one letter. a million feelings. (charlie)

July, 3rd. New York.
Ce matin-là, elle est partie. Sans un mot, sans même se retourner. Parce que ça aurait été trop dur de regarder Charlie une dernière fois avant qu’elle ne prenne une des pires décision de toute sa vie. Une nuit d’amour, des mots doux, de la tendresse, probablement la plus belle des nuits pour Saskia. Mais là, c’était devenu difficile. Elle savait qu’à n’importe quel moment, elle pourrait partir et elle ne voulait pas lui faire encore plus de peine en restant. Rentrée chez elle, dans ce grand appartement, elle réfléchissait à ce qu’elle pouvait faire. Saskia connaissait très bien Charlie, elle savait parfaitement qu’il n’allait jamais lui pardonner d’être partie mais elle savait aussi qu’elle devait penser à elle. Et à ce que lui ressentirait lorsqu’elle serait partie pour de bon. Assise, en pyjama, saisissant un bout de papier, elle se décide à écrire tout ce qu’elle ressent.

Citation :

Charlie,

Je suis désolé d’être partie ce matin, sans rien dire, comme une voleuse. Je sais par expérience que ce n’est jamais facile d’être celui qui reste quand l’autre part. Je suis désolé d’avoir foutu le bordel de ta vie et de partir, en laissant tout en désordre. Je t’écris cette lettre sans grande conviction de te la donner un peu mais j’ai besoin d’être franche et de partager avec toi ce que je ressens. Je suis tombée amoureuse de toi alors que je ne pensais jamais tomber amoureuse. Tu as lu la liste, tu sais très bien de quoi que je parle.

Avant toi, je savais pas c’était quoi l’amour, je savais pas c’était quoi être pleinement heureuse. Tu as changé ma vie et je vais partir, je vais te laisser là, avec un trou béant à la place du coeur et je veux pas que ma présence n’aggrave encore plus les choses, je sais que c’est de l’égoïsme pur et dur de ne penser qu’à moi mais je veux te protéger, je me dis qu’en partant tu auras du temps pour te faire à mon absence en attendant le jour fatidique. Je sais que c’est égoïste, je sais que j’ai tord. Mais je veux pas que tu souffres une seconde de plus en ma présence. Mais t’as marqué ma courte existence. Sache le.

La vérité c’est que j’ai peur. J’ai peur de m’attacher encore plus à toi alors que je ne serais que de passage dans ta vie. C’est horrible de t’infliger tout ça. J’aurais tellement aimé que tout soit différent, j’aurais aimé ne pas être cette gosse malade, celle qui va claquer et qui va tout abandonner derrière elle. Te protéger c’est qu’une seule raison parmi tant d’autre. J’ai peur de mes sentiments, j’ai peur de la manière dont les choses vont se terminer, j’ai peut-être même peur de crever en réalité.

S’il te plaît, ne doute jamais, de rien. Ne doute pas de mes sentiments, ne doute pas de toi, t’as rien fait pour me faire partir, sache le, t’as été parfait depuis le moment même de notre rencontre. Et sache que j’emporterai tout ça avec moi quand je partirai: nos rires, nos prises de tête totalement débile, ces souvenirs de nos soirées longues et remplies d’alcool. Tout ça. Et je t’aime. Et je te remercie d’avoir changé ma vie.

Saskia.

La BO de ce rp est sponsorisé par Keane, transmetteur d'émotion depuis 1997.
https://www.youtube.com/watch?v=Oextk-If8HQ

@Charlie Kennedy

January, 7th. Toronto.
Il a mal. Mal aux entrailles, mal à la tête et mal au coeur. Mal à l’amour. Le mal d’elle. Saskia est partie depuis plusieurs heures déjà, mais Charlie n’arrive pas à trouver le sommeil. Il se demande, il réfléchit, il tourne dans son lit à la recherche de réponses à cette situation qu’il n’arrive plus à contrôler. Il a besoin d’elle. Il a besoin d’elle plus que d’oxygène. Déprimé de tourner sans cesse dans ce lit, seul, le jeune homme décide de se lever afin de descendre pour se mettre devant la télévision. Des reportages à ne plus en finir jusqu’au bout de la nuit, et puis ce carton qu’il aperçoit calé au coin de la pièce. Il éteint la télévision et s’approche de ce carton. Alors qu’il prend le premier vêtement qui lui tombe sous le nez, ce t-shirt qu’il lui avait prêté, Charlie a l’impression de bondir dans le temps et dans ses souvenirs. Son odeur. Son t-shirt porte son odeur. Charlie se met à sortir l’ensemble de ses affaires, jusqu’à ce qu’un morceau de papier tombe tel une plume sur le parquet vernis du manoir des Kennedy. Le gamin fronce les sourcils avant de s’abaisser afin de l’attraper. Alors qu’il commence à la lire, Charlie sent déjà son ventre se nouer et son coeur se serrer.  Je suis tombée amoureuse de toi alors que je ne pensais jamais tomber amoureuse. Charlie reprend sa respiration et poursuit sa lecture. Il a l’impression d’entendre sa voix qui résonne dans son for intérieur. Cette voix, ce visage, ces souvenirs qui apparaissent en cadence. Dans cette boite de nuit. Dans le couloir. Dans les rues, dans le métro. Chez Elvis de la cinquième avenue. Dans ce bar. Puis dans cette rue où il lui a sauvé la vie. Mais t’as marqué ma courte existence.  Puis cette nuit d’amour. Cet ascenseur, cette chambre d’hôtel qu’ils n’ont pas pu payer. Charlie se rend compte à ce moment précis à quel point il aime Saskia. Par dessus tout ce qui était possible, il l’aime, et les larmes qui s’invitent au coin de ses yeux ne sont que le témoignage de ses sentiments.  J’aurais tellement aimé que tout soit différent, j’aurais aimé ne pas être cette gosse malade, celle qui va claquer et qui va tout abandonner derrière elle.  Sa maladie. Charlie ne cesse d’y penser, et il se rend compte qu’il est autant terrifié qu’elle. Charlie n’a jamais dû faire face à des épreuves difficiles avant de la rencontrer. Il était ce gamin éternel qui n’avait jamais connu la maladie, qui n’avait jamais connu la mort, qui n’avait jamais connu la vie. Ce jour, à cet instant où elle l’a embrassé dans cette boite de nuit, Charlie a su que tout allait être différent. Qu’il allait enfin vivre. Rencontrer une femme. L’aimer. Ne doute pas de mes sentiments, ne doute pas de toi. Saskia, elle a été un chamboulement dans sa vie. Elle a été cette femme qui lui a offert confiance en lui. Avec elle, Charlie a grandi. Il a muri et il est devenu un homme, un vrai. Cet homme qui n’hésitera pas à sauter sur une voie de métro pour sauver la vie à la femme qu’il aime. Cet homme qui n’hésitera pas une seule seconde à sauter dans un avion pour retrouver celle qui l’aime. Saskia, elle a été cette première femme connu des parents de Charlie. Madame Kennedy l’adorait. Sans même la voir, elle savait que son fils était heureux avec elle. Partie, anéantie après avoir appris que son fils avait trouvé un nouveau pilier dans sa nouvelle vie. Et je t’aime. Et il l’aime. Il l’aime. Charlie l’aime plus que tout au monde. Saskia avait été cette première femme qu’il avait aimé. La première qu’il avait aimé d’un amour si fort et si sincère qu’il en avait mal à la poitrine. La première femme qui le faisait pleurer au milieu de son salon. Sa première Dame. Et je te remercie d’avoir changé ma vie. Les flots de larmes le long de ses joues, Charlie n’arrivait plus à respirer. Il avait l’impression que tout était terminé. Sa vie d’avant. Ses conneries. Ce Crash qu’il avait été pendant vingt-six ans jusqu’à sa rencontre. Ce gamin. Ce con. Ces réactions puérils. Ces moments passés les bras dans ceux de l’autre. Ses baisers échangés. Cet amour partagé. Et parce qu’à cet instant-même où Charlie a l’impression que plus rien ne saura éclaircir son ciel assombri, il relève la tête de la lettre pour regarder face à la vie. Le portrait de sa mère en face de lui semble lui sourire. La vie lui sourit. La vie, la mort. Cours Charlie, ne la laisse pas s’envoler. « Je t’aime. » En ce premier aveu des mots qu’il n’avait jamais prononcé, Charlie jeta la lettre dans les flammes de la cheminée familiale. Parce qu’il n’avait plus besoin de la relire. Plus besoin de garder en tête cette preuve d’amour. Parce qu’il l’aimait. Plus fort que la mort. L’amour plus fort que la mort. L’amour plus fort que la peur. L’amour. Juste l’amour.

RP écrit avec cette chanson: https://www.youtube.com/watch?v=DHhHUZsXTBk

@"Saskia Besnon"