Retrouvailles autour d'un repas. [Owen & Mila]

Il avait longuement hésité. Les choses ne s’étaient pas bien terminées entre lui et Mila, elle avait été sa femme pendant tellement longtemps, et puis du jour au lendemain il lui avait annoncé sa tromperie, la grossesse d’Alison, et tout ça avait précipité leur couple dans un gouffre dont ils n’avaient jamais pu se sortir. Et pourtant, après avoir tenté de sauver leur mariage par tous les moyens, ils avaient fini par s’avouer la vérité, le fait qu’ils ne se faisaient plus confiance, et le divorce s’était déroulé calmement, sans que l’un veuille nuire à l’autre. Et pourtant, elle aurait eu toutes les raisons du monde de lui pourrir la vie. Mais à quoi bon au final ?
Depuis plusieurs mois, ils se donnaient des nouvelles mais sans nécessairement aller plus loin. Mais depuis qu’il avait appris qu’il était atteint d’une tumeur, Owen hésitait, il se posait la question : devait-il en parler à cette femme qu’il avait trahie, ou devait-il la laisser dans l’ignorance ? Mais la vérité, c’est qu’il avait besoin d’elle, besoin de lui en parler, besoin de connaitre son avis sur la question. Il y avait tellement de choses qui le troublaient, tellement de choses dont il ne savait pas quoi faire.

Il avait fini par la contacter par textos, ils avaient échangé un peu avant qu’elle ne lui donne rendez-vous dans un restaurant de Yorkville. Owen n’était pas encore complètement habitué à la ville mais il se renseignait, il utilisait son gps et faisait en sorte d’arriver à l’heure à ses rendez-vous, même si cette ville n’avait rien à voir avec New-York, pour lui, le New-Yorkais pure souche qu’il était.
Arrivé devant le restaurant, il reconnut immédiatement la silhouette de son ex-femme, et il s’approcha d’elle, les mains dans les poches, avant de la saluer et de la serrer contre lui. Ca lui faisait bizarre de la revoir après tout ce temps.

Salut ! Ca fait beaucoup trop longtemps. Je suis content de te revoir.

Il avait souvent pensé que jamais il ne la reverrait, parce qu’il n’avait pas la moindre raison de se rendre à Toronto. Elle avait décidé de faire sa vie ailleurs, et lui pouvait le comprendre parfaitement. Changer de nom, changer de ville, changer de vie tout simplement. Owen se détacha rapidement d’elle, pour éviter tout moment de gêne, avant de la suivre à l’intérieur du restaurant. Elle avait raison, il faisait froid, autant rentrer tout de suite.

Avec plaisir.

Il la suivit, elle annonça sa réservation au nom de Summers, et ils suivirent un serveur qui les conduisait à leur table. Owen ôta son manteau et s’installa non sans avoir tiré la chaise de son ancienne épouse puis prit place à son tour.

Oh ben écoute, pour être parfaitement honnête ça pourrait aller mieux. Mais et toi alors, comment ça va depuis que tu es installée ici ?

Certes ils se donnaient occasionnellement des nouvelles, mais il avait envie d’en savoir plus sur sa nouvelle vie.

Tous les deux installés, l’un face à l’autre, Owen avait commencé par un échange de banalités. Parler de la pluie et du beau temps pour éviter de parler de ce qui le tourmentait vraiment, c’était devenu une habitude chez lui. Il n’avait pas toujours été comme ça pourtant, il était plutôt du genre à ne pas tourner autour du pot, à dire les choses clairement, comme il les ressentait, mais la vérité, c’est que là il ne ressentait plus rien, sinon une peur qui lui tordait le bide, une peur qui l’accueillait dans ses grands bras ouverts. Lorsque Mila, en reposant la carte sur la table, lui demanda ce qu’il se passait, il se contenta d’un signe de main, signe qu’ils pourraient en discuter plus tard, et il lui posa plutôt des questions sur elle, sur ce qu’elle vivait depuis quelques temps.

On y viendra après, toi d’abord.

Ils avaient beau être divorcés, Owen était content de voir qu’il existait toujours un lien fort entre eux, suffisamment fort pour qu’elle accepte de le voir, de déjeuner avec lui, de discuter de leurs vies respectives. On ne pouvait pas encore vraiment dire qu’ils étaient devenus des amis, mais en tous cas ils gardaient beaucoup d’affection l’un pour l’autre, et Owen avait bien besoin de ça en ce moment. Il n’avait pas encore eu le courage de parler de sa maladie à sa famille, aucune de ses sœurs n’était au courant, et il ne voulait pas que ça se répande, pas encore. C’était trop tôt, et en même temps, il savait que tout ça pouvait être une question de semaines, ou de mois au mieux. Il allait devoir être opéré, il ne savait simplement pas encore quand.
Quand elle lui parla de l’adolescente qu’elle devait gérer, Owen se montra un peu curieux. Il n’avait pas bien compris les tenants et les aboutissants de cette histoire.

Ton amie n’avait aucune famille chez qui la gamine aurait pu être confiée ?

Après tout, Mila semblait assez éloignée de cette histoire, mais il comprenait. Elle avait toujours fait preuve de générosité, une qualité qui lui avait toujours plu chez elle.
Mais quand Mila revint à son histoire et à ce qu’elle pouvait pressentir chez lui, Owen sourit légèrement, baissa les yeux puis posa à son tour sa carte sur la table. Ils n’étaient pas là pour tourner autour du pot pendant des heures après tout.

C’est grave oui. C’est peut-être même très grave. J’ai une tumeur au cerveau, on s’en est rendu compte lors d’une visite de routine. Et je t’avoue que je suis terrifié de ce qu’il pourrait se passer dans les semaines à venir.

Terrifié, pétrifié oui. Il avait sa petite fille de bientôt trois ans, et il n’avait pas la moindre idée de comment les choses allaient se dérouler pour lui. Mais il devait garder foi en l’avenir, et en ses médecins.

La situation de Mila lui faisait de la peine, il se rendait compte que depuis un an, elle ne vivait pas un quotidien très facile. Il n’aurait jamais imaginé que leurs chemins prennent des tournants aussi compliqués tous les deux, lui en père célibataire devant élever sa fille tout seul pendant que sa mère était en prison, elle en devant s’occuper de l’adolescente rebelle d’une amie décédée trop tôt. Il avait toujours imaginé que leurs vies seraient mêlées pour toujours, mais il avait fait des conneries, il avait assumé ses conneries et maintenant, leurs vies avaient pris des chemins différents. Cependant, c’était chouette de voir qu’ils parvenaient toujours à s’entendre et que malgré tout ce que la vie avait mis comme embuches sur leur route, ils étaient capables de s’asseoir autour d’une table et de discuter comme des adultes civilisés.
Apparemment, l’adolescente dont elle avait à présent la garde avait un oncle, qui vivait avec elles, mais la communication n’en restait pas moins compliquée. Il n’osait même pas imaginer l’époque tant redoutée où sa propre fille rentrerait dans l’adolescence, et dans l’opposition à tout un chacun. Mais il avait encore du temps devant lui.

C’est difficile, elle a perdu ses parents, elle ne te connait pas si bien que ça, j’imagine qu’elle doit être perdue. Je sais pas comment ça marche avec les ados, mais peut-être que tu dois lui faire comprendre que tu ne veux pas remplacer sa mère, que tu veux juste l’aider.

Mais alors qu’ils discutaient d’elle, Mila lui fit comprendre qu’elle avait envie de savoir pourquoi ils étaient là, ce qu’il avait sur le cœur qu’il devait lui dire. Alors Owen se lança, même si c’était difficile, même si prononcer ces mots lui arrachait le cœur. Mais il avait besoin de le dire à quelqu’un, il avait besoin de matérialiser ce qu’il n’aurait jamais imaginé. Il était médecin, jamais il ne s’était dit que ça pouvait lui arriver à lui. La réaction de Mila lui arracha un soupire, un bref regard sur le côté avant de reprendre la parole.

Non, je ne l’ai encore dit à personne. Mes sœurs, mes parents, personne ne sait rien.

Il était seul dans cette aventure, seul avec sa fille et ça le terrifiait. Elle n’avait pas encore trois ans, sa mère venait de sortir de prison, son père allait peut-être mourir, cette gamine qui lui apportait tellement de bonheur ne méritait pas ça. Quand Mila lui demanda ce que les médecins avaient dit, il sortit de ses pensées et répondit :

Ils m’ont juste dit que c’était une tumeur, qu’elle était mal située mais qu’on allait pouvoir opérer. J’ai d’abord un traitement à prendre.

Il n’avait jamais mentionné le fait qu’il avait peur, mais le fait de pouvoir enfin en parler lui faisait du bien. Il gardait ça pour lui depuis tellement longtemps que ça devenait extrêmement compliqué pour lui de garder ce secret. Mais maintenant, il y avait au moins une personne au courant, et malgré leur histoire compliquée, Mila restait une personne de confiance.

C’est gentil.

Il lui sourit légèrement, avant de tenter de reporter son attention sur la carte. Mais quand Mila lui parla d’Alison, il releva le regard. Il ne lui avait jamais parlé de l’emprisonnement d’Alison, préférant dire qu’elle avait décidé de partir en lui confiant Alia, sans en dire plus. Peu de gens connaissaient la vérité à ce sujet.

A vrai dire, j’ai dû embaucher quelqu’un pour la retrouver, et elle est ici, à Toronto. Elle a fait de la prison, c’est pour ça que c’est moi qui ai eu la garde d’Alia. Je n’ai pas encore eu l’occasion de lui parler.

Il ne savait pas comment les choses se passeraient mais il avait hâte de pouvoir discuter avec Alison. C’était indispensable.
 

Mila se confiait sur beaucoup de choses, le contexte familial chaotique dans lequel la jeune Rebecka était née, tout ce qu’elle tentait de mettre en place pour l’aider, et le fait que son oncle vive avec elles devait sans doute simplifier un peu les choses pour la jeune fille, qui gardait au moins un point de repère dans ce monde où tout lui avait été arraché, y compris l’espoir d’une vie normale. Owen se pinça les lèvres, soupirant. Il se rappelait le jour où les services sociaux étaient venus frapper chez lui, pour lui confier la garde d’Alia. S’ils n’avaient pas été en mesure de le contacter, Dieu seul sait dans quel genre de famille sa fille se serait retrouvée. Mais heureusement, il avait été là au bon moment et il pouvait faire en sorte que sa fille ait une vie normale, même s’il lui manquait cruellement la présence d’une maman.

Et est-ce que Rebecka est au courant de tout ça ? Je veux dire, des circonstances de sa naissance et tout ?

Cela lui faisait du bien de parler de quelque chose, de quelqu’un d’autre que de lui, de son état de santé, et pourtant c’était la raison pour laquelle il était là et il se doutait qu’il ne pourrait plus y échapper bien longtemps. D’ailleurs le sujet arriva rapidement sur le tapis, et même si Owen faisait tout pour ne pas montrer sa peur et sa frustration, il fallait bien reconnaitre qu’il les cachait difficilement. Mila s’était rapidement emparée de sa main, comme pour le rassurer, lui montrer qu’elle était là. Ça le rassurait d’un côté, il savait qu’il aurait une personne à qui parler de son état quand ça n’irait pas.

Ça fait environ deux mois que je le sais.

Deux mois qu’il vivait avec ce calvaire, avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête, deux mois qu’il savait qu’à n’importe quel moment, cette tumeur pouvait décider de son destin, mais il se devait de continuer à vivre et à avancer pour préparer un bel avenir pour sa fille, si jamais il devait venir à disparaitre trop tôt. Il avait tendance à en vouloir au monde entier, alors qu’en réalité, ça pouvait toucher n’importe qui. C’était pas parce qu’il était médecin et père célibataire qu’il devait rester imperméable aux risques de la vie. C’était comme ça, il devait s’y faire.
Lorsque Mila l’interrogea sur les risques de l’opération, Owen posa son regard sur elle et lui répondit, allant chercher au fond de lui pour ne pas montrer sa peur.

C’est bien ça le problème, l’opération est très risquée et peu de médecins veulent tenter le coup. Il y en a un ici à Toronto qui l’a déjà pratiquée, je dois le rencontrer dans la semaine.

Un espoir, mince mais un espoir quand même. Et l’espoir c’était tout ce qu’il avait pour le moment. Quand Mila lui annonça qu’elle serait là si jamais il avait besoin de quelqu’un lors des visites ou même lors de l’opération, Owen sourit un peu tristement et lui répondit :

Tu n’es pas obligée tu sais. On est divorcés, tu n’as plus d’obligations envers moi.

Surtout après ce qu’il lui avait fait, mais ça il ne jugea pas nécessaire de le préciser. Evidemment, il s’en voudrait sans doute jusqu’à la fin de ses jours pour sa trahison, mais le fruit de cette trahison avait été Alia, alors il ne voulait pas croire que c’était une mauvaise chose à cent pour cent. Owen reprit un peu son souffle avant de reprendre la parole, expliquant à Mila, à sa demande, qu’Alison avait fait de la prison et qu’il avait dû entreprendre des recherches pour la retrouver.

Environ deux ans d’après ce que j’ai compris. Alia est née en prison, et elle a signé une espèce de contrat avec la police, le procureur et les services de l’enfance pour abandonner ses droits sur Alia. Du coup les services sociaux ont débarqué chez moi et Alison a l’interdiction de voir ou même d’approcher de sa fille.

L’histoire était terriblement compliquée, il n’avait pas la force d’entrer dans des détails dont il ne maitrisait pas encore tout pour le moment. Mais il était reconnaissant aux services sociaux d’avoir fait appel au père de la petite avant de l’envoyer dans une famille d’accueil. Il ne l’aurait sans doute jamais pardonné à Alison.
Quand Mila déclara qu’il était étrange qu’elles ne se soient pas déjà croisées, Owen haussa les épaules avant de répondre :

C’est une grande ville, et je t’avoue que je ne sais pas exactement depuis combien de temps elle est ici.

Owen regarda autour de lui, le serveur rôdait en attendant de savoir quand il pourrait prendre leur commande.

Ca te dit qu’on prenne quelque chose à boire pour commencer ? Je meurs de soif.

Il avait pas mal parlé, il avait la bouche sèche et avait envie de retrouver un peu de contenance.

D’un côté, Owen se demandait si c’était la meilleure solution de raconter à cette jeune fille dans quelles circonstances horribles elle était venue au monde, mais d’un autre côté, elle avait le droit de savoir, ça lui donnerait de bonnes armes pour affronter ce monde horrible dans lequel tout le monde finit toujours par tout savoir de votre vie. Et elle avait sans doute besoin de pouvoir affronter ça comme une guerrière. Lui-même se demandait souvent s’il devait tout dire à Alia par rapport à sa mère si jamais elle refusait de la voir, s’il devait avouer la vérité à la petite fille, et puis surtout, à quel moment devait-il le lui dire ? Maintenant, dans deux ans ? dans dix ans ?
Il écoutait les propos de Mila et il se disait que finalement, la maman de la gamine avait bien fait de tout lui dire. Au moins, elle démarrait sa vie sur une base de vérité, de confiance, et c’était ce dont n’importe qui pouvait rêver.

Oui, je crois que sa maman a eu raison. C’était la meilleure chose à faire, et elle sera mieux armée pour affronter les jugements, parce que les gens finissent toujours par tout savoir de nos jours.

Le quarantenaire observait le visage de son ex-femme, cette femme dont il avait été tellement amoureux par le passé, il ne comprenait toujours pas comment il avait été capable de la tromper, mais c’était de l’histoire ancienne maintenant, il ne pouvait pas revenir en arrière. Alors il avançait, tout seul, ce qui eut le don de surprendre Mila, qui ne comprenait pas comment il avait pu traverser ça seul, sans en parler à personne.

J’ai pas vraiment eu le choix… Je dois continuer d’avancer pour Alia, je dois rester aussi solide que possible pour ma fille, elle n’a que moi.

Il sourit quand elle lui dit qu’au moins, il y avait un espoir. Owen avait tendance à voir les choses en noir pour le moment, il s’imaginait déjà qu’on venait lui prendre la garde de sa fille si on apprenait pour sa maladie, il s’imaginait le pire et il savait qu’il devait profiter de chaque instant passé avec sa fille.
Quand Mila proposa de l’accompagner, il fut tout de même surpris. C’était gentil de sa part, il ne s’y attendait clairement pas.

C’est vrai… Mais merci Mila, c’est agréable de savoir qu’on peut compter sur quelqu’un dans ce genre de situation.

Owen avait longuement hésité avant de parler à Mila de la prison, les circonstances de la venue d’Alia dans sa vie, le fait qu’il aurait pu ne jamais l’avoir puisqu’elle avait été confiée aux services sociaux. Il se savait chanceux, mais il avait tout de même hésité avant de lui en parler, puisque c’était une des raisons de leur divorce. La réaction de son ex-femme ne l’étonna pas vraiment, puisqu’il avait eu la même.

Je sais, je suis chanceux sur ce coup-là. Mais chaque jour je remercie le ciel qu’ils aient cherché le père biologique. Imagine, je n’aurais jamais connu ma fille…

Et il s’en rendait malade à chaque fois qu’il y pensait. Mais pour l’heure, il avait surtout soif, et il proposa à Mila de prendre une boisson, ce qu’elle accepta. Alors il leva la main pour appeler un serveur et demanda rapidement :

Un café pour moi s’il vous plait, et pour toi Mila ?

Il ne buvait plus d’alcool depuis l’annonce de sa tumeur, c’était plus raisonnable comme ça. Il attendit que le serveur soit parti avant de répondre à son ex-femme :

Ne minimise pas tes problèmes parce que tu entends les miens. Ils sont bien réels. Et je te comprends, je comprends ton désarroi. Je ne peux pas vraiment t’aider mais si tu as besoin d’en parler, je risque de rester dans le coin un moment.

Il ne savait pas encore combien de temps, mais il se doutait que la durée ne serait pas courte.

Owen n’avait jamais trouvé ça très facile d’être parfaitement honnête avec son enfant. Il était papa aujourd’hui, et il savait que dans l’idéal, il devrait dire toute la vérité sur ce qui était arrivé à Alison à sa fille, mais aujourd’hui Alia était beaucoup trop jeune pour comprendre ce qu’il se passait et ce que ça impliquait pour elle. Surtout qu’il avait besoin d’Alison aujourd’hui, parce qu’elle était sortie de prison, qu’elle était la mère biologique d’Alia et qu’il ne serait peut-être bientôt plus là pour élever sa fille. Bien sûr, il espérait de toutes ses forces qu’il survivrait à cette saloperie qui s’attaquait à son cerveau, mais il ne pouvait pas en être certain, il ne pouvait jurer de rien, alors il préférait avoir un plan b, il préférait avoir une solution idéale si jamais il venait à disparaitre.
Owen ne savait pas du tout comment il devait se comporter, mais il n’avait pas envie de casser du sucre sur le dos d’Alison, même si au final il n’avait toujours pas accepté la façon dont elle s’était comportée. Alia aurait pu être confiée aux mains de n’importe qui, il ne l’aurait même pas su et se serait toujours demandé où était sa fille.

C’est certain. Mais elle doit s’être forgée une sacrée carapace, elle doit avoir du caractère la gamine.

Il n’en doutait pas, quand on vivait des choses comme ce que la jeune fille avait vécu, on devait avoir une carapace de folie. Evidemment, il devait y avoir aussi une part de fragilité en elle, mais c’était difficile de gérer ces deux parts de sa personnalité, surtout aussi jeune. Mais il ne doutait pas qu’un jour ou l’autre, plus vite qu’elle ne le pensait, Mila parviendrait à canaliser Faith et à la faire se sentir chez elle avec elle.
Quand Mila lui proposa son aide, Owen ne put s’empêcher de la remercier, parce qu’elle n’avait aucune raison d’avoir envie de l’aider. Les choses avaient été compliquées entre eux mais ils semblaient être arrivés à une forme d’équilibre, trois ans après leur divorce.

Bien sûr que tu pourrais compter sur moi, toujours. J’ai pas été le meilleur des maris mais je peux être un très bon ex-mari.

Il sourit légèrement, tristement, il ne montrait pas vraiment cette tristesse, et il espérait que Mila ne la verrait pas. Lorsque Mila lui posa cette question, le quarantenaire réfléchit un bref moment. A vrai dire il ne savait pas du tout quoi répondre, parce qu’il n’avait pas eu la possibilité de discuter avec Alison jusque maintenant. Il était à Toronto parce qu’il savait qu’elle était ici, mais il n’avait pas eu l’opportunité de lui parler jusque maintenant. Il espérait pouvoir le faire rapidement.

J’en sais rien en fait. Je n’ai plus parlé à Alison depuis avant son emprisonnement, peut-être que ça venait d’elle, les services sociaux n’ont jamais voulu m’en parler, c’était confidentiel apparemment.

Il sourit légèrement, puis quand elle commanda son verre de vin, il releva la tête vers elle et lui dit :

Je vois que les bonnes habitudes ne changent pas.

Owen lui lança un clin d’œil avant de reprendre la parole :

Il ne faut pas se dire que mes problèmes sont plus graves. J’ai pas envie de le voir comme ça. Faut juste se dire que tous les problèmes ont une solution.

Il haussa les épaules avant de s’emparer de la carte pour regarder ce qu’il y avait de bon à manger ici. Il mourrait de faim et ne serait pas contre un petit repas sur le pouce, un plat de pâtes ou un truc du genre.