les cours, c'est pour les nazes. (casey)

l'université de toronto. apparemment l'une des meilleures de la région. du moins, c'est ce qu'elle n'arrêtait pas de répéter ta tante, lorsque tu vivais encore chez elle. on s'est donnés du mal ton oncle et moi pour te faire rentrer dans cette université alix, ça serait sympa que tu fasses un effort! un effort pour suivre tes cours afin que tes notes soient aussi bonnes qu'avant. un effort pour avoir un minimum de respect pour tes profs au lieu de lever les yeux au ciel dès qu'on te fait une remarque. ta tante parlait souvent de la peine que tu ferais à tes parents s'ils étaient encore en vie. souvent, elle s'excusait dans la foulée pourtant, c'était un sujet qui la touchait davantage. tu n'étais qu'une gamine lorsque tes parents ont perdu la vie. tu n'avais que très peu de souvenirs d'eux. tu ne te rappelais pas des berceuses que chantait papa pour t'endormir. tu ne te rappelais pas non plus du parfum de maman. pour souvenir, un médaillon qui ne quittait ton cou, tu te disais qu'ils n'avaient pas eu le temps de placer quelconque espoir en toi. cela te réconfortait.
quoiqu'il en soit, comme tous les midis, tu errais tel un fantôme dans les couloirs de l'université. tu avais pris la peine d'aller en cours ce matin mais, tu étais sortie la veille. t'étais totalement crevée et ça pouvait se lire sur ton visage. tes traits étaient tirés et tu avais à peine pris le temps de brosser tes cheveux au réveil. tu traînais des pieds jusqu'à la cafétéria, bien décidée à ne pas suivre tes cours de l'après-midi. tu te prends un plateau que tu garnis de mal bouffe. hamburger, frites, mousse au chocolat. c'était la fête ce midi. ton regard balaye la grande salle avant que la silhouette de casey se dessine sous tes yeux. un large sourire se dessine sur ton visage lorsque tu décides de le rejoindre. il est seul à sa table et sans lui demander son avis, tu t'installes en face. salut beau gosse, comment tu vas ? tu ne l'avais pas croisé ce matin puisque tu n'avais pas pris le temps de rentrer chez toi.

Levé à l'aube afin d'assister à l'entraînement de natation, Casey est affamé. Il a également profité de sa présence sur le campus pour rejoindre les salles de classe de la faculté de médecine, là où sont donnés les cours théoriques. Les examens ne sont que dans quelques semaines et cette fois, l'anxiété s'invite bien malgré lui dans sa tête alors que le plus jeune des jumeaux n'a en aucun cas besoin de l'avis de ses enseignants pour savoir qu'il doit travailler davantage et qu'il n'est pas prêt. Pourtant, plutôt que de plonger son nez dans les livres de médecine, Casey a passé la soirée d'hier sur le lit de son frère à écouter de la musique, une bière à la main. 

C'est donc l'estomac vide et qui crie famine que Casey débarque à la cafétéria pour récupérer un plateau et le remplir de victuailles. Lasagnes, yogourt, pomme et banane font d'ailleurs partie de ce qu'il ramène à une table vide alors que le dernier cours s'est éternisé et que ses amis ne sont nulle part en vue.

Rapidement, néanmoins, une jolie blondinette s'installe en face de lui et Casey arque un sourcil amusé, jaugeant d'un coup d'oeil la silhouette d'Alix. « Wow. Visiblement, y'en a une qui s'est amusée hier soir et qui n'a pas dormi de la nuit. » lance-t-il avec un sourire espiègle alors qu'il ne prend même pas la peine d'avaler entièrement sa bouchée de lasagnes. « T'as pas dormi à l'appart ? » demande-t-il alors qu'un sourcil se fronce et qu'il hausse finalement les épaules. « Ça va. » grommelle-t-il alors qu'il se contente de prendre une gorgée de jus de fruits et de passer une main dans ses cheveux en bataille pour les ébouriffer davantage. « Alors, t'étais où, hier ? » demande-t-il bien malgré lui alors qu'il plonge ses prunelles claires dans le creux des siennes.

alix n'est pas l'étudiante la plus studieuse. avant, c'était le cas. jolie petite brune postée au premier rang, réajustant ses lunettes sur le bout du nez en pianotant sur son clavier d'ordinateur. elle était toujours l'une des premières à lever la main pour poster la question qui scotchait toujours le prof. généralement, ses camarades levaient les yeux au ciel et son petit-ami esquivait un peu sourire attendri. tout le monde se demandait ce qu'un mec comme lui faisait avec miss parfaite. on a souvent dit que c'était lui qui ferait n'importe quoi et que c'était elle qui le larguerait. ils avaient faux sur toute la ligne et ils le comprirent le jour de cette fête. cette soirée à laquelle alix pense encore aujourd'hui. c'est en soutif, en train de reboutonner son jeans qu'elle est sortie en trompes de la chambre dans laquelle elle s'était réfugiée. il était fin énervé et slalomer entre les invités alors qu'elle peinait à le suivre, titubant sous les effets de l'alcool. ça va, c'est pas ce que tu crois. ça veut rien dire, je t'aurais jamais trompé volontairement et tu le sais ! des mots sortis de nulle part, sans aucun sens. tout le monde rigolait parce que la scène était pathétique. aujourd'hui, elle n'avait de compte à rendre à personne. enfin presque.

alors qu'elle s'installe en face de casey, la tête ailleurs ou du moins, l'esprit ralentit, le jeune homme ne peut s'empêcher de lui faire une réflexion suite à laquelle elle hausse les épaules. ça se voyait tant que ça ? elle passe une main dans ses cheveux comme pour ajuster sa coiffure. c'est vrai qu'elle n'a pas vraiment pris le temps de se coiffer ou quoique ce soit d'autres avant de sortir. deux questions à la suite entre lesquelles elle a le droit à une maigre réponse de la part de son colocataire. non, j'ai pas dormi à l'appart. qu'elle répond sans trop s'attarder avant de changer de sujet de conversation pour obtenir davantage d'indices : c'est un petit oui, qu'est-ce que tu me caches burton ? elle plisse les yeux, fronce légèrement les sourcils. alix l'enquêtrice est de sortie mais doit répondre à son tour à un interrogatoire détaillée sur sa nuit passée. je suis allée en soirée... oui, en pleine semaine. je sais que c'est pas raisonnable. j'ai rencontré un mec... il s'appelait... thomas ou tobias, je sais plus trop. quoiqu'il en soit, c'est chez lui que j'ai terminé. pourquoi, t'es jaloux que je partage un autre lit que le tien ? la demoiselle hausse légèrement les sourcils d'un air provocateur avant de se mettre à rire. elle pioche une frite dans son plat. c'est moins bon que dans ses souvenirs. surement les restes de la soirée.

« Alix, tu le sais, hein, que si on t'offre un verre, c'est probablement pas du jus de lime qu'on a versé dedans ? » lance-t-il en haussant un sourcil amusé suite à sa réflexion. « Par contre, on est ensemble depuis quand, déjà, que j'oublie pas notre date ? » Il la laisse s'installer face à lui, ne peut pas s'empêcher de constater l'allure qu'elle se trimbale alors qu'elle lui donne l'impression d'être tout droit sortie du lit. Et le pire, c'est que Casey n'admettra jamais qu'elle est jolie malgré tout. Que les petites mèches qui lui dansent devant les yeux et que le mascara de la veille qu'il devine encore sur ses cils rendent son visage un peu moins doux, mais tout aussi séduisant. Il arque un sourcil plus ou moins surpris, tente de récupérer quelques informations supplémentaires de cette façon, lorsqu'elle affirme effectivement ne pas avoir dormi à l'appartement alors qu'il l'avait pourtant déjà deviné.

Elle préfère néanmoins insister sur sa maigre réponse et Casey soupire en haussant les épaules, nonchalant. « Mes parents me font chier. Les cours me font chier et les examens sont dans trois semaines. Évidemment, je suis loin d'être prêt. » À son tour, il décide de détourner la conversation sur elle afin d'en savoir un peu plus sur cette mystérieuse soirée, rigole un peu alors qu'il appuie davantage son dos sur le dossier de sa chaise, faussement nonchalant. « Moi, jaloux ? Tu me connais mal. » Un peu, quand même. « Pour que je sois jaloux, faudrait au moins que je sache ce que je perds, non ? » souffle-t-il en se rapprochant un peu de la blonde, coudes sur la table, avant de croquer dans une pomme, rieur. « Il était si nul que ça pour que tu te souviennes même pas de son nom ? » La petite voix dans sa tête lui ordonne de fermer sa gueule afin de ne pas passer pour ce qu'il n'est pas - à savoir, surprotecteur et jaloux - et Casey décide de l'écouter, pour une fois.