Discussion entre frère et soeur (Owen)

Un échange de sms plutôt banal, au cours duquel Owen n’aurait jamais cru obtenir l’information qu’il venait d’obtenir. C’était la fin de matinée lorsque sa sœur Erin lui avait annoncé qu’elle était à Toronto avec les jumeaux. Il lui avait dit plus tôt qu’il n’avait pas besoin qu’elle vienne, que tout allait bien et qu’il se rendrait bientôt à New-York, mais apparemment sa sœur avait pris les devants, et il allait devenir bien compliqué pour lui de lui cacher sa maladie.
Owen n’aimait pas mentir à ses sœurs, ça lui était insupportable, surtout à Erin qui était presque comme sa jumelle tellement ils étaient fusionnels. Mais quand il avait appris qu’elle était à Toronto, il n’avait pas vu d’autre choix que de l’inviter à passer chez lui, ou en tous cas qu’ils puissent se retrouver à un endroit, soit chez elle soit chez lui, histoire qu’ils puissent discuter tranquillement. Owen ne savait pas encore s’il allait lui révéler son état de santé, elle le prenait clairement au dépourvu, lui qui avait tellement l’habitude de tout contrôler. Depuis trois ans, il avait pourtant la sensation d’avoir perdu tout contrôle sur sa vie, et ce n’était pas une sensation qui lui plaisait beaucoup.

Il avait rangé la maison, planqué les papiers qui pouvaient donner des indices sur son état de santé, Alia était revenue de l’école, où elle ne se rendait encore que quelques heures le matin. Elle n’était pas encore obligée de faire des journées complètes, et Owen aimait l’idée de passer du temps avec elle tant qu’il en avait la possibilité.
Bizarrement, il se sentait un peu nerveux à l’idée de voir Erin, car il ne s’était pas préparé à le faire tout de suite. Il aurait voulu avoir davantage de renseignements sur sa maladie pour éviter de faire paniquer tout le monde. Mais c’était ainsi et il allait devoir s’y faire. Alia s’amusait sur son tapis de jeu quand son papa entendit des petits coups frappés dans la porte. Il jeta un coup d’œil dans la direction de sa fille, qui ne se souciait pas de ce qui l’entourait, trop concentrée sur ses jouets. Il sourit avant de se diriger vers la porte d’entrée pour faire face à sa sœur, sa petite sœur adorée.

Erin !

Il sourit avant de la serrer très fort contre lui, se rendant compte à quel point elle lui avait manqué. La famille Reagan avait toujours eu pour habitude de se voir le plus souvent possible, même si certaines des filles de la famille avaient choisi d’autres chemins. Mais ils finissaient toujours par se croiser au détour d’un repas chez leurs parents. Il relâcha son étreinte avant de se reculer pour l’inviter à rentrer. Il faisait froid dehors.

Viens entre, il fait glacial dehors.

Il avait l’habitude du froid et de la neige, ils en avaient à New-York aussi, mais c’était beaucoup moins intense qu’ici, où le froid les glaçait littéralement de l’intérieur. Mais ça ne lui déplaisait pas au fond.

Le temps à Toronto était différent de ce qu’ils connaissaient à New-York. Bien sûr, il arrivait en hiver, assez régulièrement qu’il fasse très froid à New-York, mais il avait l’impression que ce n’était pas le même froid, pas le même type de temps, c’était difficile à expliquer mais ce n’était tout simplement pas la même chose.
Il comprenait parfaitement l’expérience d’Erin, il avait vécu la même. Lui qui ne sortait jamais avec des gants, même avec les températures les plus froides de New-York, il se rendait compte qu’ici, c’était un investissement à faire absolument. Pourtant, le pauvre Owen n’était pas un amateur de gants ou de quoi que ce c soit qui puisse lui donner trop chaud, mais dans le cas de Toronto, il avait l’impression qu’il n’aurait jamais « trop » chaud. Il sourit à cette pensée avant de répondre à sa sœur :

Ne m’en parle pas, j’ai l’impression que c’est même impossible parfois qu’il fasse aussi froid. Je ne savais pas que c’était possible, même si parfois on a très froid à Brooklyn, mais c’est pas la même chose.

Alors qu’Erin se débarrassait de tout son attirail, elle se dirigea rapidement vers la petite Alia qui s’amusait dans le salon, concentrée, mais dont la tête s’était retournée vers les adultes quand elle avait entendu la voix de sa tante Erin. Erin et Owen étaient très proches, ils l’avaient toujours été. Elle était une tante fantastique pour Alia, tout particulièrement depuis qu’elle était arrivée chez lui du jour au lendemain, qu’il avait appris pour l’emprisonnement d’Alison, qu’il avait divorcé de Mila. Les choses s’étaient précipités pour lui, il avait eu besoin des conseils parentaux de sa petite sœur, maman avant lui, et grâce à elle il avait eu l’impression d’être un peu moins gauche dans ce rôle qui était nouveau pour lui.
Ce bébé, ils devaient l’élever à deux avec Alison, jamais il ne s’était attendu à devoir l’élever tout seul, mais finalement, il estimait faire un travail assez honorable.

Ca me fait rire quand les gens me disent ça, j’arrive pas à retrouver mes traits chez elle. Je vois surtout sa maman à travers elle.

Un petit sourire triste, et il ne remarqua pas tout de suite les larmes que sa sœur essuyait d’un revers de la main. Il s’approcha d’elle et la serra contre lui avant de l’emmener à la table de la salle à manger.

Toi, tu as des choses à me dire, je le sens, et inutile de nier.

Il lui sourit avant de se diriger vers la salle à manger. Owen prit la direction de la cuisine ouverte, jetant toujours un coup d’œil dans la direction de sa fille pour s’assurer qu’elle ne s’aventurait pas trop loin toute seule. Elle avait beau avoir trois ans, Alia était la reine des bêtises. Quand sa sœur lui demanda les toilettes, Owen sourit et lui dit :

Prends le couloir, deuxième porte à droite.

Il se rappelait de sa tendance à devoir continuellement se rendre aux toilettes quand elle était enceinte, il effaça rapidement cette idée de sa tête, se disant qu’il le saurait sûrement si c’était le cas.