can't stop the feeling • abi'

We want to know about your life. (1) membre de la première heure de l'application staying alive, abi' fait partie des quelques milliers de torontois inscrits pour agir en cas d'arrêt cardiaque signalé à proximité. formée aux premiers secours, abi' a déjà eu l'occasion d'agir. les minutes qui s'égrènent, la concentration sur les gestes si vitaux, la peur au ventre, le regard fixé sur deux paupières qui ne demandent qu'à se soulever de nouveau. elle l'a fait, sauver une vie. l'adrénaline la forçant à respirer aussi fort qu'elle s'échinait sur une poitrine inerte ; celle d'un homme en détresse respiratoire à quelques pâtés de maisons du magasin qui l'emploie. elle a failli pleurer de soulagement en croisant ces deux pupilles qui la fixaient, comme un merci inaudible.(2) 6 ans. une jolie maison à yorkville avec un parterre fleuri à l'entrée, mais un père aux abonnés absents. commercial dans l'automobile, son père semblait préférer son histoire d'amour avec les bouteilles du comptoir qui ne le voyait que trop souvent défiler - plutôt que de se construire des souvenirs heureux avec sa femme et ses enfants. abi' s'était bien souvent demandée si sa mère avait jamais été heureuse. les repas à trois - une quatrième assiette devant une chaise désespérément vide, les samedis à se promener au soleil avec sa mère et son frère. son père n'est qu'une figure fantomatique, abi' a construit ses souvenirs sans lui. (3) le divorce, enfin. comme une suite logique, un soulagement surtout. puis la pension alimentaire, la garde exclusive de sa mère et le déménagement dans un appartement bien plus petit que leur ancienne maison. son frère à 10 ans, elle 8. pourtant, ce logement bien que petit deviendra leur véritable chez eux. sans le bruit des bouteilles qui s'entrechoquent, des portes qui claquent, sans les éclats de voix masculine. son père est aujourd'hui sorti de sa vie depuis longtemps, il a fait acte de présence à sa remise de diplôme et continue de lui envoyer des chèques pour son anniversaire. chèques qu'elle ne dépose jamais. abi' le considère comme un étranger. (4) après des études en urbanisme et plusieurs emplois dans ce secteur, abi' a décidé de bifurquer vers la vente. ou plutôt vers l'humain, le relationnel. elle n'est pas taillée pour participer à des projets de parking et de HLM, étouffant ses idées d'espaces verts et de nature. elle se sent mille fois plus utile depuis qu'elle travaille comme vendeuse dans une jardinerie/animalerie de la ville. déjà trois ans qu'elle gravite autour des plantes et des animaux de compagnie. un retour à la simplicité, tout ce qu'elle aime. (5) une colombe tenant dans son bec un rameau d'olivier. des traits fins, d'un noir encré dans la peau. comme une façon de faire la paix avec son passé, de se dire que tout est désormais possible. le seul et unique tatouage qui arbore son corps, réalisé dès la fin de ses études, s'étale discrètement à l'intérieur de son poignet gauche. (6) par moment, elle s'en souvient. de ces regards en biais, de ces phrases murmurées à son arrivée, de ces sourires de façade. son père l'avait oubliée, un soir puis deux. à la sortie de l'école, bien avant le divorce. dès lors, abi' avait été le sujet d'un certain nombre de moqueries de la part de ses camarades, bien informés sur l'état de son père. cruel pour une gamine de son âge. cet épisode a marqué le début des retours à la maison à pieds. sans son père, mais désormais avec son frère. à parler de leur journée, à shooter dans quelques cailloux, à rire à gorge déployée. (7) dobby. c'est le nom du beagle de 3 ans qui partage sa vie. adopté au refuge dans lequel elle est bénévole, elle a autant craqué sur sa bouille d'ange que sur son parcours. aussi chaotique que le sien. retrouvé sur la voie publique, une vision perdue sur l'un des deux yeux. c'est avec dobby qu'elle part faire son footing, chaque matin. dobby et quelques musiques dans ses écouteurs. (8) son monde à elle est simple. entourée de ses quelques rares amis (de ceux qui se comptent sur le doigt d'une main mais qui la connaissent par coeur), de sa famille et des sourires qui l'accueillent au refuge. elle n'a pas besoin de plus. ni de mascara le matin pour se sentir elle-même, ni de tenue mettant en valeur ses courbes féminines. elle leur préfère une simple queue de cheval et un pull confortable. le superficiel n'a guère sa place dans son quotidien. abi' est une femme aussi naturelle qu'entière, une simple sortie au restaurant, un chocolat de noël qui pétille sur la langue, un dimanche en famille passé à refaire le monde, un plateau repas devant le dernier épisode d'une série Netflix. abi' saisit les petits bonheurs qui jalonnent la vie. (9) poussée par sa colocataire et amie proche, elle avait tenté. tenté de s'inscrire sur un site de rencontre. peut-être que certains jours la solitude lui pesait, peut-être qu'elle avait simplement envie de retrouver cette sensation. celle d'être attendue par quelqu'un quelque part. et cette rencontre. lui et sa façon de la regarder. lui, brun au large sourire. et elle apprenant finalement son passé sulfureux. lui et son habitude de tromper ses partenaires, une à une. lui tentant de lui expliquer qu'elle serait l'exception, qu'il n'oserait jamais... qu'il n'en avait pas besoin. et abi' rompant cette histoire par conviction, celle d'éviter le pire. de se détacher avant de ne plus en être capable. (10) abi', c'est la générosité incarnée. comme un besoin vital de faire le bien autour d'elle, d'être là où on a besoin d'elle. d'apporter le sourire là où le soleil manque et l'aide financière là où les ressources viennent à manquer. elle ne sent jamais aussi vivante que lorsqu'elle est au refuge, entourée par toutes races. distribuant des caresses autant que des croquettes, s'assurant que chacun ait une chance de s'en sentir indemne en quittant le refuge. et pas un noël ne passe sans qu'elle ne profite de présence de la food bank au supermarché pour acheter quelques conserves. et peu importe les dollars en plus sur sa note. (11) discrète mais sociale, abi' n'habite pas seule. en colocation avec une amie de longue date, leur appartement permet à cette dernière d'exercer son activité en freelance. une situation plus qu'idéale, notamment pour dobby qui apprécie la compagnie plus que de raison et supporte mal la solitude. (12) l'amour, elle y croit. elle y croit encore malgré le divorce de ses parents, l'exemple même d'un couple aux antipodes. elle y croit malgré sa dernière histoire. elle la veut cette histoire d'amour, cette image d'elle à un âgé avancé - main dans la main avec celui qui saurait la voir telle qu'elle est. celui qui lui sourira au réveil, chaque matin jusqu'à la fin. vision idéaliste probablement mais abi' est une éternelle optimiste.

liens recherchés
→ d'anciens voisins, sourires et visages effacés de son ancienne vie à yorkville
→ des camarades d'école, responsables des moqueries subies par la jeune abi' de 6 à 8 ans
→ des bénévoles au refuge pour animaux de son quartier, comme une seconde famille
→ d'anciennes relations amoureuses
→ un homme ayant récemment été secouru par abi' grâce à l'appli staying alive

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