lost (owen)

- - même si nous sommes mortels, nous sommes avant tout vivant. (@owen reagan)

Samedi matin. C’est le moment parfait pour laisser Reggie se défouler. Assise sur le banc devant la maison, Jamie regarde l’horizon. La skyline de la ville l’inspire. Elle aime le matin, elle aime la fraîcheur et ce moment de bien-être, de détente alors que son chien, lui, court partout. Jamie observe le calme, la ville de loin, là où tout se vit. Elle réfléchit, tente de trouver l’inspiration. Difficile. Toronto Island, c’est calme, c’est l’endroit pour se ressourcer quand on veut s’aérer l’esprit, c’est l’endroit que les touristes visitent parce que c’est calme, c’est une autre partie de Toronto qu’on ne voit pas. Les maisons sont belles, sans prétention, il y’a de la verdures, des petits chemins qu’on emprunte pour aller au magasin du coin sans être dérangé par la circulation. La circulation c’est généralement le bus scolaire. Il passe deux fois par jour, au ramassage des élèves en matinée et au dépôt de ceux ci en fin de journée. Cependant, Jamie voit quelqu’un passer, devant elle. Et elle a l’impression de vivre un déjà vu, comme si la personne tournait en rond. C’est jamais vraiment son genre de déranger les gens mais elle se demande si elle n’irait pas aider l’inconnu. Il semble s’arrêter sans trop savoir où aller. La jeune femme se lève pour aller à sa rencontre. Bonjour! Lance la jeune femme, espérant ne pas le faire paniquer. Vous semblez perdu, je peux vous aider? C’est pas le genre de Jamie de proposer de l’aide et de déranger mais elle a l’impression qu’un coup de pouce serait le bienvenue, alors pourquoi pas? En espérant qu’il ne prendra pas cela trop mal. C’est pas le but de la jeune femme. Mais on peut facilement se perdre sur l’île, ça lui est déjà arrivé, surtout lorsqu’elle est venue la première fois, pour voir la maison. Mais elle a trouvé le coin tellement charmant, idyllique. Elle est tombée amoureuse, immédiatement, c’est là qu’elle a compris qu’elle allait vivre ce nouveau départ tant attendu. Que c’était chez elle. Elle l’avait trouvé sa maison. Et pour rien au monde elle ne la quitterait.  

Lost in the wind, ça lui correspondait tellement bien en cet instant. Owen était paumé. Pourtant, ça lui paraissait être une bonne idée de venir découvrir la petite île de Toronto en cette journée venteuse, mais force était de constater qu’il avait fait une belle connerie. Il avait d’abord confié sa fille à la baby-sitter qu’il avait embauchée lors de son arrivée à Toronto.
Owen n’était pas un fanatique de baby-sitter, il s’était toujours débrouillé sans pendant qu’il vivait à New-York mais ici, il n’avait pas ses parents, ni l’entièreté de sa famille ou ses amis, alors il devait se débrouiller comme il pouvait et après de longues recherches, il avait fini par prendre une jeune fille qui s’occupait d’Alia et s’occupait aussi de la maison, histoire de lui donner un coup de main pendant qu’il était de garde à l’hôpital.

Aujourd’hui, il avait confié à sa baby-sitter qu’il avait besoin de se changer les idées. Il avait été forcé de la mettre au courant de son état de santé, raison pour laquelle elle se montrait extrêmement bienveillante envers lui et sa fille. Il lui e était reconnaissant, il fallait bien le reconnaitre. Anissa lui avait conseillé de se rendre sur Toronto Island par le ferry, qu’il y trouverait l’apaisement et l’isolement dont il avait besoin deux jours avant l’annonce des résultats de ses nouveaux examens. Il redoutait le verdict mais il voulait se changer les idées, et c’est pour ça que la jeune fille lui avait dit que cette île lui ferait du bien. Mais alors qu’il avait débarqué depuis deux heures sur l’île, qu’il s’était enfoncé toujours plus loin, voilà qu’il se retrouvait complètement perdu, le froid le prenait aux entrailles et il ne parvenait pas à retrouver le port où il était arrivé deux heures plus tôt. Il redoutait le départ du dernier ferry et il avait vraiment besoin de rentrer. Perdu, il tournait et tournait encore dans les rues de l’île, mais force était de constater qu’il était complètement perdu. C’est alors qu’une voix émergea de nulle part, le surprenant un peu.

Oh euh… bonjour. Ou bonsoir, j’en sais rien, j’ai eu la bonne idée de ne pas prendre mon téléphone.

Il soupira, regarda autour de lui et se passa une main dans la nuque avant de lui répondre :

Sûrement en fait. Vous savez à quelle heure repart le dernier ferry vers la ville ? C’est la première fois que je viens ici.

Ce qui devait sûrement se voir à sa tronche de paumé, pas de doute là-dessus. Et les températures s’écrasaient lentement, il espérait pouvoir rentrer chez lui ce soir, avec sa chance…

- - même si nous sommes mortels, nous sommes avant tout vivant. (@owen reagan)

Jamie avait accosté un total inconnu qui ne semblait pas trop savoir où il allait. Cela lui rappelait la première fois qu’elle était venue de ce côté ci de la ville. La jeune femme avait marché sans trop savoir où elle allait et elle s’était perdue, malgré tout, elle s’était sentie bien, pas stressée et assez heureuse à l’idée d’être là. C’était le mélange parfait entre la grande ville et la campagne, c’était réellement ce qu’elle avait recherché toutes ces années. Jamie aimait tellement Toronto Island, autant qu’elle n’aimait la ville. Elle écouta l’homme lui dire qu’il avait eu la bonne idée de ne pas prendre son téléphone et cela fit sourire la jeune femme qui pouvait se reconnaître dans ces mots, elle sortait souvent sans téléphone et c’était généralement ces jours là que quelque chose arrivait. C’est un peu la loi de l’emmerdement maximal et c’est toujours dans ce genre de situation qu’on se maudit de ne pas avoir pensé à prendre ce putain de téléphone. Parfois ça fait du bien de se couper un peu du monde ceci dit! Avoua Jamie. C’était une réalité, la jeune femme aimait réellement se couper du monde de temps à autre. C’était relaxant et le fait de se retrouver seule c’était parfait. Son interlocuteur lui demande à quelle heure était le dernier ferry, il avait de la chance d’être tombé sur quelqu’un qui connaissait les horaires du ferry sur le bout des doigts. Il est à onze heures et quart ce soir, vous n’avez qu’à longer le lac pour aller jusqu’aù ferry, c’est à environ dix minutes à pieds! Jamie avait tellement fait ce chemin qu’elle le connaissait par coeur, parfois, elle reprenait le premier ferry après avoir passé une nuit en ville, à faire la fête. Sa maison était la dernière de la rangée, elle se levait donc le matin avec la vue sur le lac, c’était probablement ce qu’elle préférait. Mais c’était perturbant la première fois qu’on s’y baladait puisqu’on n’arrivait pas forcément à se repérer, comme tout se ressemblait. En expliquant le chemin à l’homme, sa main montra le côté vers lequel aller. Longer le lac, c’était la meilleure solution parce qu’on se perdait par la route normale tandis qu’en passant par là, même de loin, le quai d’embarquement pour le ferry était visible. Ce qui évitait bien des galères!

A New-York, Owen était habitué de se couper de tout, même si ça pouvait sembler très compliqué dans cette ville qui ne dort jamais. Mais le quarantenaire avait parfois besoin de se couper de sa famille, couper de sa vie, couper de tout pour aller marcher, flâner dans les rues l’espace de quelques heures, avant de rentrer chez lui et de replonger dans sa vie. Cependant, depuis qu’il était papa, il le faisait de moins en moins, parce que ça voulait dire prendre une baby-sitter, et il s’y refusait jusqu’à aujourd’hui.
Owen observait autour de lui l’île de Toronto, il regardait le paysage, les bateaux qui allaient et venaient dans la baie, il observait la nature, les branches des arbres qui remuaient, le ciel qui s’assombrissait, et puis ce froid si intense qui le prenait aux entrailles. Mais il finissait par s’habituer à ce froid si intense, et il y prenait même gout en réalité. Heureusement, il s’était senti soulagé de voir apparaitre la silhouette de cette jolie blonde, qui allait sans doute être capable de l’aider. Elle semblait connaitre l’île et elle semblait être suffisamment gentille que pour l’aider.

Oh oui m’en parlez pas, mais là c’est pas fort malin vu que c’était la première fois que je venais par ici.

Il n’avait jamais mis les pieds sur Toronto Island, il ne connaissait rien de cette partie de la ville et il était venu se perdre ici, sans téléphone portable. Pourtant, il lui aurait été bien utile. Il aurait pu joindre sa baby-sitter, qui était originaire de la ville et la connaissait comme sa poche, et aussi pour la prévenir qu’il serait là plus tard que prévu. Mais heureusement, il connaissait le numéro de la jeune femme par cœur. Owen, c’était un vieux de la vieille et s’il trouvait un téléphone, il pourrait la joindre, au moins pour lui dire qu’il serait en retard.
Quand la jeune femme lui annonça l’heure du prochain ferry, il jeta un coup d’œil à sa montre pour se rendre compte qu’il avait encore une longue heure devant lui. Mais qu’est-ce qu’il allait pouvoir faire pendant une heure ?

Oh merde, mais j’ai encore une heure devant moi. Vous connaissez un endroit où je pourrais aller pour éviter de finir congelé ?

Et oui, parce qu’il n’avait pas encore l’habitude de ce froid si dur à supporter. Evidemment, ça allait mieux avec les semaines qui passaient, mais il faisait encore terriblement froid.

Et où je pourrais utiliser un téléphone pour prévenir ma baby-sitter aussi, si c’est pas trop demandé ?

Elle devait bien connaitre un café ou même un restaurant qui accepterait de l’héberger pour quelques dizaines de minutes, histoire d’attendre le ferry.

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Toronto Island, c’était l’endroit parfait pour se perdre, se couper du monde. Jamie en avait rencontré des gens qui s’étaient perdus sur l’île. Elle avait d’ailleurs été la première d’une longue série. Alors elle aimait aider les gens qui se perdaient à leur tour. Elle était de nature gentille, malgré tout le mal qu’elle avait pu vivre. Elle est là, à parler avec l’homme qui semble s’être perdu lui aussi. C’est vrai que ce n’était pas malin d’oublier de prendre son téléphone surtout n’étant jamais venu par ici. Jamie rigola légèrement, ce genre de situation, elle connaissait malheureusement. Elle était toujours la première à oublier son téléphone à la maison et à chaque fois, ça ne tournait pas en sa faveur. Ouais, ça m’arrive souvent aussi et comme par hasard, c’est ces jours là où on en a besoin… Le petit rictus qui venait conclure sa phrase se voulait un peu plus ironique que le précédent. La galère, ouais, elle connaissait malheureusement. Au fond d’elle, elle trouvait la situation assez amusante en fait, tout simplement parce que l’univers semblait s’amuser de ce genre de choses. A chaque fois qu’elle partait sans, elle avait soit un accident, elle devait soit joindre quelqu’un ou tout simplement, elle manquait des sms ou des appels important. Elle avait donc finit par en conclure qu’il était toujours important qu’elle l’ai avec elle, même pour aller promener Reggie au parc. Cela avait finit par devenir une habitude même si plus personne ne l’appelait maintenant qu’elle était totalement seule. Lorsqu’il lui demanda si elle connaissait un endroit où il pouvait se réfugier pour ne pas mourir de froid et aussi où il pouvait passer un appel, Jamie lui proposa tout naturellement de se réfugier chez elle. Vous pouvez venir chez moi, j’ai encore du café bien chaud et je peux vous laisser téléphoner aussi ! Elle sourit à l’homme, elle compatissait totalement à sa situation. C’était pas facile de se retrouver dans un endroit inconnu. Au fait, je m’appelle Jamie. Dit-elle en lui tendant la main. C’était une habitude que la jeune femme prenait lorsqu’elle se présentait à quelqu’un qu’elle ne connaissait pas. C’était tout simplement logique en fait. Elle cria après son chien pour le faire revenir alors qu’elle avait fini par se diriger vers la maison en compagnie de l’homme qu’elle venait de secourir.

Son téléphone, c’était pas un instrument de la plus haute importance pour Owen. Il ne s’en servait pas beaucoup, il l’avait avec lui pour les cas d’extrême urgence ou pour rester en contact avec sa famille, ses sœurs et ses parents, mais pour le reste, Owen n’était pas très doué avec la technologie. Il était plutôt du genre homme de Cro-Magnon et il assumait parfaitement ce côté de sa personnalité. Owen était un homme rustre, qui aimait la nature, les belles choses, l’air frais, et depuis qu’il était papa, depuis que sa petite Alia était rentrée dans sa vie, on ne pouvait pas vraiment dire qu’il bénéficiait de beaucoup de moments de tranquillité. Il ne le regrettait pas, il n’avait aucun problème avec sa paternité. Il aimait sa fille plus que tout au monde mais depuis qu’il avait pris une baby-sitter, il s’accordait des petits moments de calme avant de retrouver sa vie de père.

Ouais, c’est toujours au mauvais moment que ça tombe. Jvais bien trouver un bar où je pourrai téléphoner.

Il marchait dans les rues tranquillement. Owen avait les mains plongées dans les poches de son jeans alors qu’il discutait avec cette jeune femme. La blonde lui permettait au moins de savoir où était le port et donc l’endroit où il pourrait reprendre le ferry, mais le prochain trajet n’était pas avant une bonne heure et en attendant, il allait devoir continuer à se les geler dans le froid de Toronto. Mais alors qu’il s’attendait à devoir patienter encore un long moment dehors, la blonde lui proposa de l’inviter à prendre un café bien chaud chez elle et d’utiliser son téléphone pour prévenir sa baby-sitter. C’était plutôt sympa de sa part, elle n’était clairement pas obligée de le faire. Finalement, il y avait des gens sympas ici, l’ambiance était différente à ses yeux de celle de New-York.

C’est super gentil de votre part. Je suis pas contre un petit café bien chaud.

Il était frigorifié et du coup, l’invitation de la blonde tombait à pic. Et comme elle se présentait à lui tout en rappelant son chien à elle, il en profita pour se présenter lui aussi.

Et moi c’est Owen, je suis ravi de vous rencontrer, vous avez même pas idée !

Il éclata de rire avant de reprendre la parole :

J’imagine que vous habitez ici depuis longtemps ?

Elle semblait connaitre l’île comme sa poche alors ce n’était pas très difficile à deviner.

- - même si nous sommes mortels, nous sommes avant tout vivant. (@owen reagan)

Le fait de s’être perdue un million de fois sur l’île avait clairement aidé Jamie à s’y retrouver. C’est ainsi qu’elle se rendait compte qu’elle pouvait facilement aider d’autres personnes, qui, comme elle l’avait été, se retrouvaient totalement paumé sur l’île. En réalité, c’était un véritable labyrinthe. C’était aussi une des raisons qui poussait la blonde à ne plus sortir sans téléphone, même si la réception n’était pas toujours au top. Cependant, elle pouvait toujours s’en sortir. Jamie pouvait totalement comprendre ce besoin de se couper du monde, de prendre du temps pour soi. Elle le faisait bien souvent, elle aussi. Mais généralement, c’était un de ces moments où elle était dans son bain, coupée du monde avec une délicate musique relaxante, un masque posé sur son visage et pas le moindre stress. Être au chaud, totalement relaxée, pas le moindre stress. Se couper du reste du monde et se re-centrer sur sa propre personne. Jamie proposa donc à l’inconnu de rentrer chez elle pour se poser, boire une tasse de café et même téléphoner, parce qu’il semblait réellement en avoir besoin et elle comprenait que trop bien. Il se présenta sous le doux nom d’Owen. Ravie de vous rencontrer! N’hésitez pas à me tutoyer, ça ne me pose aucun problème! Avoua la jeune femme, en souriant à l’homme. Ils avançaient dans la maison, il semblait lui demander si cela faisait longtemps qu’elle vivait ici. Jamie ricana bêtement. En réalité, non, ça fait quelques mois, mais je me suis tellement perdue que j’ai fini par m’y retrouver! La blonde éclata de rire. Alors qu’ils arrivaient au niveau de l’entrée, elle appela une dernière fois son chien qui ne tarda pas à la rejoindre. Elle ouvrit la porte et se décala pour laisser entrer Owen. Il avait de la chance, elle avait fait du café bien chaud, juste avant de sortir. Elle avait même eu le temps d’en déguster une tasse. C’était le paradis de pouvoir profiter des boissons chaude par une hiver aussi froid. Lorsqu’Owen pénétra dans la maison, Jamie prit grand soin de refermer la porte derrière lui. La cuisine est par là, dit-elle en désignant la cuisine du doigt. Vous avez de la chance, j’ai fait du café il n’y a pas très longtemps mais ne faites pas attention, j’ai eu un petit incendie il n’y a pas très longtemps, la cuisine est donc en chantier. Jamie semblait toujours s’excuser d’un potentiel bordel qui ne s’y trouvait même pas. Mais pour le coup, oui, l’incendie avait bel et bien eu lieu! Grosse erreur de sa part, elle n'aurait pas dû boire et essayer de cuisiner. Même si en réalité, il ne s'agissait que d'un torchon ne se trouvant pas au bon endroit. Plus de peur que de mal, donc!