(savannah, lewis) + dangerous reading

Les livres, la littérature, se plonger dans un univers auquel elle ne connaissait rien, dans lequel personne ne la connaissait. Les livres, c’était sa passion depuis qu’elle était gamine, une passion qu’elle assouvissait à chaque fois qu’elle en avait l’occasion. Que ça soit dans la chaleur de son cocon à la maison, que ça soit dans les turbulences de ses avions, que ça soit sur le ferry pour rejoindre Toronto Island ou que ça soit sur un banc, dans la fraicheur du froid canadien, Savannah avait constamment un livre dans son sac, dans sa main, partout où elle le pouvait. La jeune femme était persuadée que la lecture développait la créativité, mais surtout, c’était le moyen idéal de s’échapper de son quotidien, de fuir ce qui nous faisait peur ou ce que l’on ne voulait pas affronter.
La belle, elle avait déjà de profiter d’une journée qu’elle passait à Toronto avant un nouveau voyage qui durerait deux jours dans la ville de Chicago, pour se rendre à la librairie. Librairie, endroit qu’elle connaissait par cœur, chaque recoin, chaque rangée de livres, chaque partie de cet endroit. Elle savait où trouver les romans d’amour, les romans fantastiques (qui n’avaient pas sa préférence), les romans historiques ou encore les romans policiers, Savannah les connaissait par cœur.

Quand elle franchit les portes de la librairie, l’odeur des livres anciens mêlée à celle des nouveaux livres lui caressa les narines, elle salua la jeune vendeuse qui travaillait là depuis quelques mois, fit un petit détour par le présentoir où le gérant tenait à montrer ses dernières trouvailles, de jeunes auteurs qu’il avait tendance à vouloir mettre en évidence.
Savannah aimait acheter des livres de jeunes auteurs, elle avait la volonté de se dire qu’elle les aidait ne serait-ce qu’un tout petit peu à se lancer de cette manière. Oh elle n’était qu’une petite goutte d’eau au milieu d’un énorme océan, mais quelle différence cela faisait-il au final ? Savannah se dirigea ensuite vers l’allée des romans policiers. Elle avait envie d’être prise aux tripes, elle avait envie d’histoires inquiétantes, de disparitions, de meurtres, elle avait besoin de ça pour le moment. Elle fit glisser ses doigts fins le long des tranches des couvertures de livres, elle sentit l’odeur des plus anciens d’entre eux, quand son regard s’arrêta tout en haut de l’étagère sur une couverture qui lui parlait, un auteur qui lui parlait aussi. La jeune femme ne savait pas trop comment s’y prendre pour l’atteindre, aucun tabouret dans le coin, alors elle jeta un regard discret autour d’elle puis grimpa lentement et précautionneusement sur la première planche de l’étagère, espérant que personne ne la verrait, mais bien vite elle perdit l’équilibre.

Et… merde !

Rien d’autre à dire, mais ce qu’elle n’avait pas vu, c’était la présence de quelqu’un d’autre dans la même allée qu’elle.

Un côté sauvage, un côté dangereux, il y avait définitivement quelque chose de ce genre chez la jeune femme. Savannah, elle ne cherchait pas l’attention des autres, elle voulait se débrouiller toute seule, c’était comme ça qu’elle était. Mais en réalité, elle aimait qu’on la voie, elle aimait recevoir l’attention des gens, mais principalement au sein de son avion, quand elle était dans sa jolie tenue bleue, que les passagers cherchaient à résoudre leurs petits soucis. Elle voulait qu’ils soient aussi à l’aise que possible.
Là, au cœur de cette librairie, elle avait repéré la perle rare, elle avait repéré le livre dont elle avait envie, celui dont la couverture l’avait attirée au premier coup d’œil. Une couverture un peu jaunie certes, mais dont les couleurs vibrantes lui faisaient de l’œil. Un roman policier, un thriller avec des couleurs aussi vives sur la couverture, ça avait de quoi attirer son attention. La jeune femme était donc montée sur la bibliothèque, histoire de pouvoir l’atteindre sans devoir attendre, sans devoir demander de l’aide, mais force était de constater qu’elle n’était pas très douée, et en perdant l’équilibre, elle fit tomber quelques livres. Mais ce à quoi elle ne s’était pas attendue, c’était de sentir des mains se poser sur elle, pour la rattraper.

Savannah tourna le regard vers la personne en question, et quelle ne fut pas sa surprise de croiser le regard d’un homme, plutôt jeune, plutôt à son gout, il fallait bien le reconnaitre. Surprise, elle sourit à sa remarque. Elle se dit d’ailleurs qu’il parlait comme un vieux, mentionnant qu’elle devait faire attention à sa santé et pas au matériel, le genre de discours que sa nourrice avait avec elle, quand elle grimpait aux arbres sans se soucier des conséquences.

Je suis pas vraiment du genre à faire très attention… La preuve.

Elle sourit légèrement avant de tenter de retrouver de l’équilibre, et surtout une façon de se dégager de ce mauvais pas. L’inconnu ramassait les livres pour éviter d’attirer l’attention des vendeurs, et il les déposa délicatement sur les étagères. Elle fut surprise de voir à quel point il pouvait être délicat avec les ouvrages. Savie se retrouvait en lui, elle avait l’impression de se voir, frottant du bout des doigts la fine couche de poussière déposée sur les couvertures des livres.
Quand il lui tendit la main pour l’aider à descendre, la brune l’attrapa et lui sourit en répondant :

Merci beaucoup. Il m’arrive d’être un peu maladroite parfois.

La belle posa les pieds par terre avant de lui dire, posant le regard sur le livre qu’elle n’était pas parvenue à attraper.

Ma curiosité m’a poussée par ici, et mon regard s’est posé sur ce livre là-haut, mais impossible de l’attraper. Je ne comprends pas pourquoi ils les rangent aussi haut. Il me le faut vraiment.

Et elle allait trouver une solution, quitte à par exemple aller discrètement chercher une chaise pour grimper dessus, ou un tabouret, n’importe quel objet qui lui ferait atteindre son but ultime. La belle était têtue dans son genre.

Les deux ne se connaissaient pas du tout, Savie ne se rappelait pas avoir jamais croisé ce jeune homme et pourtant, elle était originaire de la ville. Mais Toronto était tellement immense, on rencontrait de nouvelles personnes tous les jours, et c’était sans doute ce qui faisait le charme de cette ville cosmopolite.
Mais elle, elle avait toujours été une aventurière, elle avait toujours aimé prendre des risques, s’amuser, et parfois elle tombait, elle se blessait, elle faisait de belles conneries, et elle assumait pleinement ce côté de sa personnalité. Mais visiblement, le jeune homme qui venait de l’aider en la rattrapant lors de sa chute, il n’aimait pas trop les gens qui prenaient des risques. Savannah sourit lorsqu’il lui fit promettre de ne plus prendre de risques. C’était bien mal connaitre la jolie blonde qui avait clairement un esprit aventureux.

Je vous le promettrais bien, mais ma maman m’a toujours dit que c’était pas joli de mentir, et je ne suis pas persuadée de pouvoir tenir cette promesse.

Savannah l’observa alors qu’il grimpait, de manière beaucoup plus délicate qu’elle, sur la bibliothèque, et qu’il attrapait le livre, le saint-graal, ce livre qu’elle rêvait tellement de lire. Mince, elle espérait qu’il allait tout de même accepter de le lui donner, elle ne serait vraiment pas contente si ce n’était pas le cas. La belle sortit son sourire le plus charmeur et lui demanda :

Je peux quand même l’avoir si je vous promets de faire un tout petit peu plus attention la prochaine fois ?

Oui, ça elle pouvait le faire, mais elle savait qu’elle ne pourrait pas en faire beaucoup plus. Une casse-cou, elle l’était depuis l’enfance et elle ne savait pas comment elle pourrait faire autrement.
Elle sourit légèrement avant de lui demander, croisant les bras sur sa poitrine.

Ca vous dirait de prendre une boisson chaude dans le salon de dégustation ?

Un petit salon de thé avait élu domicile dans la pièce d’à côté, l’idéal pour commencer à feuilleter les précieux ouvrages achetés.

Cette rencontre était agréable et bizarre en même temps. Savannah n’avait pas l’habitude que les gens lui disent de faire attention, simplement parce que dans une grande ville comme celle-ci, les gens ne faisaient pas attention les uns aux autres. Il n’y en avait jamais que pour sa petite personne, on ne se souciait plus de rien et on avançait dans sa vie, enfermé dans une bulle sans voir le reste du monde.
Savannah était donc surprise de croiser un homme qui se souciait réellement d’elle, et pas simplement parce qu’il espérait qu’elle lui montre autre chose que son livre préféré. Non, lui, il avait l’air de savoir ce qu’il voulait, et il n’avait pas l’air d’avoir besoin d’un plan cul avec la jolie jeune femme. La belle lui sourit avant de répondre, un peu gênée finalement par son comportement de gamine qui éprouve le besoin de grimper partout.

D’accord, va pour des efforts. Je pense pouvoir faire attention à ça oui.

Oui, elle en était parfaitement capable. Mais depuis qu’elle avait rompu avec le boulet qui lui servait de fiancé, Savannah se sentait pousser des ailes. C’était comme si elle était devenue une personne différente, comme si la vie lui donnait une deuxième chance d’être heureuse, de supprimer cette relation chaotique de sa tête et de se concentrer sur de nouvelles choses. Alors elle se laissait aller, elle découvrait des nouveaux endroits, elle se comportait un peu moins comme la gentille fille un peu naïve qui se laisse aller à croire tout le monde et surtout, n’importe qui. Oh elle ne se lâchait pas encore complètement, mais elle réapprenait à vivre en ne comptant plus nécessairement sur la personne qui lui tenait le bras aux soirées mondaines organisées par les pontes de la ville.

Je m’appelle Savannah. Et vous alors, c’est quoi votre nom ?

Elle souriait à sa remarque, il était marrant en fait sous ses airs un peu trop sérieux. Elle le trouvait un peu coincé de prime abord, mais en réalité, ce jeune homme était plutôt drôle, attachant en fait. Elle ne le connaissait pas le moins du monde, mais elle le trouvait assez attachant. Mais alors que tous les deux se dirigeaient vers la caisse, la belle se retrouva surprise de voir son livre se volatiliser une nouvelle fois, pour atterrir dans les mains de son sauveur, et rapidement il lui donna une explication qui ne parvint pas à convaincre Savannah.

Je suis pas sûre d’être d’accord avec ça mais je vais devoir accepter si je veux récupérer le livre. Mais je vous préviens, c’est à charge de revanche !

Savannah ronchonnait un peu, mais ça n’en valait pas la peine. Elle lui paierait une boisson au salon de dégustation. Une fois leurs achats terminés, elle lui proposa donc de l’emmener au salon et il accepta en disant qu’il ne connaissait pas l’endroit.

Oh, vous n’allez pas être déçu ! C’est juste à côté, et c’est l’endroit idéal pour dévorer des livres en sirotant une bonne boisson chaude. Ils ont un café coco à se damner !

Elle ouvrit la porte de la librairie et se dirigea vers le salon de dégustation, qui était littéralement juste à côté de là où ils se trouvaient. Elle savait que Lewis ne serait pas déçu.