souvenir d'un passé disparu (savannah)

- - je vois notre empire partir en fumée, j'ai la rage dans le sang, j'ai la rage dans le coeur. (@savannah montgomery)

Janvier 2019
Les deux dernières années lui avaient semblé hors du temps. Comme figées dans l’espace, comme si elles avaient été un énorme cauchemar qui avait duré plus d’une nuit. D’abord ce décès, puis son arrestation, puis cet abandon. Alison n’était pas ressortie indemne de tout ces évènements et elle n’arrivait plus à penser. Elle était sortie de prison depuis trois semaines, et avait atterri au Canada la veille au soir. Retrouver son pays et sa ville natale après tant d’années et d’évolutions lui faisait souffrir, mais elle essayait de ne pas y faire attention. Rien n’avait changé ici. La neige était aussi belle et abondante. Le ciel scintillant comme dans ses souvenirs. Ses soeurs n’avaient pas changé et étaient toujours aussi belles. Elle s’en voulait de les avoir abandonné, elles aussi. De s’être laissée emporter par cet amour qui l’avait détruite. Maintenant, elle ne savait plus qui elle était vraiment. Veuve, célibataire, maman, sans enfant. Sa fille fêterait ses deux ans au moins d’avril et peu à peu, les souvenirs de son odeur disparaissait. Ce matin-là, Alison s’était réveillée en pensant à sa vieille amie. Savannah. La seule avec qui elle avait gardé contact, avec qui elle n’avait pas tout coupé. Savannah avait toujours permis à Alison d’oublier sa condition. D’abord de filles de politiciens, puis celle d’escorte. Savannah n’avait jamais été mise au courant de cette double vie, Alison lui avait menti pour la protéger et maintenant, elle s’en voulait terriblement. A son départ en prison, elle n’avait pas eu le temps de la prévenir. Quasiment dix-huit mois qu’elle ne lui avait pas donné de nouvelles, mais aujourd’hui, Alison voulait revoir son amie. Lui expliquer, s’excuser. Elle se souvenait vaguement d’une adresse et avait décidé de s’y rendre. Face à la porte d’entrée, Alison stressait. Elle savait qu’elle avait énormément changée depuis la dernière fois que Savannah l’avait vu, elle avait grandi, changé. La case prison n’avait rien arrangé. Tu peux le faire Alison, ça va aller pensa-t-elle, alors qu’elle cognait contre la porte. Elle avait besoin de son amie pour avancer, elle savait qu’elle était la seule qui pouvait lui rappeler qui elle était avant toutes ces années: une battante. Une adolescente prête à tout pour éviter son destin. La porte ne tardait pas à s’ouvrir, et la jeune femme lui sourit timidement. « Bon matin Savie. » Il ne restait maintenant plus qu’à espérer qu’elle ne l’ait pas oublié.

(je sais pas encore si je rp en elle ou en je avec elle, si ça change, je te dirais )

Savannah vivait en colocation depuis peu, la dernière arrivée s’était installée quelques jours plus tôt, et ils étaient maintenant au complet, chaque chambre de l’immense maison que ses parents lui avaient gracieusement payée était prise, et elle se sentait un peu mieux. Elle s’était sentie tellement seule, tellement mal dans cette grande maison dont elle ne savait plus quoi faire. Déjà quand elle vivait avec son petit ami, la maison lui paraissait bien trop grande, ils passaient même leur temps à changer de chambre quand l’envie leur en prenait. La belle brune avait pourtant élu domicile dans la chambre qui n’était pas la plus grande de la maison, mais c’était sans doute celle qui avait la plus jolie vue. Elle s’était toujours sentie à l’aise ici, et elle avait une salle de bain privative qui était un véritable avantage pour l’hôtesse de l’air. Elle était susceptible de rentrer à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, selon les horaires de ses vols, et donc c’était un avantage pour ne déranger personne que de pouvoir prendre une douche rapide sans réveiller toute la maisonnée.

La belle était de repos depuis quelques jours, et son prochain vol aurait lieu dans deux jours. Elle faisait un vol qui la mènerait à Dallas au Texas, puis elle avait plusieurs vols intérieurs prévus dans son agenda. Son boulot la passionnait, elle était fière d’avoir réussi cette formation qui lui tenait à cœur depuis qu’elle était gamine, même si son père avait essayé de la voir faire des études de droit commercial. Mais rien ne l’ennuyait plus que les calculs, le commerce et les magouilles, l’argent ne l’intéressait pas non plus, alors elle avait abandonné au bout de deux ans. Déception de ses parents, mais pas encore assez pour lui couper les vivres.
La brune venait de sortir de sa douche et se préparait un petit plat rapide quand elle entendit des coups frappés dans la porte d’entrée. Elle s’essuya les mains et s’assura que tout était en train de mijoter tranquillement puis elle se dirigea vers la porte, qu’elle ouvrit. Elle resta un bref moment interloquée, mais ce visage, elle le connaissait par cœur, ce visage, il l’avait accompagnée tellement de fois dans des soirées mondaines d’un ennui mortel. Ce visage, il lui avait manqué au cours des dernières années. Une amie, la grande sœur qu’elle n’avait jamais eue. Alison.

Ali…

Elle restait là, à la regarder sans bouger, quand finalement elle fit un pas dans sa direction et l’attrapa pour la serrer contre elle. Après des mois de silence, elle avait beau lui en vouloir de l’avoir oubliée, délaissée, mais pour le moment c’était la joie de la revoir qui prédominait. L’observant, elle la trouvait différente, comme si ces quelques mois avaient fait des ravages sur son visage, elle avait les traits marqués, mais elle restait pourtant toujours la plus belle à ses yeux.

J’ai cru que tu m’avais oubliée. Entre vite, il fait froid.

Savie se poussa sur le côté pour laisser son amie entrer dans son immense demeure puis referma la porte derrière elle, heureuse, curieuse, surprise et surtout, soulagée de voir qu’elle était toujours là, qu’elle allait bien.

Le retour à Toronto n’avait pas vraiment été facile pour la jeune femme. Elle n’était pas revenue ici depuis des années et n’avait pas vraiment pu préparer son retour. Sa sortie de prison n’avait pas été simple et ce n’est qu’à Toronto où elle avait pu trouver un tant soit peu de réconfort. À New York, elle avait l’impression d’être bien trop poursuivie pour ses bêtises. À chaque coin de rue, des souvenirs. Jane. Des femmes qui lui ressemblaient. Des enfants qu’elle croisait et qu’elle s’imaginait être le sien. New York était devenue son enfer, elle était terriblement seule et avait besoin de retrouver sa vie d’autrefois. Sa vie d’avant. Avant la prison. En arrivant en ville, ses soeurs avaient accepté de la voir et d’essayer de nouer de nouveau un lien avec leur aînée. Alison s’en voulait terriblement de les avoir abandonné. Elle les aimait tellement, elle savait qu’elle avait fait cela pour les protéger, mais rien n’était simple pour autant. Quant à ses parents, ils ne voulaient pas la voir. Elle le comprenait, mais souffrait de cette interdiction. Elle n’avait jamais vraiment eu de relation positive avec eux mais pour autant elle aurait souhaité qu’ils essaient de comprendre ce qu’elle était devenue. Qu’à côté de tout cela, Alison était une femme bien.

Ali n’avait pas pu se rendre à Toronto sans penser à Savannah. Elle était cette gamine qu’elle considérait comme sa petite soeur. La seule avec qui elle avait gardé des contacts lors de sa descente aux cauchemars. Elle avait vraiment envie de lui expliquer pourquoi elle avait disparu aussi brutalement. C’est pour cette raison qu’elle se trouvait devant sa porte, en espérant que Savannah habite bien ici. Heureusement pour elle, Alison ne s’était pas trompé et la vue de son amie lui fit ressentir un bonheur immense. La jeune femme ne tarde pas à venir la serrer contre elle. Cette étreinte, Alison l’avait espéré pendant des années. Le contact par sms ne suffit pas toujours, et elle avait presque l’impression de vivre un rêve. Alison offre un sourire à son amie avant de rentrer dans la maison. Elle est immense. « Comment est-ce que tu vas? Je suis désolée de débarquer à l’improviste… » Alison baisse légèrement les yeux. Elle a vraiment honte d’être partie sans rien lui dire. « Je vais tout t’expliquer, je te jure, je vais tout t’expliquer mais, je ne te dérange pas? » Alison relève les yeux vers Savie et lui sourit. Elle a tellement changé. La dernière fois qu’Alison l’a vu en chair et en os, elle n’était pas encore majeure.

@Savannah Montgomery

Voir son visage, reconnaitre ses traits, elle qui l’avait toujours trouvée tellement belle. Alison, c’était la fille sauvage qu’elle avait envie de devenir depuis l’enfance. La petite fille qu’elle était à l’époque la voyait comme un modèle, elle imaginait qu’un jour, elle serait aussi belle et aussi confiante que son modèle. Mais depuis plusieurs mois, voire des années, le temps était passé tellement vite pendant ses études, Savannah n’avait plus jamais eu de nouvelles d’Alison. Tout ce qu’il restait de ce lien si spécial qui s’était développé entre elles, c’était quelques photos de soirées mondaines sur lesquelles elles faisaient des grimaces à la dernière minute, pour ennuyer leurs parents qui cherchaient pourtant à avoir des « portraits officiels ».
La jeune femme gardait précieusement ces photos enfermées dans un album, qu’elle ressortait de temps en temps quand la nostalgie se faisait sentir. Et puis il y avait celle qui trônait fièrement dans le salon de la maison, une maison qu’elle partageait dorénavant avec quatre autres personnes, toutes absentes en ce moment, mais heureusement ils avaient suffisamment de respect que pour comprendre que quelques photos personnelles prenaient place à divers endroits de la maison. Chaque chambre avait été nettoyée et débarrassée pour qu’ils puissent tous se sentir chez eux dans leur chambre, mais le reste de la maison, c’était une petite part de Savannah.

Voir le visage d’Alison lui faisait tout drôle, comme si soudainement, son passé lui fonçait dessus à la vitesse de la lumière, une sensation qui n’était pas si désagréable au final. Mais il était évident qu’elle était surprise, agréablement, de retrouver son amie. Elle la serra d’ailleurs tout contre elle, heureuse et soulagée de voir qu’elle allait bien, qu’il ne lui était rien arrivé. Evidemment, elle ne savait rien de sa vie ces dernières années.

Ne t’excuse pas, tu es toujours la bienvenue ici. D’ailleurs bienvenue vu que c’est la première fois que tu viens.

Savannah se bougea sur le côté pour laisser Alison rentrer dans sa maison, puis elle referma la porte derrière elle. Une nouvelle fois, elle la prit dans ses bras, ressentant qu’elle en avait possiblement besoin. Elle lui sourit puis répondit à sa question.

Je vais bien, je vais bien. Et toi, dis-moi, comment tu vas ?

Curieuse, curieuse de savoir ce qu’il s’était passé au cours des dernières années. Curieuse de savoir où elle était passée, comment ça s’était déroulé de son côté. La belle sourit une nouvelle fois avant de la faire s’avancer dans le salon. Quand Alison lui demanda si elle la dérangeait, Savie l’attrapa par les épaules et répondit :

Tu ne me déranges pas, jamais. Tu veux boire quelque chose ?

La jeune femme se dirigea automatiquement vers la cuisine, attrapa deux verres dans l’armoire où elle les rangeait, puis servit la boisson du choix de son amie de longue date. Savie était tellement heureuse, et surprise, qu’elle laissait son millier de questions de côté pour le moment.

La honte et la culpabilité. En se trouvant face à sa plus vieille et proche amie, Alison ne peut pas s’empêcher de se sentir mal à l’aise. Savannah avait été cette amie extraordinaire, celle avec qui elle avait toujours pu rester elle-même, celle qui lui permettait de fuir ce monde qui ne lui ressemblait absolument pas. Elle était la seule personne de Toronto avec qui elle avait gardé contact quand elle était partie, et la première à revenir voir à son retour. Malheureusement, pendant son emprisonnement, elle n’avait pas pu lui donner de nouvelles ni même la prévenir. Alison se sentait tellement coupable, elle culpabilisait d’avoir abandonné la brune pour des conneries pareilles. Des conneries qui avaient détruits sa vie. Elle était seule, interdite de séjour aux états-unis pour plusieurs années, elle avait perdue sa fiancée et avait été obligé d’abandonner son bébé. Alison n’était pas heureuse, mais de voir son amie en face d’elle lui donnait du baume au coeur. Savie l’invite à entrer, et la brune ne se fait pas trop désirée. Elle a besoin de s’assurer que son amie va bien, qu’elle ne la dérange pas. Elle va tout lui expliquer, c’est important pour elle d’être enfin honnête. Une manière de se faire pardonner. « Je vais… bien, enfin je crois, mais cela n’a pas d’importance. » Alison prit son amie une nouvelle fois dans ses bras, comme pour vérifier qu’elle était bien là, bien réelle face à elle. Ce moment, elle l’avait espéré pendant le procès, imaginé. Ce moment où elle serait enfin libre de revoir ceux qu’elle aimait. L’hôtesse de l’air invite Alison à rejoindre le salon et lui propose à boire, ce à quoi l’ancienne prisonnière répond qu’elle souhaite simplement un café. Elle n’a pas envie de trop s’imposer, elle a peur de déranger la brune même si elle lui a assuré le contraire. C’est difficile pour Alison de faire comme si tout allait bien. Comme si elles s’étaient vues la veille. Comme si elle n’avait jamais menti à son amie. Quand cette dernière revient au salon avec les boissons, Alison baisse un petit peu les yeux. « J’ai… je ne sais pas par où commencer. Je voulais déjà m’excuser de ne pas t’avoir donné de nouvelles, de pas… de pas t’avoir tout dit concernant mes affaires mais je pouvais pas Savie, je pouvais pas je t’assure. » Un noeud se forme au fond de la gorge d’Ali, elle a mal au coeur de dire tout cela, et elle en a les larmes aux yeux. Elle attrape son café, presse ses paupières afin de ne pas se mettre à pleurer et boit un peu de sa boisson chaude pour se contenir. C’est tellement compliqué d’avouer à sa meilleure amie qu’on lui a menti. Et qu’on sort de prison. Qu’on est une foutue criminelle. Et surtout, qu’on a abandonné un bébé.

@Savannah Montgomery enfin! c'est un peu court, je suis désolée mais c'est dire de me remettre bien dans le rp

Savannah, c’était un bébé par rapport à Alison, un grand bébé naïf qui s’était imaginée tout et n’importe quoi par rapport à la vie de son amie d’enfance. Elle lui avait imaginé une grande vie, pleine d’obstacles à franchir, pleine de joies, de bonheurs, pleine d’amour et d’émotions en tous genres, mais jamais de la vie elle ne s’était préparée à ce qui était pourtant la triste vérité. Et pour le moment, elle ne connaissait rien de cette vérité, elle ne savait rien de la vie d’Alison ces trois dernières années.
Elle s’était évidemment préparée à entendre tout un tas de choses, mais elle allait sans doute tomber de haut quand elle apprendrait la vérité. Mais pour le moment, elle se devait de mettre son amie en confiance, de la mettre à l’aise, parce qu’apparemment, elle ne se sentait pas tout à fait à son aise. Savannah fut surprise qu’elle la serre deux fois dans ses bras, Alison n’avait jamais été particulièrement démonstrative mais ça lui faisait plaisir à elle. Quand elle entendit sa réponse, elle se recula et la regarda dans les yeux en lui répondant :

Bien sûr que c’est important, pour moi ça l’est.

Savannah sentait que quelque chose n’allait pas, mais elle ne voulait pas brusquer son amie, surtout pas lui donner envie de filer, alors elle devait y aller doucement. D’abord en lui proposant une boisson, et Alison accepta tout de suite en lui demandant un café. Savannah se rendit rapidement en cuisine pour préparer ça, et elle revint quelques instants plus tard avec les deux boissons, un thé pour elle et un café pour son amie de longue date. Elle commença doucement en lui demandant comment elle allait, ce qu’il y avait de neuf, et la réponse d’Alison l’inquiéta légèrement. Mais que pouvait-il lui être arrivé dans la vie pour qu’elle soit aussi malheureuse et triste ?

Hé, calme-toi. Tout va bien, je ne t’en veux pas.

Elle lui lança un sourire réconfortant, puis se rapprocha d’elle et serra son poignet dans sa main en le caressant doucement, comme pour la rassurer et lui faire comprendre qu’elle n’était pas toute seule.

Est-ce que tu veux m’en parler maintenant ? Je ne te force à rien, prends le temps qu’il te faudra.

Savannah était quelqu’un de rassurant, et elle était persuadée que rien ne pourrait la choquer venant de son amie.

Spoiler:

Alison n’allait pas si bien qu’elle essayait de le faire croire. En réalité, elle n’allait pas bien du tout. Elle avait honte de la femme qu’elle était, qu’elle avait été, honte d’avoir été prise au piège, honteuse. Elle avait peur. De tout. De la vie. De ses proches. De la réalité. Sa sortie de prison n’était pas facile mais son retour à Toronto l’était encore moins, c’était même le pire. Ses parents ne l’acceptaient plus, et ses soeurs peinaient à l’accueillir à bras grands-ouverts. Il y avait celles qui acceptaient qu’elle ait pu faire des erreurs, et les autres qui avaient plus de mal. Pour autant, Alison se sentait entourée dans sa famille, avec ses soeurs. Mais aussi terriblement seule. C’est tout naturellement qu’elle était venue rendre visite à Savannah, sa plus vieille amie, sa meilleure amie même pour essayer de s’excuser, de s’expliquer et de retrouver un semblant d’amitié normal. Mais elle n’allait pas bien, mais cela n’avait pas d’importance. Les mots de son amie lui offrent un sourire, mais Alison ne tarde pas plus longtemps avant d’essayer d’expliquer ce qu’il se passe. Ce qu’il s’est passé. Elle s’excuse, elle ne fait que ça. Alison tremble, ce n’est vraiment pas facile et les larmes ne tardent pas à couler sur ses joues. Elle ne savait pas par où commencer, et même si la brune affirmait qu’elle ne lui en voulait pas, Alison en doutait. Elle n’était pas encore au courant de ses histoires illégales et plus vite elle allait savoir, plus vite l’ancienne escorte risquerait de se retrouver à la porte. L’hôtesse de l’air était bienveillante et cela fit chaud au coeur d’Ali. Elle essayait de la rassurer doucement, lui disait qu’elle avait du temps pour en parler. Mais c’était aujourd’hui qu’il fallait tout dévoiler. C’était important. Aujourd’hui, et pas un autre jour. « Si, si, tu as suffisamment attendu. » Deux longues années pendant lesquelles Alison n’avait donné aucune nouvelle à Savannah. Et 10 ans qu’elle lui mentait sur sa profession. Savannah allait être surprise, Ali le savait. Elle n’avait rien d’une escorte, elle était ambitieuse à l’époque, elle-même ne savait pas comment elle avait pu se retrouver dans une galère pareille. L’amour, sans doute. Bien qu’elle n’était pas amoureuse de Jane au départ. Ou bien, le besoin d’indépendance. Finalement, elle n’en savait rien. « J’ai fait de la merde Savie. De la belle merde et… et j’ai été arrêté. J’étais enceinte. J’étais amoureuse, mais pas du père, c’était un ami j’étais… Et elle est morte, elle est morte Savannah, elle est morte… » Les larmes continuent de couler le long des joues de la blonde qui a bien du mal à peser ses mots, ça part dans tous les sens, cela n’a plus aucune logique. C’est déjà trop dit, Savie n’a pas besoin de savoir les détails. Ou du moins, Ali n’a pas vraiment envie de les donner, elle n’a pas le courage, elle a beaucoup trop honte. Alors qu’elle pleure, elle dépose sa tasse de café sur la table basse avant de prendre sa tête dans ses mains pour essayer de se calmer. Ce moment est bien trop douloureux. Elle a l’impression de revivre le même cauchemar, une nouvelle fois. Elle a beau se pincer, tout est bien réel. Elle a été escorte. Elle a été associée d’un réseau. Elle a été maîtresse d’un homme marié. Elle a brisé un mariage par sa grossesse. Elle a été amoureuse d’une femme. Amoureuse d’une criminelle assassinée. Et la vérité est bien trop difficile à affirmer.

@Savannah Montgomery

Savannah se rendait bien compte qu’Alison allait mal. Elle ne savait pas trop comment s’y prendre avec elle, elle ne voulait pas lui donner l’impression de la presser, même si inéluctablement, elle avait envie de connaitre toute la vérité maintenant. Mais il était impensable pour elle de donner l’impression à Ali qu’elle la forçait à lui dire la vérité, à lui raconter son histoire. Deux années qu’elle était restée sans lui parler, sans lui donner de nouvelles, Savannah avait simplement cru qu’elle avait refait sa vie ailleurs, peut-être dans un autre pays, et connaissait la nature joviale et sociale d’Ali, elle devait avoir fondé un foyer, quelque part, et elle ne lui en voulait pas, elle ne lui en avait jamais voulu, elle savait qu’elle devait être heureuse quelque part. Mais aujourd’hui, la vérité la frappait de plein fouet : elle n’était pas heureuse, elle ne l’avait pas été depuis longtemps, ça se voyait sur son visage et ses traits tirés. Alors Savannah fit un effort pour ne pas la brusquer. Elle attendit que les mots sortent comme un flot incontrôlable, des mots qui semblaient la libérer petit à petit, mais qui semblaient aussi lui faire horriblement mal, comme autant de coups de poignards plantés dans le cœur.
Savannah laissa sa boisson sur la table du salon pour s’approcher d’Alison, elle attendit la fin de son discours avant de doucement s’approcher d’elle en s’asseyant à ses côtés, et elle l’entoura de ses bras, la serra d’abord doucement avant de s’approcher un peu plus. Elle la prit franchement dans ses bras, déposa un baiser sur le sommet de sa tête puis lui dit calmement :

Calme-toi. Tout va bien, tu es ici, tu es avec moi. Calme-toi.

Elle n’avait rien compris à son récit, elle lui parlait de prison, d’un enfant, d’une personne morte, mais elle était incapable de savoir si c’était son enfant, une fille donc, qui était morte ou si c’était quelqu’un d’autre. Les sanglots jaillirent de la gorge de son amie, incontrôlables, et alors qu’elle se prenait la tête entre les mains, Savannah essayait toujours de comprendre. Finalement, elle reprit la parole, de manière calme et posée, et passait une main dans les cheveux d’Alison avant de lui demander :

Dis-moi, qui est morte ? Est-ce que c’est ta fille Ali ? Prends ton temps, calme-toi je suis là.

Un bref instant, Savannah se leva pour aller prendre une boite de mouchoirs en papier qui trainait sur un meuble du salon, avant de la déposer à côté d’Alison, sur le divan. Savie voulait qu’elle se sente bien, et s’il fallait qu’elle reste avec elle ici ce soir, Savie ferait dormir Alison dans sa chambre. Les colocataires n’y verraient aucun inconvénient, il n’était pas rare qu’eux-mêmes invitent des gens à dormir ici. Mais elle avait envie de connaitre le fin mot de cette histoire la brune, elle avait envie que son amie se sente mieux, en sécurité, parce qu’elle semblait cruellement manquer de cette sécurité nécessaire à chacun.