sache qui tu es. T'as un pincement au cœur. Tes jambes décident de faire un pas en avant, te rapprochant dangereusement de lui. Non pas que tu tentes une approche, mais t'as pas envie que ça se termine en bain de sang. - Tu sais, je m'en veux d'avoir agi de la sorte. Je.. j'étais stupide. J'étais encore qu'une gamine. Je n'avais pas conscience de l'importance que ça allait avoir. Jusqu'ici. Hayley est dans ton cœur et elle le sera toujours. C'est une évidence. Tu l'aimes bien plus que tu ne puisses l'admettre. - Je pense qu'il faut qu'on trouve un moment tous les deux, pour s'poser et discuter de tout ça. Tu prends les devants. T'es prête à discuter lorsqu'il en aura l'envie et le courage, aussi. Il est temps de remettre les compteurs à zéro, non ?

Spoiler:

tu te demandes un instant si tu arriverais à te souvenir du gout de ses lèvres. c'est une pensée fuguasse, ça disparait bien vite. mais tu y as pensé, quand même. tu t'es posé la question, avant de te raviser. il faut que tu te remettes les idées en place mec. vous avez divorcé, c'est fini. elle est partie, elle ne veut plus de toi. elle n'est plus à toi. il faut que tu arrêtes de battre des cils et de la fixer, la bave aux lèvres. t'es ridicule mon gars. comme si t'étais le genre de gars vivant dans une comédie romantique. les mecs comme toi, ça n'intéresse pas les réalisateurs, ni les ménagères en chaleur sur leurs fauteuils. t'es rouillé, t'as déjà une tripotée de marmots, t'as les yeux fatigués, la paupière flinguée, un grand front, des cheveux gris cachés dans la broussaille, un ventre sans muscle, aucune classe, aucune prestance, t'as rien. rien d'autre que ta tête de poisson, la bouche grande ouverte devant cette créature qui n'a plus donné de nouvelles depuis presque huit ans. tu voudrais te taper la tête contre le mur, peut-être que ça te calmerais un peu. faut que tu arrêtes de rêver. que t'arrêtes d'y croire encore. en huit années, t'as pas été foutu de l'oublier une seule seconde. même quand t'as épousé Lily, t'étais pas sûr de ne pas voir Harper dans son reflet. tu l'as même appelé comme ça, une fois, pendant l'amour. la scène qui a suivi l'instant t'a presque coûté tes tympans. parce que penser à Harper, c'est comme respirer, et t'as jamais été très doué en apnée. tu ne peux pas t'empêcher de lui parler des enfants, comme si elle méritait d'en savoir plus sur ta vie. d'être mêlée à nouveau à ton existence. mais t'arrives pas à lui en vouloir. t'as l'impression d'être un gamin qui croise enfin le père Noel, celui-ci même ayant oublié deux années d'affilée le super vélo de tes rêves. tu lui sautes quand même sur les genoux, tu l'enlaces. et tu lui remets dans tes mains un peu de l'espoir déjà brisé. une nouvelle lettre. un nouveau vélo. encore. mais soudain Harper te fait rire et tu ne peux t'empêcher de retomber dans le panneau. encore. "Si tu regardes bien, tu risques de me trouver quelques cheveux blancs..." une petite blague qui te détend alors qu'Harper parle de ton fils. t'as toujours aimé la façon qu'elle avait de s'occuper de lui. après tout, tu t'es ramené dans sa vie avec deux gamins à charge, elles seraient nombreuses à fuir pour moins que ça. mais ton Harper est restée. "J'ai de la chance, il n'a pas encore décidé de me jeter du haut d'une falaise pour reprendre ma place.." un petit ricanement sort de tes lèvres. t'es fier de tes conneries. mais la vérité, c'est que t'es fier de lui. tellement fier que t'en arrives pas à voir qu'il va mal. père de l'année. ça te débloque, de parler d'Isaac. ça t'amènes à parler d'Hayley. princesse Hayley, que Lys' l'appelle. ils savent, tes fils, qu'elle a une place bien spéciale dans ton coeur. t'y peux rien. t'es le père d'une petite fille, c'est pas rien. une petite fille qui te demande parfois où est sa mère. t'as pas pu lui mentir. t'as vu trop de films où l'enfant part en couilles parce qu'il se sent abandonné. alors toi, tu lui as dit les choses. parfois, on est pas fait pour être parents. parfois, on est pas prêt. parfois, on a besoin d'apprendre à le devenir. tu lui as répété qu'elle était aimée, qu'elle était adorée même, par sa mère. mais qu'elle n'avait pas pu rester parce qu'elle aurait pu lui faire du mal en restant, qu'elle aurait pu vous faire du mal à tous les deux. que parfois, il est bon d'être égoïste. toi t'es resté, c'est le plus important. t'es de ceux qui restent, peu importe la force du vent. tu ne tournes pas le dos. Harper, elle, s'est tournée. elle regarde ailleurs et tu sens que c'est pour ne pas craquer. qu'elle s'en veut. et tu t'en veux d'avoir provoqué ça chez elle. t'étais là pour le boulot, pas pour l'enfoncer plus bas que terre. "Harper, c'est pas grave, vraiment." tu la regardes avec douceur, quand elle se retourne enfin. "On s'en est sorti, tu sais. Hayley et moi, on s'en est sorti. On va bien. On est passé à autre chose." menteur. pourquoi t'as dis ça ? "Nous nous en sommes sorti sans toi." outch, ça doit faire mal. c'était ça, ou lui dire que t'étais fou d'elle, pas vrai ? t'as pas envie qu'elle ne s'en veuille, alors t'es maladroit. elle te propose de la revoir, et un moment t'hésites. pourquoi faire, retomber amoureux ? te prendre dans ses filets, encore ? t'as mis huit ans et un mariage foireux pour l'oublier, ce n'est pas pour te faire avoir à nouveau. "Je ne sais pas Harper. Tu es partie, j'ai respecté ton choix." là, c'est toi qui regarde ailleurs. tu fais moins le fier. "Te voir faire le yoyo dans sa vie... C'est pas une bonne idée. Je suis désolé." en la rejetant, c'est toi que tu protèges. t'en as assez bavé, non ?

i get so lost inside your eyes
ft @will winslow

L'amour aurait certainement pu te retenir, mais c'est ta folie qui avait pris le dessus à l'époque. Tu étais encore très jeune. En tombant enceinte de ton mari, tu pensais pouvoir gérer. Tu te sentais prête. Et puis les mois se sont écouler ... Tu as commencé à flipper. T'as pris peur. Peur de la suite. Peur de voir ton avenir envolé. Vendeuse dans une boulangerie ? Ce n'était pas ce que tu voulais. Non. Tu te voyais à ton compte dans un domaine qui t'épanouissait. Les donut, les baguettes de pains, c'était trop pour toi. T'étais jeune. Tu n'étais pas prête. C'est tout. Tu as pris tes jambes à ton cou en tombant sur le premier venu. Ah ça oui, tu pensais qu'il était ton prince charmant. Tu y croyais dur comme fer. Jusqu'à ce que les années s'écoulent les unes après les autres. T'as déchanté aussi vite que tu y avais cru. Aujourd'hui, tu le sais, Will est le prince charmant. Il l'a toujours été. T'étais juste trop jeune. Est-ce une bonne raison pour accepter ton abandon ? Tu en doutes. De toute façon, t'as jamais pris les bonnes décisions dans ta vie et ce n'est pas maintenant que ça va changer. - Si tu regardes bien, tu risques de me trouver quelques cheveux blancs... Tu ris avec lui, doucement. Will a énormément changé. Tu trouves. Il a également pris un coup de vieux, c'est vrai, mais il est fidèle à lui-même et ça a le don de réveiller certains souvenirs. Plutôt agréable. - Je trouve que les cheveux blancs te réussissent plutôt bien. Tu avoues finalement. Tu aurais mieux fait d'éviter tout compliment comme celui-ci, au risque de lui rappeler tout ce que vous avez vécu. Déjà que ta présence doit certainement pas mal le tourmenter. Will a toujours été un très bel homme. C'est aussi pour ça que tu es tombée dans ses filets, plus jeune. - J'ai de la chance, il n'a pas encore décidé de me jeter du haut d'une falaise pour reprendre ma place. Parler de ses enfants est une manière d'éviter certains sujets qui peuvent faire mal. Tu te souviens d'Isaac comme si c'était hier. Accepter les enfants d'une autre n'était pas quelque chose de simple et pourtant, avec lui, le courant est immédiatement bien passer. Isaac était un peu comme ton fils. D'une manière ou d'une autre. Sans pour autant prendre la place de Jill, attention. Tu ris avec lui une nouvelle fois. Ça détend l'atmosphère et sa fait un bien fou. Jusqu'à ce qu'il évoque ta fille de huit ans. Tu as des remords et tu en a toujours eu. Le fait d'avoir été loin d'elle te permettait de moins y penser et de moins te morfondre. Même s'il n'y avait pas un seul jour où tu pensais à eux. De nombreuses fois, tu as saisi ton téléphone, composer son numéro, sans aller jusqu'au bout. Parce que tu n'y parvenais pas. C'était beaucoup trop dur de revenir dans sa vie sans savoir si tu serais capable d'y rester pour le reste de sa vie. - Harper, ce n'est pas grave, vraiment. Il commence à dire, presque adouci, alors que tu te retournes pour le regarder. T'as un pincement au cœur, la gorge nouée. - On s'en est sorti, tu sais. Hayley et moi, on s'en est sorti. On va bien. On est passé à autre chose. Ça te tord les boyaux, carrément et ton visage se ferme un peu plus. Tes mains sont moites. - Nous nous en sommes sorti sans toi. Il balance finalement. Alors que tes yeux se relèvent immédiatement sur lui. Ça fait mal. Ça te touche. T'es piquée en plein cœur. Mais en même temps, c'est si compréhensible. Ce serait égoïste de ta part de préférer que ce ne soit pas le cas. Non. Tu es heureuse s'ils sont heureux sans toi. Tu prends sur toi, malgré cette fierté inégalable. En principe, tu te serais bloquée. C'est presque le cas, d'ailleurs. Tu baisses les yeux, tu ne sais plus trop quoi penser en réalité. Tu propose de le revoir pour discuter d'Hayley. De vous, par la même occasion. - Je ne sais pas Harper. Tu es partie, j'ai respecté ton choix. C'est vrai. Tu restes de marbre, tu t'attends à la suite. Mais pas à autant de réticence. À quoi tu t'attendais, Harper ? - Te voir faire le yoyo dans sa vie... C'est pas une bonne idée. Je suis désolé. Ton cœur aurait pu s'arrêter net, mais tu l'as fixé. Sans dire un mot. Très silencieuse. T'es vexée, en fait. Et tu sais que tu ne devrais pas l'être. Après tout, il veut protéger sa fille. Tu le comprends. Mais non. T'aurais aimé qu'il soit conciliant et qu'il accepte. Alors tu tournes les talons. - T'as sans doute raison. C'est mieux comme ça. Fierté mal placée. Tu le prends mal. - Finissons la visite, je ne voudrais pas te retenir trop longtemps. Tu balances ensuite, tes mains qui froissent doucement le dossier. T'as qu'une envie à présent, c'est de partir en courant. Will a provoqué quelque chose en toi. Il a fait renaître ta culpabilité et certains sentiments. Il est temps de fuir à nouveau.