Le karma c'est de la merde (janoah 01)

La situation est inextricable. Il est rare qu’elle intervienne lorsqu’elle passe du temps au sein du donjon dans lequel il lui arrive de passer certaines heures de ses soirées. Elle observe avec un regard perspicace et bienveillance tous ces corps qui s’emmêlent dans des jeux qui satisfassent les protagonistes. Elle fait abstraction de tous les éléments qui peuvent sembler incongrus, hors normes, car c’est la raison principale pour laquelle ses personnes viennent s’enfermer dans ce club sélect, mais spécialisé dans ce genre de jeux. Seulement, il y a certaines limites à ne pas dépasser et lorsque le regard de cette demoiselle a rencontré le sien, elle n’y a nullement vu la lueur de plaisir et soumission qu’elle a l’habitude de côtoyer. Après quelques minutes d’observation, elle a obtenu assez d’éléments pour arrêter la scène et obliger l’homme à s’éloigner de sa partenaire. C’est à cet instant que tout s’est compliqué. Comment un tel rustre a pu rentrer dans le club ? Elle reste de marbre malgré les propos arrogants et agaçants de cet homme qui menace de quitter le club. Tant mieux, on a pas besoin de personnes telles que lui. Elle inspire profondément. A première vue, c’est un très vieux membre et il donne l’impression qu’il est le maître dans la pièce. La présence du second maitre du Donjon et de Seth, lui apporte une certaine sécurité. Elle se sent en capacité de gérer cet homme, mais les dominateurs ne sont pas tous tendres et cet homme semble peu disposé à se laisser diriger par une femme. « Ecoutez, je sais très bien ce que j’ai vu. Vous avez dépassé une des seules limites du club et vous le savez. Sinon vous ne serez pas sur la défensive. » Elle lâche froidement en plongeant ses iris émeraudes dans celles de l’homme. Elle ne compte pas se laisser marcher sur les pieds et ne détourne à aucun instant son regard de ce duel qui s’initie. « Foutaise ! Je veux vois Tobias. » Il crache avec agacement, campant sur ses positions. Elle inspire profondément. « Très bien. Je vais aller vous le chercher, mais les faits restent des faits. Que vous soyez un ancien ou non du club n’y changera rien. » Elle ajoute en se levant avec cette prestance naturelle. « Surveillez-le s’il vous plait. » Elle indique à son collègue et à son garde du corps. Ces derniers se contentent de hocher la tête tandis que le rustre marmonne dans sa barbe. Sans doute une insulte bien sentie, mais qu’importe. Elle soupire las, une fois la porte close alors que ses pas se dirigent vers l’autre partie du club. Elle indique des ordres sur son chemin à ses salariés alors qu’elle attrape son blazer noir qu’elle enfile au-dessus de son bustier de couleur noir qu’elle porte au sein du club. Vêtue de son pantalon en cuir et de ses escarpins, elle foule le sol du bar annexe et salue le barman lorsqu’elle accroche son regard. Il lui indique d’un mouvement de tête l’emplacement de Tobias et elle le remercie d’un geste en prenant la direction indiquée. Elle le trouve en pleine conversation dans le carré VIP où il l’aperçoit. Il est rare qu’elle vienne le déranger durant les affaires, alors il est évident qu’il saisit sans problème qu’elle a besoin de lui. Il s’excuse naturellement de ses invités et la rejoint rapidement. « Qu’est-ce qu’il se passe ? » La questionne-t-il en fronçant les sourcils. Le ton est calme, mais discret. « Un ancien qui a dépassé l’une des limites. Il ne veut pas entendre raison et il veut échanger avec toi. » Elle lui déclare sans détour, ses iris vertes plongées dans celle de son associé. Il soupire comme elle l’avait envisagé. « OK, je m’en occupe. Tu peux te charger d’eux ? » Il lui indique en montrant le duo avec qui il s’entretenait. « Pas de soucis. La présentation de base ? » Elle ajoute avant qu’il ne valide ses propos par un hochement de tête avant de s’éclipser. Elle se donne quelques secondes pour calmer la montée d’adrénaline que la confrontation avec le membre a engendré. Elle inspire profondément, ajuste son blazer et affiche son sourire professionnel en se dirigeant vers eux. Elle les contourne et vient plonger ses prunelles dans des iris aussi claires que familières. Son cœur ne fait qu’un tour dans ses veines alors que la réalité la frappe : Noah ! Pour cacher sa surprise et l’afflux de l’angoisse qui vient envahir ses veines, elle détourne subtilement le regard et vient s’asseoir en face d’eux. « Bonsoir, messieurs. Je me présente, je suis l’associée de Monsieur Svensson, Madame Charlton. Je vous prie de nous excuser de ce changement d’interlocuteur, mais nous avons eu un petit imprévu. » Elle déclare en venant se racler légèrement la gorge pour changer le ton de sa voix, la rendre plus grave. Elle vient tendre la main naturellement vers le compagnon de Noah avant de venir serrer celle de son premier amour. Le contact l’électrise, la trouble même si elle n’en montre rien. « Si cela ne vous dérange pas, je serai votre hôtesse pour la présentation jusqu’à son retour. » Elle leur indique avec politesse avec un sourire charmant, comme si elle ne ressentait aucun malaise à passer la prochaine heure en leur compagnie.

Les carrés VIP connaissaient bien Noah, pourtant c'était la première fois qu'il mettait les pieds dans ce bar. Il en avait déjà beaucoup entendu parlé depuis qu'il était à Toronto, c'était le bar tendance du moment, le lieu ou venir faire la fête. En tant qu'assistant du gouverneur, l'accès au carré VIP était toujours simple même en l'absence de ce dernier. Malgré les airs festifs du lieu et de la bouteille de champagne qui trônait déjà à la table, Noah et son collègue étaient là pour affaire. Il avait rendez vous avec le directeur pour organiser la privatisation du bar pour quelques soirées privées pour le gouvernement de la province avec Open-Bar, la promesse de soirée ou parlementaire, gouvernement et chef d'entreprises sortirait en rampant. Avant même de rencontrer Mr Svensson, Noah avait noté les atouts de ce lieu, la salle fermé sans fenêtré, un service de sécurité qui semblaient performants, un bar bien garni et des serveurs qui maîtrisait ses alcools. Bien sur, il faudrait négocier durement s'il voulait inclure le personnel dans le budget mais ça lui semblait valoir le coup. Il était accompagné d'un collègue pour la rencontre et les trois hommes partageaient leur premier verre après s’être serré la main pour entamer la présentation du lieu.
Bien vite, le directeur s'excusa auprès d'eux pour s'absenter, rien d'inhabituel dans un bar ou l'ambiance battait son plein. Reprenant son verre, c'est par hasard que son regard se posa sur le directeur à l'entrée du carré VIP et de son interlocutrice, une femme blonde. Il n'y prêta pas attention jusqu'à ce qu'elle s'approche de leur table. Il faillit lâchait son verre comme un fantôme se matérialisait sous ses yeux. La ressemblance était saisissante, si elle n'était pas morte il aurait jurer que c'était Jane devant lui. Bien sur plus agé que l'adolescente qu'il avait connu, il estimait qu'elle approchait la trentaine et ce put être cohérent. Pourtant quelque années auparavant, on avait identifié un corps calciné comme appartenant à Jane Jenkins. Il se rappelait très bien de ce petit encadré dans le journal de New York, un fait divers passé inaperçu aux lecteurs lambda, mais pas pour Noah qui dévorait les journaux tous les matins. Il se rappelait du vide qui l'avait submergé face à cette terrible nouvelle. Pour ne pas paraître malpoli en la fixant et pour cacher son trouble, il vida d'une traite son verre avant de le reposer sur la table. Ce n'est qu'une femme qui lui ressemble, concentre toi ! j'ai des affaires à mener ! pensa t'il pour reprendre une posture professionnelle. Il l'entendit se présenter, Madame Charlton, une voix plus grave que celle de l'adolescente qu'il avait connu certes mais une élocution terriblement familière. Allons, Allons ! c'est mon esprit qui me joue des tours. Elle me fait penser à elle c'est tout. Il eut le temps de la poignée de main de son collègue pour se ressaisir.
"Madame Charlton, Enchanté. Voyons il n'y a rien à excuser. Nous ne pouvons qu'apprécier ce changement." dit Anderson en serrant la main de la jeune femme. Elle se tourna ensuite vers lui pour serrer sa main. Il la serra brièvement, croisant son regard sans insister pour ne rien laisser voir de son trouble. Le contact de sa paume pourtant éveilla un drôle de frisson.
"Enchanté. Je suis Mr Moretti et voici Mr Anderson, nous assistons Mr John Richwood, lieutenant gouverneur de l'Ontario." dit il d'un ton plus solennel que d'ordinaire. "Nullement! nous en serons ravis" renchérit Mr Anderson comme si ce n'était pas déjà lourd la première fois. Secrètement, il était du même avis que son collègues, mais pas parce que c'était une belle femme mais parce qu'il desirait rester en compagnie de ce sosie de la femme qu'il avait aimée même s'il ne pouvait partager ses pensées. Ce serait bien trop étrange.
"Comme nous l'expliquions à Mr Svensson, nous cherchons un lieu que nous pourrions privatiser pour des réceptions du gouverneur."

Elle feint l’indifférence, mais c’est un véritable volcan d’émotions qui est en train de ravager tout son être. Elle est à la fois troublée, ravie et paniquée. Au plus profond de son être, la petite fille qu’elle a été est heureuse de faire face à cet être chéri du passé, mais la femme torturée qu’elle est devenue ne peut l’être. Ce serait prendre des risques inconsidérés, sachant que sa plus grosse crainte serait qu’il découvre sa paternité. Elle n’ose pas imaginer les conséquences que cela pourrait avoir sur son existence, la sienne et celle d’Ambre. Jane perçoit le trouble de Noah dans sa manière qu’il a de feinter une envie de boire. Il avale son verre cul sec, comme s’il l’avait reconnu. Mon dieu, faites que je me trompe. Elle prie intérieurement alors qu’elle porte son attention sur l’homologue de ce fantôme du passé. Elle sourit aimablement au compliment. « Je suis sûre que M. Svensson sera ravi de l’apprendre et m’en voudra moins de l’avoir interrompue. » Elle lance de cette voix peu coutumière qu’elle tente de rendre séductrice comme le veut le jeu des négociations. Elle a conscience qu’un juteux contrats est possible pour le club et elle ne compte pas mettre à mal les efforts de Tobias à faire de ce lieu, un endroit impossible à manquer. Noah finit par se présenter et il lui est alors impossible de nier l’évidence : Noah Moretti est devant elle. Elle avait craint cette rencontre, se persuadant qu’ils évoluaient dans des cercles bien trop différents pour que leurs routes se rencontrent de nouveau. Malheureusement le présent semble réaliser ses pires craintes. Elle peut juste user de ses charmes pour brouiller les pistes et garder la maitrise de ses émotions et surtout de son trouble face à cette réalité. Elle lâche de nouveau du regard le brun pour le reposer sur son homologue qui semble avoir un faible pour son charme. Cela ne la dérange pas. Elle a l’habitude de plaire et a joué de ces charmes durant bien des années. « Je pense que cet endroit est fait pour vous, alors. » Elle lance simplement dans un sourire confiant alors qu’elle vient croiser ses jambes. « Nous avons l’habitude d’accueillir des personnes très haut placé. Notre règle d’or est que tout ce qui se passe au sein du Charlton’s Secrets y reste. Nous avons une agence de sécurité calée dans son domaine avec un système vidéo qui ne laisse pratiquement rien passé. La sécurité de tout le monde peut vous être totalement assurée. Il vous ait possible de réserver le club dans sa partie VIP, comme toute la salle. Elle déclare avec une conviction qu’on ne peut remettre en question. Son regard est franc et jongle subtilement entre les deux, en évitant de rester trop longtemps sur Noah. « Le personnel a signé une clause inviolable dans leur contrat de travail et nous sommes très vigilent lors de notre recrutement. Avez-vous déjà établi une liste de vos besoins en général pour que je puisse voir ce que nous pouvons vous proposer. Notre palette de service est très variée et nous avons presque une réponse à toutes les volontés de nos clients. Pour peu qu’ils soient mis le prix. Après tout l’excellence à un prix, ne pensez-vous pas ? Elle déclare en plongeant son regard dans celui de son ex-amant, avec une pointe de défi, lui qui est parti pour suivre ses ambitions en la laissant derrière lui. Il lui sera bien difficile de nier cette vérité.

Cacher ses propres émotions était un art en politique, et Noah le maîtrisait parfaitement. Sa vie prié se cachait derrière un masque. Son masque était quasiment imperturbable, seule le souvenir de Jane pouvait troubler ce masque. Et seule Jane aurait pu s'en rendre compte. Il était persuader que son collègue n'y avait vu que du feu, se ressaisissant en un instant, mais il percevait le regard de la jeune femme sur lui, pas de trouble mais perçant. Cela ne pouvait avoir nul sens et il ne devait pas s'y attarder, il avait une mission à mener ici. Il avait tout de suite repris contenance évidement pour expliquer à la directrice la raison de leur venu et leur recherche. Son discours était affuté et professionnel, de toute évidence elle savait Vendre et ne se gênait pas pour charmer ses interlocuteurs. Elle n'aurait aucun mal à les bouffer tout cru s'ils étaient des amateurs. Du Jane tout craché, ne pouvait il s’empêcher de penser coupablement, oui jusqu'à cette dernière petite phrase.

C'est évidemment ce qu'il pensait et appliquait, l'excellence se payait d'une manière ou dune autre, soit de manière monétaire ou par des sacrifice. Il était bien placer pour le savoir lui qui avait abandonné Jane pour suivre ses ambitions et cette jeune femme avait sans doute laisser quelques cadavres sur son chemin pour accéder à cette position si jeune. Toutefois pour le service qu'il venait demander, il avait un budget à respecter. Un sourire apparu sur ses lèvres comme la demoiselle se concentrait sur lui.
" Sans doute si vos prestations sont uniques et inégalables. " dit il dans l'air d'un homme qui demande à être convaincu. " C'est un bel établissement que vous avez là, mais est il vraiment meilleurs que vos confrères du Royal?" Questionna t'il la jeune femme.  Il savait toujours faire jouer la concurrence et rappeler qu'ils aait le choix ne faisait jamais de mal."Nous aurions besoin d'accueillir environ 200 personnes sur invitations uniquement pour une soirée cocktail et open bar. La discretion absolue est évidement très importante, aucune presse autorisée, ni paparazzi. Rien d'inhabituel pour votre établissement j'en suis certain." assura t'il avec un sourire.

Il se pencha vers son collègue et lui demanda s'il pouvait aller chercher une bière au bar, un prétexte quelconque pour l'obliger à le laisser seul avec femme qui lui rappelait son premier amour. Il ne pouvait pas passer à côté, pas s'en detacher. Elle ne lui apporterait nulle réponse, Noah en était conscient. Elle n'avait rien à voir avec Jane si ce nest un physique similaire, une expression similaire, quelle reponse pouvait cet inconnu apporter. Nulle, ce ne pouvait être Jane. Pourtant, elle reveillait cet ancien chapitre de sa vie. Il observa son compère partir vers le bar ou la foule se pressait et attendit un peu avant de prendre la parole.
"- Vous avez un bien bel établissement Mme Charlton! Et si jeune, c'est impressionnant!" dit t'il posément entre la séduction et une véritable admiration que Jane aurait su déceler. Il aimait le succès, et ce bar était une réussite.

Elle prend les rennes de la conversation. Elle s’applique à satisfaire la curiosité des deux hommes en s’efforçant de mettre de côté qu’elle se retrouve face à son premier amour. Elle camoufle ses émotions qui sont à fleur de peau. Elles sont si nombreuses et contradictoires qu’elle aurait bien besoin d’un instant pour se ressaisir véritablement, mais elle fait bonne figure. Elle a cette force de caractère qui lui permet d’affronter n’importe quelle situation avec un aplomb à toute épreuve même si elle n’a qu’une envie : fuir. Elle n’hésite pas à lancer une petite pique indirecte, jouant à la fois sur le passé et le présent. « Nous nous adaptons toujours à la demande de nos clients, Monsieur Moretti. » Elle commente sans perdre de sa superbe dans sa position distinguée. « Nous ne cherchons pas à être meilleurs que nos confrères. Nous nous efforçons d’être en adéquation avec les besoins de nos bénéficiaires pour qu’ils se sentent comme chez eux. » Sa voix reste ferme et charmeuse alors qu’elle vient déposer ses mains sur ses genoux croisés. Elle le dévisage avec défi tandis qu’il énumère les besoins qu’il a listé. « Le B.A.BA, Monsieur Moretti. » Elle déclare avec ce détachement qui la caractérise tellement. Il n’y a rien d’extravagant dans la demande formulée. Ils ont eu des demandes bien plus singulières que celles-ci, mais elle se garde bien de le divulguer. « Notre établissement est le meilleur en domaine de discrétion, vous pouvez me faire confiance. » Elle ajoute avec cette même fermeté pour lui faire comprendre qu’il n’y a aucun risque que quelque chose fuite dans la presse. Son regard se fait attraper par celui d’un serveur qui lui fait comprendre que Tobias gère la situation, mais qu’il en a encore pour un petit moment. Elle se contente d’acquiescer d’un mouvement bref de la tête avant de reporter son attention sur ses convives. L’homologue de Noah se lève et s’excuse pour prendre la direction du bar. Elle le regarde faire par mécanisme avant de reporter ses iris émeraudes dans les iris claires de Noah. Elle pourrait s’y perdre de nouveau si elle baisait la garde, mais elle n’a pas le droit à l’erreur. Jane Jenkins est morte et enterrée. Elle ne doit pas l’oublier si elle veut s’assurer de ne pas perdre l’équilibre qui lui a donné Logan.

Face aux propos du brun, elle se contente de lui sourire aimablement, sensible malgré elle au charme que cet homme dégage et qui l’attire. « Je vous remercie. Tout le mérite revient à Tobias et à mon compagnon. C’est le projet de leur vie et il leur tient très à cœur. » Elle omet le fait que son dit compagnon est décédé et qu’elle a hérité de sa fortune. « Il est devenu le mien. Le nôtre. » Elle s’applique à préciser avant de venir s’emparer de son verre qu’elle vient porter à ses lèvres. « Cela fait longtemps que vous assister Monsieur Richwood, Monsieur Moretti ? » Elle questionne pour changer la conversation de convenance se diriger sur un autre sujet que sa personne. Elle joue la propriétaire curieuse et ignorante de la place qu’occupe Noah dans la vie du gouverneur. Après tout, il n’est pas encore un homme bien connu dans le monde politique. Un monde qui est en contact avec Tobias. Elle peut bien en savoir plus sur lui puisque c’est sans doute la seule fois qu’elle aura à le rencontrer. Une fois le contrat signé, leur chemin n’aura plus à se croiser de nouveau, même au sein du club.

Le trouble l’assaille d’autant plus qu’elle n’a pas de point d’ancrage autre que les iris claires du brun. L’absence du collaborateur de Noah l’oblige a gardé son attention sur ce fantôme du passé. Elle aimerait bien trouver une échappatoire, mais la raison lui impose de garder son sang froid et de camoufler autant que possible son malaise. Elle est devenue maître dans la matière. La vie ne lui a pas laissé le choix et elle ne peut rien faire contre cela. Elle s’applique donc à répondre aux questions de son homologue. Elle reste superficielle, peu désireuse de s’épancher sur les raisons qui l’ont amenée à prendre la tête de ce club. De toute manière, ce ne serait que des mensonges soigneusement travaillés qui s’épancheraient hors de ses commissures. Elle s’efforce de sourire poliment aux propos de Noah. « Au moins, je lui ai rendu l’échange plus agréable. Tobias aurait été sans doute un hôte moins attrayant pour lui. » Elle commente avec un sourire en coin. « Même s’il a son charme. » Elle précise avec bonne humeur.

Peu désireuse que la conversation s’attarde sur elle, elle prend le parti de le questionner à son tour, comme s’ils s’étaient lancés dans un jeu de questions-réponses. Ce qui n’est pas le cas. Il se plie à son interrogatoire lui divulguant quelques informations sans réellement entrer dans les détails. Eux deux ont toujours été très doués pour jouer avec les mots, user de leur charme pour éviter de dévoiler leur véritable histoire ou pensée. « Toronto réserve bien des merveilles. Je suis moi-même certaine que je n’ai pas encore tout découvert. » Elle commente dans un sourire poli. Elle profite de cet instant pour boire une gorgée de son verre. « Le déménagement n’a pas été trop difficile à vivre pour votre épouse ? » Elle le questionne en faisant un geste vers l’alliance qu’il a à son doigt. Elle agit de manière calculée pour obtenir la vérité sous des airs détaché. Son naturel s’impose quelques instants avant qu’elle se reprenne rapidement face à la remarque du brun.

Son regard intense la transperce, mais elle n’en montre rien. Elle se contente de finir son verre de vin blanc avant de le reposer sur table. « Un bon souvenir j’espère ? » Elle commente dans un sourire amusé sans perdre de son détachement. « Il y a un adage qui dit que nous avons un double sur terre, mais je pense que je me souviendrai d’avoir rencontré un homme aussi charmant que vous, Monsieur Moretti. » Sa voix demeure stable même si à cet instant, elle aimerait voir apparaitre Tobias pour prendre la relève. Seulement, le blond ne semble pas être dans son champ de vision. Ce qui veut dire qu’elle va devoir se concentrer plus que jamais. En espérant que le collaborateur du brun revienne très rapidement.

La femme face à lui était belle et pleine d'assurance. Elle savait entretenir le mystère tout en attirant l'attention de son interlocuteur. Elle était séduisante tout en se montrant ferme et inaccessible. Il aimait ce genre de femme, que ce soit Jane ou sa femme actuelle, elles avaient chacune à leur manière ces qualités. Les retrouver dans le sosie de Jane blonde était perturbant. La possibilité de ressembler physiquement à Jane était sans doute probable, il n'avait pu voir Jane depuis plusieurs années c'était peut être juste une interprétation de ce à quoi elle pourrait ressembler si elle était encore en vie, des traits physiques caractéristique. Qu'une inconnue lui ressemble physiquement et mentalement, c'était déjà beaucoup plus étonnant, donc troublant. Évidement il se gardait bien d'afficher son émoi lors de la négociation et s'applique au politesse d'une conversation banale tandis qu'il a clairement chercher une conversation privé.

Même s'il portait une alliance, il fut surpris de la voir le questionner sur son épouse, il répondit toutefois avec une expression amusée. « Pour elle, pas du tout ! Elle vient d'ici. C'est pour se rapprocher de sa famille que nous avons déménager dans le Grand Nord. » confia t'il sans mentir mais sans s'attarder sur toutes les facettes de la vérité. « Et vous, vous vivez ici depuis longtemps, vous avez un accent qui n'est pas de Toronto. Je dirais du sud des USA, peut être ? » Elle l'avait force à révéler une information sur lui, il lui rendait donc la pareil.

Il finit par lui faire remarquer qu'elle lui rappelle Jane, sans la nommer puisque ca ne changerait rien. Un sourire nostalgique apparu quand elle demanda si c'était un bon souvenir. « L'un des meilleurs ! » dit il avec sincérité en observant attentivement la jeune femme. Un instant de vulnérabilité qui aurait pu être un acte mais qui en l’occurrence ne l'était pas. Peut être était ce juste un acte de séduction. Elle lui parla de cet adage qui constate que chacun avait un double sur la terre, le flattant comme elle devait le faire avec bien des hommes. « Comme quoi, ces adages ne sont pas toujours complètement infondé. Je ne suis pas certain d'être à ce point mémorable, mais j'apprécie le compliment ! » dit il avec un rire comme pour lui indiquer que les flatteries ne l'atteignait pas. Il but une gorgée de sa boisson en se demandant ce qu'il cherchait. Juste confirmer que ce n'était pas elle contre toute logique physique. Il la sentait si proche, la mémoire de ses sens s’éveillait auprès de cette jeune femme.

Une conversation plus intime s’installe à la suite du départ du collaborateur de Noah. Les questions se veulent innocentes, seulement posées pour faire la conversation et briser la glace. Jane y répond simplement, de manière légère sans perdre de son sang-froid. Elle dévoile des vérités sans aller au bout de sa démarche pour ne pas trop en dévoiler et communiquer des informations qui pourraient titiller l’esprit aiguisé de son premier amour. Elle use de ses talents de stratège pour découvrir des choses à son tour, mais Noah est également un maître dans ce domaine. Il s’en tire sans aucune difficulté, ce qui l’amuse. « Quelle belle preuve d’amour que d’accepter de la suivre. » Elle déclare en usant d’une expression presque attendrie par l’affection qu’il porte à sa femme. Son regard est pénétrant et brille d’une lueur d’amusement tant elle trouve la situation amusante. Elle sait parfaitement que c’est l’appât d’une opportunité dans sa carrière qui a conduit Noah à venir à Toronto. Après tout, il a bien privilégié sa future carrière à leur relation. Elle l’a toujours accepté, mais il n’en reste pas moins que l’approche prise par Noah provoque une forme de sarcasme de sa part. « Je suppose que vous avez eu beaucoup de chances de trouver une telle place aux côtés de Monsieur Richwood. » Elle ajoute sans perdre de sa superbe en venant boire une gorgée de son verre. Elle sourit du coin des lèvres aux paroles du brun. « Depuis quelques années. Je suis originaire du Mexique. » Elle déclare avec sincérité, jouant également sur les mots. Elle omet totalement le fait d’avoir vécu une grande partie de sa vie aux Etats-Unis. Après tout, la question de Noah visait simplement son accent et elle ne lui ment pas.

Seulement, la conversation change de tout au tout par la confession de Noah. Elle ne laisse rien paraitre du trouble qui pourrait l’envahir. Elle se plie au jeu, use de ses talents d’actrices pour feindre l’amusement.  L’aveu de Noah la trouble, parce qu’il est à ce jour le seul homme qu’elle ait aimé avec tant de passion et de dévouement. Elle n’en montre rien pour autant, brouille totalement les pistes en détournant la conversation de nouveau. Elle se contente juste de sourire avec politesse à sa réponse. Elle ne relance pas la conversation dans l’immédiat puisque son regard est attiré par un signe du barman. Il lui indique la porte et c’est avec soulagement qu’elle voit apparaître Tobias sur le pas de la porte. Ses traits sont fermés, signe que l’échange avec le dominant n’a pas été de tout repos. « Je vous prie de m’excuser. Je vois que Tobias est de retour. Si cela ne vous dérange pas, je vais le laisser finir cet échange. Il est le mieux placé pour définir les termes du contrat. » Elle se lève avec délicatesse sans réellement attendre la réponse de son premier amour. « Enchantée d’avoir fait votre connaissance, Monsieur Morreti et au plaisir de vous accueillir au sein de nos locaux pour votre événement. » Elle lui tend la main qu’il serre. Le frison est de nouveau là, mais elle ne le laisse pas s’éterniser. Elle relâche sa poigne avant de s’éloigner pour rejoindre son associé. Ils échangent quelques mots, chacun indiquant la situation pour permettre à l’autre de reprendre le fil de sa soirée dans ses missions initiales. Tobias perçoit son trouble, mais ne dit mot. Elle sait qu’elle aura droit à un échange avec lui à la fin de leur soirée. Elle le mettra au courant à ce moment donné, mais dans l’immédiat, elle n’a qu’une hâte, retourner derrière les portes insonorisées du club et disparaître de nouveau, comme elle s’efforce de le faire depuis des années.