(F/LIBRE) EMILIA CLARKE - lust and revenge.

Abran Winters La nuit était tombée sur la ville, l'astre nocturne était à peine visible, dans le ciel, tandis que les éclairages urbains jetaient dans les rues une ambiance filtrée. Il faisait un froid mordant, aussi Abran refermait-il la fenêtre lorsque quelques coups étouffés résonnèrent contre la porte d'entrée de l'appartement. Dans la salle principale, l'âtre prenait vie sous les flammes incandescentes. Contre la paroi, des ombres mythiques dansaient.
La porte s'ouvrit sur une silhouette gracile et inconnue. La femme était belle, il le pensa dès que son regard se posa dans ses iris. De sa tresse s'échappaient des mèches éparses qui encadraient si parfaitement son visage que cela semblait être fait sciemment, elle avait de longs cils noirs, deux yeux profonds et scrutateurs. Elle lui sourit doucement, dit quelques mots qu'il ne comprit pas, abîmé dans la contemplation et les interrogations. "... et je cherche Emilia Burton. Ou, plutôt, Emilia Winters je suppose, maintenant," ajouta-t-elle en tirant nerveusement sur les pans de sa veste, et le charme fut rompu. Dans ses tripes, la plaie se rouvrit, béante et douloureuse. "Elle n'est pas là." Dans ses mots, la sécheresse ; dans son corps, la panique.
Ses yeux étaient fixés sur le morceau de papier chiffonné entre ses doigts. Elle le lisait, le lisait à nouveau, puis le roulait en boule, espérant follement, violemment, vainement, que les mots s'effaceraient ou laisseraient place à d'autres. Plus doux. Ne me cherche pas. C'étaient les mêmes qui l'avaient accueillie il y a deux ans, lorsqu'Emilia avait disparue sans le moindre indice sur sa destination. Son cœur se serra, à imaginer cet homme dont les rêves et les espoirs d'avenir avaient été réduit en miettes. Soudain, il apparut à nouveau devant elle. "Tu peux avoir la chambre, je me contenterai du canapé du bureau," proposa-t-il en lui tendant une couverture. Elle protesta si fortement et si prestement que, quelques heures plus tard, elle était allongée dans la petite pièce, sur un convertible plus confortable qu'elle n'avait imaginé. Sa nouvelle vie commençait d'une drôle de façon. Perdue, seule, chez un inconnu.

Il ne sait pas ce qui lui a pris, de l'inviter ainsi à rester chez lui pour la nuit. Puis, pour la nuit suivante, et celle d'après. "Le temps que tu trouves quelque chose," avait-il assuré. C'était de la bienveillance, purement et simplement, envers cette femme blessée par celle qui l'avait lui-même meurtri. Du moins, il s'en est convaincu. Au fond, il y a autre chose. Quelque chose qui l'intrigue, le titille, le dérange et l'attire dans un même temps. L'attrait du feu, du jeu, de l'interdit. Car elle est la meilleure amie d'Emilia et, vraiment, rien ne pourrait jamais se passer entre eux. Ou, peut-être que si, précisément. Peut-être est-elle le remède à ses maux, à sa solitude. Assurément, il est prêt à le découvrir.

Mais à voler trop près du soleil, les ailes brûlent, et celles d'Abran s'embraseront sans peine lorsque le piège se refermera, sans égard, sur lui.